« Si l’économie et les relations mondiales sont dominées par les développements sociaux et économiques dramatiques en Chine, alors pour l’Asie le pas et l’ampleur de ces développements sont encore plus significatifs. » Clare Doyle ouvrit la discussion sur les développements en Asie lors de la conférence du Comité Exécutif International du CWI en décembre dernier. Une fois que l’économie chinoise commencera à faiblir, voire à s’effondrer, cela aura des conséquences terribles à l’intérieur de la Chine et à travers toute la région.
Bien que la plupart des économies en Asie sont toujours sujettes à une croissance relativement grande, celle-ci est extrêmement fragile. Tout comme la Chine, ces économies reposent sur une main d’œuvre bon marché, sur de hauts niveaux d’investissement, et sur le commerce, avec les USA aussi bien qu’avec les autres pays asiatiques.
Elles n’ont pas été capables de développer aucun marché interne sérieux pour y écouler leurs marchandises. La course néolibérale mondiale vers les superprofits, conduite à la fois par les capitalistes nationaux et internationaux, n’a mené à aucune amélioration de la capacité de la majorité asiatique frappée par la pauvreté à acheter même les produits vitaux de base. Au contraire, énormément de pays asiatiques ont été ceux où le fossé entre riches et pauvres s’est le plus vite creusé.
Le boom présent, mené par les investissements, pourrait rapidement laisser place à une nouvelle crise asiatique comme celle de 1997, mais à une échelle encore plus grande. La crise de 1997 a été suivie par des mouvements de masse, qui dans certains cas ont pris des proportions révolutionnaires. Un certain nombre de régimes dans la région ont été ébranlés quand la dictature du Général Suharto, en Indonésie, fut défaite. Maintenant, et surtout si l’immense bulle de surproduction chinoise devait éclater, ou si des luttes de classe majeures devaient commencer dans ce pays, nous pourrions nous attendre à des convulsions révolutionnaires encore plus grandes qui se répercuteront sur toute la région.
L’Asie est toujours le foyer d’un grand nombre de régimes qui emploient des méthodes dictatoriales pour maintenir leur prise sur le pouvoir. Certains, incluant la Chine, interdisent même les droits démocratiques les plus basiques à leurs citoyens. 60 prisonniers en Chine ont été arrêtés pour « offenses par internet ». La Chine est 159è sur 167 dans le classement de liberté de la presse qui a été établi par « Reporters sans frontières ». Les demandes pour les droits élémentaires peuvent, dans des circonstances telles que celles qui existent sous les dictatures asiatiques, devenir révolutionnaires par elles-mêmes.
Des manifestations de rue, des grèves générales, ont été aperçues à travers toute la région – de l’Indonésie et des Philippines, avec des protestations massives contre le décollage des prix du carburant et de la nourriture, jusqu’à l’Inde et à la Corée du Sud, où des millions de travailleurs sont partis en grève contre les privatisations et la dérégulation.
Hong Kong a accueilli un quart de million de manifestants dans ses rues le 4 décembre, qui demandaient le droit élémentaire au suffrage universel, et a été chamboulé par des manifestations anti-OMC dans la semaine qui a suivi. Aucune des grandes puissances mondiales n’était optimiste quant aux discussions qui n’ont pas abouti à quoi que ce soit pour aucune d’entre elles. Comme il a été suggéré lors de la discussion, peu d’élites asiatiques anticipent l’avenir avec confiance.
Ces perspectives soulignent l’urgence de la construction de nouveaux partis des travailleurs de masse, et de cadres révolutionnaires forts dans la région.
La Chine
Le CWI a, depuis un certain temps, été enclin à mieux comprendre les processus qui se déroulent en Chine, et en particulier les attentes et l’attitude de sa population. Dans la rapide industrialisation et transition vers les relations capitalistes de marché qui a terriblement accéléré lors des dernières années, la grande majorité de la population a été laissée de côté. Il y a plus de pauvres absolus en Chine qu’en Inde. Des 248 millions de foyers ruraux, 200 millions dépendent de parcelles de terre d’une taille moyenne de 0.65 hectares ! D’un autre côté, la plus grande classe ouvrière du monde a été créée.
Mais, en dépit de l’étiquette « communiste » officielle de l’élite dirigeante en Chine, ainsi que Laurence Coates, de Suède, a fait remarquer, aucune protection légale n’existe pour 60% des lieux de travail. « Ceci est la plus grande force de travail non-syndiquée du monde », où l’on parle d’un syndicat en tant qu’authentique organisation des travailleurs, indépendante de l’Etat. Et pourtant, « il y a 160 grèves ou manifestations chaque jour, et de 90 à 120 manifestations dans les zones rurales ». Et comme le montra PerAke Westlund, ceci signifie qu’il y en a maintenant plus dans les villes qu’à la campagne.
