Cela fait maintenant presque un an que la LCR a lancé un appel à la création d’un nouveau parti anticapitaliste, après la campagne présidentielle de 2007 où Besancenot a remporté un certain succès. Après l’arrivée au pouvoir de Sarkozy et l’annonce avant même l’été 2007 des premières mesures qui allaient être prises contre les travailleurs et les jeunes, la question d’un nouveau parti pour lutter contre la politique des capitalistes commençait à se poser pour une certaine couche de jeunes et de travailleurs les plus combatifs. Aujourd’hui, où en est le processus, a t-il trouvé écho auprès de cette couche nouvelle ?
Bilan d’étape
Depuis mars, souvent après les élections municipales, des initiatives sont prises dans plusieurs dizaines de villes en France pour créer des comités d’initiative pour un nouveau parti. Ces réunions s’organisent dans la très grande majorité là où la LCR existe et parfois là où des militants isolés ou non organisés souhaitent le faire. Depuis trois mois, les rythmes sont très différents. Certains comités commencent tout juste à se réunir et discutent de la nécessité de construire un nouvel outil (par exemple : est-ce qu’il doit être une force ou un parti ?) Dans d’autres villes, les comités ont déjà lancé des appels locaux pour mobiliser autour de cette question du nouveau parti, et ont parfois participé aux élections municipales.
L’initiative permet pour le moment qu’une partie sympathisante de la LCR, des anciens membres ou des personnes intéressées par la LCR depuis la campagne présidentielle se retrouvent dans des réunions de comités. D’autres organisations politiques comme la Gauche révolutionnaire ou la Fraction de Lutte ouvrière selon les villes sont présentes. La LCR a fait le choix de lancer ces initiatives pour un nouveau parti dans chaque ville à des rythmes différents. Et l’appel du congrès fin janvier 2008 n’a été utilisé que pour inviter aux premières réunions. Ensuite chaque comité a commencé à se réunir, à discuter du fonctionnement, du programme, de la situation politique et économique… Les comités sont souvent intervenus publiquement lors des manifestations du Premier mai parfois avec de premiers tracts élaborés pour cela. Faire aujourd’hui un bilan d’étape plus précis est difficile. Le processus de lancement et d’adresse publique est globalement resté à cette première étape. Dans ce contexte, la coordination des 28 et 29 juin ne pourra être qu’un bilan d’étape, plutôt que le lancement d’une dynamique, surtout juste avant les congés d’été.
Impulser une dynamique nationale
Ce qui selon nous a manqué durant cette année c’est une réelle campagne de lancement de ce nouveau parti à une échelle nationale. Des appels locaux relayant l’adresse du congrès de la LCR auraient pu inviter les jeunes, les travailleurs, les chômeurs, les retraités à participer à cette initiative et à venir discuter au sein des comités et construire ce nouveau parti dans les facs, les entreprises, les quartiers… Sur la base de premières réunions larges permettant de débattre pour définir les premières bases programmatiques et de fonctionnement, cela aurait permis d’intégrer de nouvelles couches à la construction de ce futur parti. Mais aussi de créer un espace de débat qui attire des personnes intéressées mais pas encore prêtes à s’engager. Une activité militante publique des comités, permettrait de démontrer concrètement pourquoi il faut un nouveau parti de lutte, de quel programme est nécessaire et d’élargir la composition des comités au delà des cercles militants d’extrême gauche et des sympathisants de la LCR. Une telle campagne relayée et coordonnée au niveau national, en lien avec l’activité locale, aurait pu déclencher une vraie dynamique de construction. La façon dont ont été lancés ces comités n’a pas permis cela.
Cela aurait été un facteur positif dans les luttes actuelles. Les militants réunis auraient pu discuter de comment les construire, de la politique à défendre dans les syndicatss… En général, le matériel issu des comités s’est contenté d’être des tracts avançant des revendications sociales et la nécessité d’une grève générale sans proposer une tactique pour y parvenir. Pourtant, c’est pour construire une vraie opposition face au gouvernement et aux patrons que ce nouveau parti est nécessaire. Pour cela, dès le début il doit permettre aux jeunes et aux travailleurs de construire leurs luttes et de discuter ensemble d’une stratégie pour les amplifier, ce qui manque cruellement aujourd’hui.
Les initiatives proposées par la LCR ont été faites sans utiliser les moments où la situation politique était plus favorable, et où des jeunes et travailleurs auraient pu chercher comment s’organiser politiquement pour construire leurs luttes.
Pour le moment, l’initiative de la LCR ne permet pas de s’adresser à la couche plus large de jeunes et de travailleurs qui cherchent une alternative. Si les comités d’initiative ne changent pas d’orientation, il y a un risque que le nouveau parti ne se crée pas ou que s’il se crée il ne réponde pas aux nécessités de la situation. Une LCR plus grande numériquement ne répondrait pas au besoin qu’ont les travailleurs d’un outil pour se battre contre les attaques de Sarkozy et des capitalistes. Construire les comités et populariser nationalement la nécessité d’un nouveau parti, avancer la discussion sur l’alternative socialiste nécessaire face au capitalisme, restent les principales tâches pour construire un nouveau parti. D’ici les assises nationales, fin juin et le congrès de fondation, qui aurait lieu après celui de la LCR fin 2008, les débats sur le programme et sur le fonctionnement doivent avoir lieu.
Article par LISE DE LUCA