FILM – CHE : L’Argentin

En commençant directement son premier des deux volets consacrés à la vie du Che là où «Carnets de voyage» l’avait laissée en 2004, Soderbergh nous plonge immédiatement dans l’épopée du Che révolutionnaire.

Il aura fallu attendre quarante années pour la sortie d’un tel film, mais la rage et la colère contre l’exploitation capitaliste qui ont animé le Commandante sont toujours d’actualité, surtout à la lumière de l’actuelle crise économique…

L’histoire du premier volet développe les évènements qui se sont succédés depuis la rencontre entre Fidel Castro et le Che jusqu’à la victoire contre Batista. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le travail de Soderberg n’a pas été bâclé et que ce film est à conseiller, c’est une réussite. Benicio Del Toro est tout simplement grandiose, dans la droite lignée de ses précédents rôles (de premier plan comme dans Las Vegas Parano ou en tant que rôle secondaire comme dans Snatch) qui avaient déjà confirmé sa stature d’acteur de grand talent. Ici, Benicio Del Toro devait parvenir à donner chair à un mythe encore vivant, et force est de constater que l’objectif est atteint.

On pourra toutefois reprocher à Che : L’Argentin de passer souvent fort vite sur certains aspects – particulièrement au niveau du contexte historique – ce qui rend peut-être différents moments difficilement accessibles dès lors que l’on ‘débarque’ dans la vie du Che et l’histoire de la Révolution cubaine. Les raisons qui ont conduit le Che a devenir révolutionnaire ne sont pas non plus abordées (ce film est en fait véritablement à voir comme la suite des Carnets de voyage). A la décharge des scénaristes, il était loin d’être évident de rendre justice au Che dans les limites imposées par le cinéma actuel.

Mais ce ne sont là que de légères critiques vis-à-vis d’un film dans l’ensemble fort remarquable et qui est parvenu – et ce n’était pas chose aisée – à retranscrire souvent avec humour la vie quotidienne de la guerilla tout en donnant une idée de l’homme qui se cache derrière l’image la plus reproduite au monde. Nous attendons avec impatience de voir le deuxième volet, Che : Guerilla qui devra notamment aborder les relations entre Cuba et l’Union Soviétique et les critiques acerbes de Guevara contre la bureaucratie stalinienne.

Si nous avons des critiques à porter contre les méthodes de guerilla et ne portons pas un regard unilatéralement positif sur le Che ou Cuba (pour plus d’informations, voir cet article et plus encore la brochure de Tony Saunois, indisponible en français pour l’instant hélas), nous saluons un film qui présente positivement les idées de la révolution ainsi que celles du socialisme, un film qui relaye honnêtement les critiques toujours correctes du Che contre l’impérialisme et la société capitaliste.

Ce film pourra inspirer bien des gens dans cette période où le capitalisme est en crise et où la recherche d’une alternative à cette société d’exploitation devient une nécessité pour un nombre grandissant de travailleurs et de jeunes. Le meilleur hommage que nous pouvons rendre aujourd’hui au Che, c’est de s’engager dans la voie de la révolution et du socialisme tout en regardant l’expérience de Cuba et du Che afin d’éviter de reproduire les mêmes erreurs.

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