Néanmoins, les fermiers et leurs familles sont constamment impliqués dans des conflits brutaux avec les forces de l’Etat quand ils mènent bataille contre les expropriations du gouvernement ou des investisseurs privés. Depuis 1992, une région de la taille de l’Italie a été illégalement saisie par des privés. Il y a une résistance opiniâtre contre le bulldozing des maisons entrepris afin de faire de la place pour les sites de construction des Jeux Olympiques, et une bataille particulièrement tragique fut le blocage durant trois semaines d’une grand’ route à Chonging, une ville de 30 millions d’habitants ( avant la fin de notre Conférence, des rapports nous sont parvenus, faisant état d’un des pires massacres de civils depuis celui de la place Tiananmen, au village de Dongzhou dans la province de Guangdong ).
La catastrophe de Harbin a éveillé la colère et l’indignation de 9 millions de personnes dans la région à qui on avait menti. Des souvenirs de la manière dont a été étouffée l’affaire de l’épidémie de SARS, et les craintes d’une grippe aviaire pourraient se raviver et se développer sans avertissement officiel. La rancœur vis-à-vis des désastres de ce genre, ou de ceux vécus dans l’industrie minière – où 10 000 travailleurs meurent chaque année – s’accumule. Les suicides touchent un quart de million de fermiers pauvres chaque année. Combien de temps faudra-t-il avant que ce niveau de frustration et de colère prenne la forme de luttes – d’abord régionales, puis nationales – comparables à celles de la fin du 19è siècle et du début du 20è siècle en Russie ? demanda Clare.
Les membres du Parti Communiste Chinois ( PCC ) vont avoir de plus en plus difficile à étouffer les informations au sujet de ces calamités et, le pire pour eux, au sujet de la corruption et de la mauvaise gestion de leurs propres dirigeants nationaux et locaux. Même en gonflant le nationalisme en guise de diversion, ils pourraient susciter des mouvements de protestation qui pourraient se retourner contre eux-mêmes.
En s’accrochant à l’image de Mao et en prêchant toujours la parole « marxiste », tout en poursuivant le tournant vers des relations capitalistes complètes dans la production, le PCC tient une épée à double tranchant. Il y a d’office des sentiments profondément ancrés en faveur de la justice, de l’égalité, de la propriété et de l’entreprise collectives dans la majorité de la population. Etant donné que l’« expérience » d’une ouverture vers le capitalisme a commencé en Chine il y a plus de 30 ans, les illusions qu’il peut bénéficier à la population doivent s’être réduites à peau de chagrin.
En tentant d’éviter la « thérapie de choc » de la transition directe vers le capitalisme qui accompagna la chute de l’Union Soviétique, le PCC accumule ce qui deviendra une explosion gigantesque quand les choses iront mal pour eux. Au sujet de ce qu’ils feront le jour où l’économie chinoise se prendra un mur, le débat est toujours ouvert, mais il serait douteux que la clique dirigeante actuelle échappe à l’orage. Lors d’une crise, certaines mesures de renationalisation pourraient être introduites, mais un retour complet à la propriété étatique et à la planification centralisée de jadis n’est pas sur l’agenda.
En commentant certains points qui avaient été relevés au cours de la discussion sur la Chine, Peter Taaffe, de Grande-Bretagne, fit remarquer que pour le moment, il ne faisait aucun doute que cette économie au turbo allait toujours de l’avant. Il mentionna la difficulté à se reposer sur les statistiques officielles en provenance du régime (et depuis la fin de la Conférence, les derniers chiffres ont été révisé jusqu’à plus 20% !). Mais Peter sentait aussi qu’il n’y avait guère besoin d’être trop pressé pour pouvoir caractériser la nature actuelle de la société chinoise. PerAke de Suède cita un rapport de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique) qui disait que la Chine a terminé sa transition d’une « économie planifiée centralisée » vers une « économie de marché libre », mais exprima son accord quant à l’importance de toujours réévaluer la situation concrète. La futur proche contient de grands défis pour le CWI en terme d’analyse et en terme de construction d’un soutien pour les idées et traditions du trotskysme.
Une période tumultueuse s’ouvre sans aucun doute en Chine, dans laquelle le développement de syndicats indépendants et d’une direction révolutionnaire de la classe ouvrière seront cruciaux. Il est nécessaire d’avoir un programme qui appelle à la lutte dans les secteurs publics contre les privatisations, pour un vrai contrôle des travailleurs, au moyen de la démocratie ouvrière, dans les secteurs publics, pour la renationalisation, et pour un gouvernement ouvrier qui établirait des droits démocratiques pour tous. Mais un tel programme doit être élaboré et développé à travers le dialogue et l’implication des travailleurs en lutte à l’intérieur de ce vaste pays lui-même.
En guise de note de bas de page à ses commentaires, Clare mentionna le retournement de veste récent du grand gourou Den Xiaoping – l’homme qui a fourni la base idéologique qui décrivait le capitalisme en tant que premier stade du communisme. Apparemment, il serait maintenant en train de dire que l’économie de marché occidentale devrait être bannie des universités, et qu’on devrait y réinstaurer l’économie marxiste !
