Die Linke : un nouveau parti contre le capitalisme ?

Le 16 juin 2007, le PDS (ancien parti stalinien) et le WASG (parti anti-libéral, fondé en 2004) ont fusioné et ont fondé un nouveau parti : Die Linke (La Gauche). Depuis, le nouveau parti connaît une certaine croissance – 4000 nouveaux membres – et il est devenu une certaine référence pour des syndicalistes combatifs et pour de nombreux militants des mouvements sociaux.

Son impact grandissant (entre 10 et 12 % dans les sondages) est principalement dû à sa rhétorique de gauche qui correspond à une conscience de masse contre les politiques capitalistes menées par la grande coalition entre le CDU (équivalent de l’UMP) et le SPD (équivalent du PS). Mais le programme du nouveau parti ne revendique pas le socialisme comme véritable alternative au capitalisme, n’offre pas une orientation claire aux luttes des travailleurs, ne refuse plus la participation aux gouvernements qui appliquent une politique contre les travailleurs et reste donc entièrement dans le cadre du système capitaliste.

Quelles perspectives pour ce nouveau parti ?

     Au sein du nouveau parti deux principaux courants dominent : le premier courant – en grande partie composé des anciens membres du PDS – a pour objectif de participer sans principe ni condition à un maximum de gouvernements régionaux, de gagner un maximum de mairies pour pouvoir entrer plus tard au gouvernement fédéral avec le SPD. Ces dirigeants sont même prêts à former un gouvernement en Saxe (Allemagne de l’Est) avec le parti libéral (le FDP) et ils continuent leur politique anti-ouvrière à Berlin. Le deuxième courant autour de Lafontaine (ancien président du WASG) veut construire un parti de gauche de contestation en ayant un discours beaucoup plus à gauche (Lafontaine : « La liberté par le socialisme ») et en s’appuyant sur les syndicats et les luttes des travailleurs. Mais l’objectif reste finalement le même : participer dans l’avenir proche au gouvernement fédéral avec le SPD après avoir poussé celui-ci plus à gauche.
Néanmoins il y a des discussions vivantes et des positions beaucoup plus à gauche dans les sections régionales et locales en Allemagne de l’Ouest.
En Allemagne de l’Est, le nouveau parti est moins vivant et a nettement moins d’impact chez les travailleurs car il est au gouvernement dans deux régions (Berlin, Poméranie) et à la tête de plusieurs mairies et y mène une politique néolibérale. Le nouveau parti est donc très hétérogène : à l’Ouest il mène des campagnes contre les privatisations et à l’Est il les met en place.
A l’échelle nationale, Die Linke peut s’appuyer sur un rejet massif des politiques capitalistes, des privatisations, de l’intervention de l’armée allemande en Afghanistan et rien que l’existence de ce nouveau parti transforme en partie cette nouvelle conscience de masse en pression politique. Dans ce contexte, le SPD a été obligé d’adopter des positions plus à gauche, de se prononcer contre la privatisation des chemins de fer (Deutsche Bahn) par exemple. Et les Verts se sont prononcés contre l’intervention allemande en Afghanistan.

Pour une opposition socialiste au sein du nouveau parti

     Die Linke va certainement connaître des succès électoraux dans les années à venir vu que c’est le seul parti à gauche crédible aujourd’hui. Mais la participation aux gouvernements à l’échelle nationale et régionale et l’application des politiques capitalistes ensuite va discréditer rapidement ce parti. Même si c’est le développement le plus probable, il y a aujourd’hui un potentiel combatif et anti-capitaliste au sein du nouveau parti et des courants anti-capitalistes et marxistes existent.
L’organisation sœur de la Gauche révolutionnaire, le SAV (Alternative socialiste) fait partie du nouveau parti en Allemagne de l’Ouest, donc là où il s’oppose aux politiques capitalistes et le SAV combat politiquement Die Linke là où il applique une politique contre les travailleurs, comme à Berlin. En collaboration avec d’autres courants et d’autres militants, le SAV veut organiser à l’intérieur et à l’extérieur du nouveau parti une opposition socialiste qui se batte pour un parti des travailleurs de masse avec un programme socialiste. Avec une politique combative et socialiste le parti Die Linke pourrait devenir un véritable parti de masse pour les travailleurs, les jeunes et les chômeurs et pourrait lancer un défi aux capitalistes.

Article par OLAF VAN AKEN

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