Les événements de ces derniers mois ont descendu en flammes bien des affirmations ! Dès l’éclatement de la crise économique, “l’unité” et “l’action collective”, tant vantées par les gouvernements européens ont été mises de côté et plusieurs gouvernements ont pris des décisions majeures face à la crise du marché en se souciant avant tout de défendre chacun leurs propres intérêts économiques. Ce remue-ménage dans l’UE donne un clair aperçu de ce que sera cette nouvelle période de rivalités nationales intenses qui accompagnera le déclin économique international.
Ce « chacun pour soi » est le résultat des intérêts divergents des différents gouvernements nationaux capitalistes en concurrence. Alors que l’impérialisme et la mondialisation nécessitent une expansion mondiale et des connections financières multiples, la base socio-économique du capitalisme reste l’Etat- nation. Alors que, quand tout va bien, les élites dirigeantes nationales peuvent converger mais, en période de crise et de panique, elle ont tendance à se replier dans leur coin.
L’euro et l’Union Monétaire Européenne, tout comme l’Union Européenne, sont des expériences instables de convergence entre différentes économies nationales différentes, qui ne peuvent être soudées artificiellement. L’Euro a été lancé dans une période où le capitalisme européen surfait au plus haut de la vague économique et voyait l’introduction d’une monnaie commune comme un outil utile. Mais son introduction n’a pas abouti à une convergence des économies de l’Union Monétaire Européenne qui gardent leur caractère national. Par contre, une crise dans l’un des pays membre de l’Union aurait des implications sur la monnaie commune et, comme nous le montrent les événements de la crise actuelle, les Etats les plus forts ne se laissent pas facilement convaincre de venir en aide aux voisins malades…
Comme il semblait inévitable qu’un certain nombre de pays cesseraient de respecter les règles fiscales de l’UE, un assouplissement de la législation a été décidé fin 2008. Mais les derniers mois ont encore accentué les différences de performance entre les économies européennes. Le fait que toutes ces économies sont liées par l’euro a entraîné un impact négatif des économies en difficultés sur les Etats “fiscalement prudents” comme l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas. Dans la période de turbulences économiques à venir, des pays comme l’Italie, la Grèce ou l’Espagne pourraient être obligés de sortir de l’Union Monétaire ou de la zone euro.
Comme nous l’avons expliqué à de nombreuses reprises, les contradictions entre les intérêts des diverses économies nationales ne pourront être surmontées dans le cadre du capitalisme. Ragaillardis par l’effondrement des économies planifiées staliniennes de Russie et d’Europe de l’Est, diverses puissances européennes ont été capables de se réunir et de collaborer afin de créer des conditions favorables à un capitalisme en croissance. L’UE a aussi permis aux patrons européens de se renforcer dans la concurrence avec leurs rivaux américains et chinois. Par contre, pour les millions de travailleurs européens, l’Union Européenne a représenté une union de patrons et d’exploiteurs, unis par la nécessité d’accentuer les attaques contre les travailleurs.
L’Union Européenne joue un rôle crucial dans les attaques néolibérales lancées contre les services publics. Le Traité de Lisbonne, la soi-disant « constitution » européenne qui a été rejetée par les électeurs irlandais en juin 2008 (en attendant de leur être représentée à nouveau cette année) est un appel clair à “l’uniformisation des mesures de libéralisation”. En d’autres termes, une uniformisation du démantèlement du secteur public en Europe et de la vente de services publics vitaux comme les soins de santé et l’enseignement à des spéculateurs avides.
Le rejet du Traité de Lisbonne par les électeurs irlandais en juin 2008 montre aux travailleurs et aux jeunes d’Europe comment l’élite européenne peut être battue. Le Socialist Party (l’organisation-soeur du PSL en Irlande) appellera à nouveau à voter “NON” lorsque le Traité sera soumis une nouvelle fois au vote alors qu’il a déjà été rejeté la fois précédente. Voter NON à un référendum ne suffira pas à sauver les travailleurs européens du chômage, des attaques et des souffrances que causera une période prolongée de récession économique.
Les attaques des patrons et des gouvernements provoqueront une nouvelle vague de radicalisation parmi les travailleurs et les jeunes. L’essor de nouveaux partis des travailleurs “de masse”, à travers toute l’Europe, sera un des éléments les plus importants de ce processus.
La seule alternative viable à la crise capitaliste est une économie socialiste planifiée dans laquelle l’emploi et les conditions de vie ne sont pas tributaires d’une économie de casino capitaliste. Une économie européenne planifiée démocratiquement permettrait de répondre aux besoins de la grande majorité de la population et non à ceux des super-riches et de leurs représentants à l’Union Européenne et dans les gouvernements nationaux. Ce n’est que sur la base d’un pouvoir démocratique des travailleurs sur l’économie et la société que pourra se développer une réelle solidarité entre travailleurs de tous les pays dans des Etats-Unis Socialistes d’Europe.
Résumé d’un article de Danny Byrne