La région
Le reste de la discussion lors de cette session lors de cette session a été surtout concentré sur les développements au sein des pays principaux où le CWI possède des forces, mais l’on fit mention d’un ou deux autres développements significatifs dans la région. Le nouveau parti des travailleurs en Corée du Sud, par exemple, le Parti Démocratique du Travail Coréen ( PDTC ), qui comptait 10 parlementaires et 60 000 membres, était en train de subir un important revers. Un scandale de corruption a mené à la démission de la direction entière de la fédération syndicale indépendante qui l’avait fondé – la CSC, Confédération Syndicale Coréenne. Une importante élection partielle en Ulsan a été perdue par le parti, et la CSC elle-même éprouvait des difficultés à mobiliser les lourds bataillons dans l’industrie d’ingénierie pour ses campagnes contre les intérims et les contrats à durée déterminée.
A travers la région, les prix du carburant croissants et le retrait des subsides ont mené à de grands mouvements de protestation. Il est possible que les plus fréquents et les plus larges de ces mouvements dans la période récente se soient déroulés en Indonésie. Sous couvert de la lutte contre le terrorisme, des mesures de répression ont été introduites, qui ramenèrent à la surface des souvenirs du régime dictatorial de Suharto.
Un agréable effet secondaire dû à la pression exercée par l’impérialisme américain dans la région, depuis le 11 septembre et après le désastre du tsunami, a été le pas en avant vers la « résolution des conflits » – en Aceh, Indonésie, au Cachemire, et au Sri Lanka. Mais, sur base du capitalisme, ni une solution finale ni une authentique coopération interethnique ne peuvent être garanties. Ces processus vont connaître des progrès – démilitarisation, démobilisation, négociations – puis de nouvelles explosions de conflit.
Peter Taaffe montra, par analogie avec ces processus, la nature de va-et-vient de la lutte pour un accord en Afrique du Sud lors des années 90-94. La bourgeoisie voulait un arrangement, mais le pays était en état de quasi guerre civile avant que le suffrage universel ne soit établi. Il utilisa aussi l’exemple de ce que De Gaulle avait réalisé dans les années 50 en France, en guise de perspective quant à ce que pourrait faire le nouveau président sri lankais. Mahinda Rajapakse a été élu sur une base de non-réconciliation avec les combattants de la « libération », les Tigres tamouls. Alors que De Gaulle avait été élu avec le slogan anti-indépendance d’« Algérie française ». De la même manière que, pour éviter une longue et dommageable guerre, De Gaulle se décida à conclure un accord de paix avec le Front de Libération National (FLN), qui accorda l’indépendance au pays, ainsi Rajapakse, sous la pression de l’impérialisme, pourrait être forcé de s’asseoir à la table de négociation avec les TLTE (Tigres de Libération Tamouls d’Eelam), et d’adopter un certain genre de compromis pour éviter une résolution dans la guerre ouverte.
Cette discussion d’une journée sur l’Asie, à la Conférence de l’Exécutif International du CWI, fut particulièrement enrichie par les contributions de participants actifs à la lute des clases dans la région. Ces camarades expérimentés comprennent bien l’importance vitale qui doit être accordée à la recherche de perspectives pour le développement des événements, de sorte à intervenir le plus efficacement possible. C’est seulement de cette manière qu’il est possible de canaliser les énergies de ces partis et groupes qu’ils représentent sur ces activités qui vont renforcer leurs propres aptitudes de combat, et celles des travailleurs et des pauvres de leurs pays. Ce faisant, ils préparent les forces du CWI à prendre l’avantage des opportunités qui s’ouvrent pour la construction et la consolidation des forces du changement socialiste révolutionnaire.
Pakistan
L’arrière-plan de la discussion a été établie par les récents accomplissements majeurs des forces du CWI au Pakistan et au Sri Lanka – en réponse aux deux grands désastres « naturels » des douze derniers mois, et lors des dernières grèves et élections importantes.
La réputation du SMP (Mouvement Socialiste Pakistanais) et de la campagne pour les droits syndicaux (Trade Union Right Campaign Pakistan, TURC-P) a grandi à pas de géant lors de la lutte de 65 000 travailleurs contre la privatisation des télécommunications – la plus grande grève du secteur public depuis 30 ans – et, plus récemment, durant la magnifique mobilisation d’aide pratique et politique qui a eu lieu après la destruction massive du tremblement de terre en Octobre.
Treize camarades et sympathisants du PSM ont été élus en tant que conseillers locaux au cours des élections presque démocratiques organisées par le Général Mousharaf. Ils sont maintenant capables d’utiliser ces positions pour aider les travailleurs de bon nombre d’entreprises à s’organiser (seuls 3% des 11 millions de travailleurs pakistanais sont syndiqués, ce travail est donc crucial dans la région). « Le Pakistan est une nation piégée entre une mosquée et une garnison », déclara Khalid Batti en guise d’introduction à sa contribution. Sous Mousharaf, les militaires ont consolidé leur domination. Ils possèdent en tout un capital de 13 milliards de dollars, ce qui représente 24% du PNB. L’armée pakistanaise est maintenant le plus grand propriétaire terrien du pays, possédant au moins 18 millions d’hectares de terre. Elle est devenue, économiquement, l’aile dominante de la classe dirigeante, et a constamment colporté l’idée que l’armée est la seule force à qui l’on peut faire confiance. Depuis le tremblement de terre, il y a eu un changement terrible dans l’attitude de la population. Une haine de mase a explosé contre l’armée. En dépit de tout son armement nucléaire, elle n’a pu trouver que 26 hélicoptères à sa disposition, et a pris 5 jours pour atteindre les zones affectées et commencer son travail de secouriste, alors que les maisons, hôpitaux et écoles de millions de personnes s’étaient effondrés autour d’eux.
