L’année précédente, le créationnisme et l’« Intelligent Design » sont apparus plusieurs fois dans l’actualité. L’« Intelligent Design » est une version subtile du créationnisme (le créationnisme est une théorie selon laquelle le monde et l’homme ont été créés par Dieu) : la tentative de rester en accord avec un certain nombre de « connaissances » scientifiques difficiles à nier, telles que les estimations de l’âge du monde et de l’espèce humaine, tout en se distanciant des théories scientifiques qui tentent de donner une vue sur l’évolution du monde et des vivants, comme par exemple la théorie de l’évolution de Darwin qu’elle juge insuffisante.
Pour expliquer l’existence de la vie, elle va utiliser l’image d’un « dessin » (la vie), qui ne peut être fait que par un « dessinateur » (un Dieu). En Amérique, des représentants républicains tentent de faire reconnaître l’Intelligent Design comme une théorie « scientifique » et de l’introduire dans l’enseignement – par conséquent, de jouer avec la séparation entre l’Eglise et l’Etat. Bush se disait également en faveur d’une telle position. Et plus près de nous, en Hollande, la ministre de l’enseignement ( ! ) Marie van der Hoeve a fait une proposition allant dans ce sens.
L’Intelligent Design, en tant que théorie, doit être réfutée par le matérialisme en tant que philosophie – la seule philosophie qui intègre l’idée que le monde et la vie peuvent être expliqués à partir du monde lui-même, en commençant par la nature, ce qui est la base théorique de tout exercice scientifique. L’Intelligent Design se présente comme une nouvelle forme d’idéalisme philosophique, quand il prône que l’évolution de l’espèce et de la nature peuvent seulement être expliquées par un « plan », un « dessin » surnaturel et surhumain.
S’ils parvenaient à faire reconnaître l’« Intelligent Design » comme une théorie scientifique, on pourrait, selon la même logique, utiliser des arguments théologiques en sociologie – arguments soi-disant aussi valables que d’autres arguments basés sur une analyse concrète de la société. Cela n’étonnera personne si nous ajoutons que de telles positions philosophiques, mises en avant par des politiciens bourgeois, se basent rarement sur des fondements rationnels. C’est au contraire un signe de l’incapacité et de l’affaiblissement du système, qui incitent une partie de l’élite politique capitaliste à quitter ses théories libérales traditionnelles au profit des idées religieuses. Les clichés comme « la concurrence capitaliste amène la prospérité pour tous », comme « tout le monde démarre avec les mêmes chances » ou encore comme « la loi du plus fort est toujours la meilleure» ont perdu leur crédit. C’est pourquoi quelques politiciens se tournent vers la religion pour maintenir leur autorité, tout comme ils se tournent aussi vers le nationalisme ou le racisme. Il est d’ailleurs révélateur de voir George Bush – président d’une république séculière et défenseur de l’« Intelligent Design » – sans cesse se référer à Dieu pour vendre sa politique de guerre !
Le mouvement ouvrier ne doit pas se laisser manipuler : au contraire de la bourgeoisie parasitaire, les travailleurs n’ont aucun intérêt à croire en un Dieu qui se tiendrait toujours au côté du président américain, et n’ont guère plus d’intérêt à entrer dans des jeux sectaires qui divisent la classe ouvrière sur base de différences religieuses. L’analyse scientifique du capitalisme, telle que celle de Marx et d’Engels – et confirmée chaque jour par les luttes sociales – montre, au contraire, que le mouvement ouvrier est uni, par delà les frontières nationales, par ses intérêts de classe contre les capitalistes et leurs politiciens. En aucune façon, cette union concrète ne devrait être mystifiée par des images religieuses.
Article par SIMON