Maintenant, la situation s’est changée en son contraire. Ces jours-ci, insulter les militaires passe pour une expression d’amour pour son pays ! Un sondage récent a montré que 78% de la population ne fait plus confiance à l’armée, que seuls 11% se fient à la police, et que seuls 3% croient en la justice des tribunaux. « 99% des gens détestent les Américains – la classe dirigeante américaine, bien sûr. Surtout pour ce qu’ils sont occupés à faire en Afghanistan », dit Khalid. « 90% de la population souhaite une révolution violente… ils veulent pendre les riches. » Tel est le niveau de pauvreté – 63% vivent sous le seuil de pauvreté, et les salaires ont chuté de 35% l’an passé. La CIA maintenant reconnaît le Pakistan comme un « grand danger pour la stabilité en Asie ».
Mousharaf s’est trouvé sans aucune base sociale, et a tenté (sans succès apparemment, depuis notre Conférence) de former des alliances avec de vieux adversaires tels que l’ancien Premier Ministre, Nawaz Sharif, qu’il a évincé par son coup d’état militaire, ou tels que Benazir Bhutto du PPP (Parti Populaire Pakistanais). Mousharaf recherchait le soutien de Bhutto, en particulier pour arriver à une sorte de compromis avec l’Inde au sujet du Cachemire. Sous la pression énorme de l’impérialisme américain, il semblerait qu’une période de normalisation des relations peut être à l »ordre du jour, avec peut-être l’établissement d’une zone démilitarisée au Cachemire.
Comme Khalid l’expliqua, Benazir instaurerait en général le même genre de programme que Mousharaf, y compris en ce qui concerne sa politique économique. Elle accomplirait encore plus de réformes, et n’annulerait aucune privatisation. Elle se vante aussi d’être capable d’« écraser les fondamentalistes de manière plus efficace ».
En fait, les groupes musulmans fondamentalistes de droite ont déjà subi des pertes considérables de soutien au cours de la dernière période. Seul le tremblement de terre et l’inaction criminelle du gouvernement leur a donné une chance de récupérer un peu.
A la fin de sa contribution, Khalid cita le fait qu’une grosse vague de hausse du fondamentalisme approche au Bengladesh proche. Jusqu’ici, la « société la plus séculière » de la région, ce pays a connu 700 attaques à la bombes massives lors des quatre derniers mois. L’arrivée d’une franche dictature militaire n’est pas exclue, et le gouvernement américain la soutiendrait. Ainsi que l’a montré la manifestation de masse qui a parcouru le Bangladesh en protestation à une journée de bombardements en août, « la classe ouvrière est la seule force capable de mettre un frein à cette recrudescence de barbarie », et le Bangladesh est un pays dans lequel le CWI doit commencer à construire une base.
Durant la discussion, Peter Taaffe, qui visita le Pakistan cette année, mentionna le fait que le sentiment prérévolutionnaire se développe à l’intérieur du pays battu par la misère. Il nous rappela aussi d’une discussion importante au sein du CWI quant à la nature de l’Islam politique. Il avait été déclaré qu’en Orient, les formes modérées du fondamentalisme islamique étaient d’une variété assez douce, mais qu’en fait, on a assisté depuis lors à la croissance de formes particulièrement virulentes de « jihadisme ». Il fit remarquer aussi que certaines des plus grandes organisations musulmanes populaires peuvent s’avérer être un grand, voire très grand obstacle, au développement des idées et des partis socialistes.
Sri Lanka
Les camarades de l’USP (United Socialist Party, CWI) au Sri Lanka ont joué un rôle vital au sein de la lutte des pauvres de l’île pour la survie et la justice après le passage du tsunami. Le secrétaire du parti, Siritunga Jayasuriya, déclara lors de la Conférence du Comité Exécutif International que « Avec l’aide des camarades du CWI, nous fûmes la seule organisation à agir rapidement au Sri Lanka » Si le gouvernement n’avait pas été si lent à agir, il aurait pu sauver les vies de dizaines de milliers de gens, y compris celles des 2000 personnes qui ont péri dans un train lorsque ce dernier a été jeté hors de ses rails par la seconde vague tueuse. « Ils peuvent téléphoner très vite à New York pour sauver leurs actions et leurs parts, mais ne sont pas capables de prendre le cornet quand il s’agit de vies ! » dit-il.
L’USP en 2005 a reçu un petit électorat, comparé à celui des deux principaux partis capitalistes, mais est maintenant le troisième parti du pays. « Sur l’échelle de Richter du mouvement ouvrier », comme Peter Taaffe inclut dans sa contribution, « le vote pour l’USP est extrêmement significatif ».
Siri lui-même a été candidat, et a montré du doigt l’immense publicité qui nous a été faite après les résultats. Un journaliste a dit qu’une véritable bombe a été lancée au milieu des procédures quand Siri a été capable de s’exprimer à la télévision juste après le discours d’introduction de Mahinda Rajapakse. Siri a fait le point sur les conséquences horribles de l’attitude ouvertement communautariste du vainqueur, qui avait polarisé la société sur des bases ethniques. C’est la première fois dans l’histoire que le président a été élu uniquement par la population singhalaise. « Vous avez lâché les chiens, et vous allez avoir du mal à les faire rentrer dans le chenil ! » a-t-il dit, se référant aux forces du JVP (le Front de Libération Populaire) et du JHU (l’organisation des moines bouddhistes), et à la vague de chauvinisme singhalais qu’il a déclenchée.
La minorité opprimée des Tamilophones du Sri Lanka, dit Siri, savent qu’ils n’ont rien à attendre du nouveau président. Et c’était Chandrika Bandaranaike – la chef de son parti (le Parti de la Liberté du Sri Lanka) – qui avait remporté la victoire avec 62% des voix quand elle avait dit « Je mettrai un terme à la guerre » durant les élections de ’94. « C’est comme quand j’étais gosse, et que mon père m’amenait au manège. On pense avoir voyagé quelque chose comme 2 miles, mais quand on descend, on est toujours au même endroit ! C’est ce que les Tamils ressentent. »
Plus tard dans la discussion, Mahinda du Sri Lanka nous parla du scandale des 400 000 personnes toujours sans travail après le tsunami, et des dizaines de milliers de familles qui vivent toujours dans des logements temporaires. L’anniversaire du tsunami était proche, mais avec le gouvernement actuel, il n’y aurait aucune réactivation de l’accord connu sous le nom de « P-TOMS » pour la distribution de ressources de survie vers toutes les zones du pays, incluant les parties septentrionales et orientales contrôlées par les TTLTE.
Le JVP pousse à la guerre, et insiste sur le besoin d’un Etat unitaire, sans aucun élément de décentralisation du pouvoir. Depuis les élections, il y a eu beaucoup d’intérêt dans notre parti pour les Tamilophones qui réalisent que l’USP est le seul parti qui les a défendus. Mais nos camarades reçoivent des coups de fils menaçants de gens qui ne désirent pas les voir défendre les droits de la minorité tamile. D’un autre côté, nous avons également reçu des centaines d’appels de félicitations une fois que les résultats électoraux ont été connus.
Beaucoup de ceux qui pensaient que la gauche était écrasée et avaient rompu avec les idées socialistes ont maintenant reconnu que l’USP est la force de gauche principale au Sri Lanka. La parti doit s’approprier de nouvelles sources d’énergie et d’initiative afin de réaliser toutes les ouvertures magnifiques qui s’offrent à lui. L’USP peut devenir une réelle force pour un changement socialiste au Sri Lanka, et agir en tant que balise pour les autres socialistes dans la région, et internationalement.
La Malaysie
Développant en détail des points importants sur la Malaisie, Ravie, du Parti Socialis Malaysia (PSM) parla des grands espoirs de la population malaise en le fait que, quand Abdullah Badawi a pris le poste de Premier Ministre de Mahathir Mohammad il y a de ça deux ans, tout allait changer pour le mieux. Il avait promis de mener une bataille contre la corruption, et pour améliorer les droits démocratiques de façon significative. En fait, à part assurer que l’ancien vice-Premier Ministre de Mahathir, Anwar Ibrahim, soit bien relâché de prison et libre de toute décharge à son nom, Badawi n’a fait que régler leur compte à quelques petits politiciens et hommes d’affaires corrompus, sans toucher aux « gros requins » qui constituent le vrai problème. Il a promulgué une version progressive et « politiquement correcte » de l’Islam afin de contrecarrer l’opposition du Parti Islamique (PAS), ainsi que des valeurs et traditions du « premier-monde » pour remplacer celles du « tiers-monde »
Badawi et le gouvernement de Front National ont maintenu, et même renforcé, l’agenda pro-capitaliste de Mahathir. La brutalité policière et la corruption à chaque niveau du gouvernement sont devenues de plus en plus courantes. La destruction environnementale, telle que le problème du brouillard de pollution, est devenue encore pire. De la main d’œuvre étrangère illégale est renvoyé chez elle par la force. Les droits des travailleurs et de leurs syndicats sont sous attaque, et de nouvelles tentatives de privatisation des soins de santé, de l’éducation et des produits de base tels que l’eau courante sont opérées. La TVA qui sera appliquée dès 2007 va se matérialiser par plus de taxes pour les consommateurs, pour accroître les profits des capitalistes.
La Malaysie est à présent le pays avec la plus grande disparité entre riches et pauvres en Asie du Sud-Est. Le parti au pouvoir en Malaysie – l’Organisation Nationale des Malais Unie (ONMU) – est parvenu à maintenir son emprise totalitaire sur le pouvoir depuis 48 ans depuis l’indépendance. C’est le parti dominant en Malaysie dans le BN, ou Front National, avec différents autres petits partis raciaux (Chinois, Indiens, et autres). Il a pu s’accrocher au pouvoir politique pendant 48 ans car il a correctement utilisé la règle du « diviser pour régner » qui lui ont été apprises par le Colonialisme Britannique. La « Nouvelle Politique Economique », et d’autres mesures, a été conçue au départ pour alléger la pauvreté des Malais, mais a été utilisée à la place pour créer des magnats malais qui seraient en mesure de concurrencer les hommes d’affaires chinois ! Les compagnies d’Etat, qui ne représentent que 5% des firmes cotées sur les bourses Malaises, mais qui valent 36% de sa capitalisation sur le marché, sont en crise. La rhétorique nationaliste employée pour justifier l’établissement d’entreprises étatiques semble maintenant être passé en-dehors de la mode. Une part de 5% des Telekom a été vendue à un partenaire singapourien. « C’est un Américain qui dirige maintenant la fonderie de micro-puces de SilTerra, et c’est un Hollandais qui gère les trains de navetteurs à Kuala Lumpur ». Volkswagen pourrait acheter une partie de proton, la fabrique de voitures nationale, qui est entrée en lutte, tout comme d’autres entreprises d’Etat, telles que Malaysian Airlines, ou la Banque Islamique.
Face aux emplois qui se font aspirer vers la Chine, Ravie expliqua que le gouvernement Malaisien a tenté d’attirer de nouveaux investissements étrangers, en mettant en œuvre de nouvelles lois du travail qui devraient permettre de maximiser la flexibilité et de minimiser le coût de la main d’œuvre, notamment grâce à la réduction des droits syndicaux.
Seuls 8% des travailleurs sont membres en Malaisie du Congrès Malais des Syndicats (Malaysia Trade Union Congress – MTUC) qui, malgré l’élection de quelques leaders « radicaux », semble totalement passif, et désoriente les militants de base. Le MTUC est unique en tant qu’organisation multiraciale, multi-religieuse et plurilingue, avec la capacité de devenir une organisation trsè puissante de la classe ouvrière, comme dans les années 40 et 50. Mais à présent, il n’y a aucune organisation pour secouer le MTUC afin qu’il représente réellement les travailleurs.
Ravie expliqua comment le gouvernement malais a constamment utilisé l’Internal Security Act et d’autres lois de détention préventive contre les travailleurs, les syndicalistes, les étudiants, les activistes, les partis d’opposition et les medias qui critiquent le gouvernement et défendent les droits démocratiques. Il fit un exposé de la plupart des forces d’opposition, et des perspectives pour la bourgeoisie malaisienne d’utiliser Angwar Ibrahim afin de protéger leur système contre une opposition croissante.
Il y a un vide énorme au sein de la gauche malaisienne, dit-il. Tout comme Clare l’avait indiqué dans son introduction, le PSM est le seul parti politique de Malaisie qui a soutenu les luttes de la classe ouvrière et des pauvres contre la brutalité du capitalisme. Les régimes stalinistes et maoïstes avec leurs « socialisme » et « marxisme » déformés ont été un obstacle dans le passé pour le développement d’une véritable direction à la classe ouvrière, et bloqué beaucoup de lutte des travailleurs dans différents pays, mais l’internationalisme socialiste était vital pour tirer de ces expériences toutes les conclusions nécessaires.
L’Inde
L’existence persistante de grands partis « communistes » en Inde complique encore aujourd’hui la tâche des marxistes. Non seulement ces partis déforment complètement les idées du marxisme, mais à travers leur taille, rendent difficile la mise en avant de l’idée d’un nouveau parti des travailleurs. Les deux partis « communistes » – le CPI (Parti Communiste Indien) et le CPI(M) (Parti Communiste Indien (Marxiste))- soutiennent de l’extérieur le gouvernement de Front Démocratique. Il paraîtrait que celui-ci empêche la poursuite des privatisations et des autres mesures de dérégulation. La forte grève générale de 50 millions de travailleurs le 29 septembre, contre les mesures néolibérales du gouvernement, a montré leur capacité à mobiliser de larges couches de travailleurs, même sans faire d’efforts. Avec des élections prévues au Kerala et au Bengale Occidental, où le CPM contrôle le gouvernement régional, leur image de « gauche » doit être maintenue.
Mais, en fait, ces administrations montrent bien jusqu’à quel point ils ont abandonné les idées de la lutte pour le socialisme. La devise de Buddhadeb Bhattachariee (ou « Bouddha »), la tête du gouvernement basé à Calcutta, est « la réforme ou la mort » ! Il est célèbre pour encourager les multinationales à se déplacer au Bengale Occidental en leur promettant une main d’œuvre conciliante et en déclarant les grèves illégales, même dans les technologies de l’information, que son gouvernement a désigné comme étant un « service essentiel » ! Clare rappela le scandale des 47 million de dollars des impôts prélevés sur les contribuables (travailleurs) britanniques et qui ont été dépensés par le Département pour le Développement International pour payer les travailleurs au Bengale Occidental et préparer le terrain aux campagnes de privatisations massives du Parti « Communiste ».
Dans sa contribution à la discussion, Jagadish de Socialist Alternative (CWI-Inde) fut emphatique quant au caractère bourgeois des dirigeants du CPI(M) – ils sont plus comme un parti social-démocrate de droite. Au Kerala, qu’il visita récemment, le CP était un des plus gros propriétaires d’entreprises privées !
La partie la plus pénible de son discours fut la comparaison de quelques statistiques au sujet de la réalité des deux « géants » asiatiques – la Chine et l’Inde. La valeur de l’économie chinoise est de 1 266 miliards de dollars, tandis que celle de l’Inde est de 510 milliards. Les Investissements Directs Etrangers, d’une valeur de 4,5 miliards en Inde, valent moins de 10% des IDE en Chine. L’espérance de vie est de 8 ans plus élevée en Chine, et le taux de génération d’électricité y est trois fois plus grand.
« Si l’économie indienne doit décoller, alors elle a besoin de beaucoup d’élan », dit Jagadish, citant Thomas Freidman du New York Times. Même le niveau d’éducation de la nouvelle classe ouvrière en Inde était affectée par l’infrastructure qui existait lors de la période précédente. Comme le commentait Dagga du Nigeria lors de la session précédente, le rapide taux de développement actuel en Chine est lié au développement, pendant des décennies, sous une économie planifiée d’infrastructures de base, d’éducation, etc. Jagadish exposa que, bien que neuf millions d’étudiants soient diplômés en Inde chaque année, seuls 200 000 offres d’emploi leur sont disponibles. Il n’y a pas que les fermiers désespérés qui recourent au suicide pour résoudre leurs problèmes, mais aussi de jeunes gens qualifiés, dont les espoirs en un futur bien rempli s’écrasent sur les rochers de la réalité.
A la question de déterminer la taille de la classe moyenne grandissante en Inde, il est difficile de répondre. Elle n’est certainement pas assez étendue en elle-même que pour mettre en route un niveau de croissance économique sain, étant donné la pauvreté absolue du reste de la population. Au concours des plus grands niveaux de corruption du monde, l’Inde doit être parmi les premiers. Tout en haut de la société, se trouvent les oligarchies monopolistiques tels que les frères Tata et Hinduja, ainsi que divers poids lourds du gouvernement, parmi lesquels la corruption est notoirement monnaie courante. Mais même les fonctionnaires responsables de la distribution des cartes de rationnement parmi les couches les plus pauvres de la société amassent une fortune. Ils sont les récipiendaires de bakchichs petits mais réguliers de la part de ceux qui veulent échanger leurs cartes de rationnement jaunes contre les cartes vertes, de sorte à recevoir un peu plus de subsides qui leur permettront de s’acheter quelques produits vitaux !
« Pour les riches en Inde », dit Jagadish, « la mondialisation est une belle œuvre lyrique ; pour les pauvres et les travailleurs ordinaires, ce n’est qu’une morne tragédie ».
Les autres pays de la région
Au cours de la discussion, les camarades d’Australie, d’Autriche et du Kazakhstan apportèrent d’intéressantes contributions sur les autres développements dans la région. L’Australie est une puissance importante dans l’Asie Pacifique, et tente d’y jouer un rôle impérialiste. Elle a à présent le bénéfice d’un excédent commercial, expliqua Steve Jolly, mais ce qui se passe en Chine ne présage rien de bon pour l’Australie. Les emplois s’envolent. L’insatisfaction vis-à-vis du gouvernement, y compris envers les avancées dans les lois anti-terroristes, est croissante, et une initiative pour un nouveau parti des travailleurs a été rpise au Victoria.
Ayant visité la Malaisie en septembre pour le week-end Socialisme 2005 du PSM, Steve était impatient de pouvoir aller plus loin dans la coopération, la solidarité et les échanges mutuels d’idées ploitiques avec ces camarades. Steve insista sur les leçons à tirer des événements dans la région. Tout en se félicitant de la tendance vers la résolution des conflits, les échecs des gouvernements et des mouvements d’opposition à obtenir des rapports complets sur les tueries atroces perpétrées par l’Armée Indonésienne au Timor Oriental et, maintenant, en Aceh, sont inacceptables.
Au Viêt Nam, ainsi que Sonja Grusch, d’Autriche, nous l’exposa, les deux tiers de la population sont soit au chômage, soit sous-employés. Sonja a récemment visité le pays, et écrit à ce sujet. La moitié de tous ceux qui ont un emploi se trouvent dans le secteur public, bien que ces emplois semblent ne contribuer qu’à 38% de la production du pays. 25% du PNB est maintenant produit à travers l’étranger. La classe capitaliste est très avancée dans son processus de formation. Il va certainement y avoir certaines illusions dans le capitalisme, mais il y a aussi eu d’importantes grèves à Than Pho Ho Chi Minh et ailleurs. Le Viêt Nam est un pays avec de grandes traditions trotskystes, profondément enterrées mais, puisque le capitalisme sera incapable de satsifaire aux besoins basiques de la population, elles vont être remises à jour.
Sergei du Kazakhstan décrivit la situation dans le pays, qui a maintenant sa place parmi les dix plus grands producteurs de pétrole. C’est ce qui se cache derrière l’arrogance du président-dictateur Nazarbayev et de ses sbires. Personne ne fut surpris d’apprendre que Nazarbayev avait à nouveau remporté les toutes dernières élections (en fait 90% des voix ) ! Vu que sa famille contrôle chacune des neuf chaînes de TV du pays.
Le soi-disant « parti communiste » a été incapable de construire la plus infime des oppositions, sans parler de sa capacité à présenter une alternative de classe claire au capitalisme mafieux de Nazarbayev. Il a perdu plus de la moitié de ses voix depuis les 12% qu’il avait reçu lors des élections précédentes. Mais il y a eu d’importantes grèves dans les usines détenues par des étrangers, et des occupations de terres face à la privatisation.
Les camarades du CWI au Kazakhstan, face à d’âpres conditions de répression politique, anticipent sur le fait que, surtout en réponse à l’inflation florissante, il va y avoir un accroissement considérable des luttes de classe à travers le pays. Ceci fournira l’occasion à leurs jeunes camarades de construire un embryon de futur parti des travailleurs des masses.
Conclusions
« Les contributions des camarades lors de cette discussion ont souligné l’accroissement en fréquence et en amplitude de la lutte des classes » dit Kevin Simpson lors de la conclusion de cette session. Elles ont aussi indiqué l’accumulation des connaissances et de la compréhension de cette Internationale, et l’influence grandissante de nos partis et groupes politiques. Il y a une montée de la lutte des classes en Chine, mais apporter une compréhension de la situation concrète et de la conscience des travailleurs est vital afin de construire les forces anticapitalistes et, en particulier, révolutionnaires.
La liberté d’opération de bon nombre de compagnies en Chine, qui appartiennent de manière évidente à des privés ou à des étrangers, est sévèrement restreinte. Si des compagnies étrangères tentent de poursuivre des opérations qui vont à l’encontre des intérêts du PCC au pouvoir, elles sont fermées. Derrière les entreprises « privées » en Chine, se tient une importante présence étatique. S’il devait y avoir un effondrement de l’économie, la réponse du gouvernement chinois ne serait pas une simple répétition de ce que Poutine a fait en Russie, mais il pourrait y avoir un retournement du processus de privatisation. Nous devons aussi être prudents, comme nous le fûmes pour la question de l’Europe Orientale dans les années 80-90, en reconnaissant que la présence d’entreprises dirigées selon les lois du marché n’est pas suffisante en tant que preuve d’un fonctionnement totalement capitaliste d’une société.
Tandis que certaines couches de la société – en Inde et en Chine par exemple – peuvent bénéficier des hauts taux de croissance, d’autres sections sont pris dans une spirale de pénurie – les professueurs, avocats, et autres membres de la classe moyenne. Le conflit principal dans la région, qui détermine la plupart des dénouements dans la région, est la rivalité entre les deux puissances – la Chine et les USA. C’est une lutte pour le prestige, la puissance, les marchés, et les ressources pétrolières.
Mais les couches dirigeantes en Asie elle-même ne sont pas confiantes vis-à-vis du futur. Une source d’instabilité importante en Asie est l’émergence de la lutte des classes. Le développement d’une conscience de classe et de nouvelles formations est d’importance vitale pour le CWI dans l’élaboration de ses stratégies et tactiques. Là où il y a une exploitation de masse des travailleurs, on peut avoir des explosions de colère spontanées, mais il existe toujours un gouffre énorme entre l’avant-garde et la majorité des travailleurs. Ceci a été illustré lors de la grève des PTCL au Pakistan, où beaucoup de travailleurs trouvèrent une « solution » par l’incendie de tous les échangeurs téléphoniques !
Le travail des camarades du CWI dans la région, surtout les tâches onéreuses entreprises dans les zones sinistrées du Pakistan et du Sri Lanka, ont préparé le terrain à une accélération de la croissance de notre Internationale. Kevin insista sur l’importance extrême des expériences précédentes de débats et de prises de décision souvent amers et difficiles, par exemple ceux qui ont eu lieu lors de l’accord Indo-Lankais à la fin des années 80. A la lumière de ceci, ainsi que des leçons de valeur apprises dans la période plus récente, les groupes et partis du CWI en Asie sont bien placés pour se développer en forces trotskystes massives, ou du moins, dans la période la plus immédiate, semi-massives.