Le programme de transition aujourd’hui – Développer les idées et le programme socialistes

Lors de l’Ecole d’Eté Européenne du Comité pour une Internationale Ouvrière, une commission a été consacrée au thème: «Le programme de transition et son intérêt de nos jours» A l’ouverture de cette commission, Niall Mulholland, du Secrétariat International du CIO, a mentionné le fait que le programme de transition a été écrit dans une période de crise économique profonde, sous la menace d’une guerre interimpérialiste imminente. Beaucoup de ces caractéristiques sont aussi répandues aujourd’hui qu’elles l’étaient en 1938, quand le programme a été écrit en tant que document crucial pour la Conférence de fondation de la Quatrième Internationale. Cette fondation avait été rendue nécessaire par la dégénérescence de l’Internationale Communiste stalinienne.

La principale fonction du programme de transition est d’amener les expériences de la classe des travailleurs à la conclusion de la nécessité de la lutte pour le socialisme. Des réformes peuvent être gagnées par des luttes massives des travailleurs, mais le programme de transition met aussi en évidence de manière cruciale comment faire en sorte que ces réformes soient durables, et comment remporter un changement fondamental, par une société socialiste.

En 1848 dans le Manifeste du Parti Communiste, Marx et Engels ont formulé des revendications pour le jeune mouvement ouvrier en Europe. Celui-ci contrastait avec la méthode et le programme adopté par les partis sociaux-démocrates de la fin du 19ème siècle. Le programme social-démocrate d’Erfurt avait été adopté dans une période de croissance générale du capitalisme, ce qui avait eu une énorme influence sur les perspectives des dirigeants sociaux-démocrates. Le «programme maximal» mettait en avant l’idée du socialisme, qui serait graduellement mis en place à un certain moment, quelque part dans un futur indéterminé. En même temps, le programme d’Erfurt appelait à des réformes minimales dans le cadre des contraintes du système capitalisme.

Toutefois, avec le développement de l’impérialisme et l’éclatement de la Première Guerre Mondiale, la nécessité d’un programme transitoire qui permette aux travailleurs de mettre un terme à la crise profonde du capitalisme est devenue urgente. Les bolchéviks avaient développé des revendications, y compris les très importantes «Thèses d’avril» de Lénine en 1917, qui appelaient la classe ouvrière à se battre pour le pouvoir en Russie. La victoire de la révolution socialiste d’octobre a mené à la construction de l’Internationale Communiste et de son programme de revendications pour la classe ouvrière internationale. Mais par la suite, la dégénérescence stalinienne de la Révolution russe (principalement due à son isolation et à l’échec des autres révolutions sur le plan international) a mené l’Internationale Communiste à abandonner son programme de transition pour le changement socialiste.

Dans les années 30, Trotsky avait mis en avant des revendications «immédiates» quotidiennes (c-à-d qui concernent les conditions de travail et des conditions sociales), des revendications «démocratiques» et des revendications «transitoires», qui tendaient vers le besoin d’un changement de société. Ces revendications sont liées les unes aux autres et, à divers moments, certaines prennent plus d’importance que d’autres, en fonction des circonstances et des luttes et aspirations de la classe ouvrière.

Alors que certaines des revendications du programme de transition de 1938 ne sont plus aussi pertinentes aujourd’hui, ou ont été remises à jour ou remplacées, de nombreuses revendications de Trotsky gardent de façon flagrante toute leur validité, même si on les considère à la lueur de la crise économique actuelle. Certaines de ces revendications incluent l’appel à «l’ouverture des livres de comptes» des entreprises qui licencient et qui font des coupes salariales, et l’appel à la nationalisation des industries sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs. Le programme doit être continuellement examiné et mis à jour à chaque fois que c’est nécessaire, en prenant en compte la conscience du moment et les conditions et enjeux modernes auxquels sont confrontés les travailleurs. Certains enjeux qui n’étaient pas mentionnés en 1938, ou seulement partiellement, du au fait que cette période était différente, sont maintenant repris de manière énergique par les socialistes, tels que la crise environnementale, l’industrie nucléaire, et les droits de diverses minorités.

 

Le programme de Transition

 

  • Texte integral Le manifeste du marxisme révolutionnaire à l’époque de l’impérialisme – celle des guerres et des révolutions. Rédigé par Léon Trotsky en vue de la conférence de fondation, en septembre 1938, de la Quatrième Internationale, et adopté par cette conférence.
  • Quelques parties fondamentales du programme de transition et nos tâches pour aujourd’hui Texte de nos camarades français de la Gauche Révolutionnaire (Courant construisant le NPA) à l’occasion du 70e anniversaire du Programme de Transition.
  • 70 ans après la fondation de la IVè Internationale: Qu’est-ce que le trotskisme? Texte de nos camarades français de la Gauche Révolutionnaire (Courant construisant le NPA) à l’occasion du 70e anniversaire du Programme de Transition.

 


 

Le conflit de Lindsey – le programme en action

Au cours de l’excellente discussion de la commission, les camarades de différents pays ont donné d’importants exemples pratiques de la manière dont les sections du CIO utilisent les revendications transitoires pour donner une réponse à la crise économique et dans les luttes réelles de la classe ouvrière. Alistair Tice, d’Angleterre, a parlé de l’excellent rôle joué par le Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles) lors de la grève à la raffinerie pétrolière de Lindsey. Le Socialist Party a aidé à contrer le slogan «Des emplois britanniques pour les travailleurs britanniques» grâce à des revendications qui appelaient à la syndicalisation et au respect des conventions syndicales pour tous les travailleurs, immigrés ou non, et au contrôle démocratique de l’embauche par le syndicat. Virginie, de France, a parlé de la récente grève générale en Guadeloupe, et des revendications qui y ont proposées par le CIO afin de faire progresser ce mouvement exaltant de la classe ouvrière.

D’autres orateurs se sont étendus sur l’importance cruciale du programme de transition. Nikolaj, de Suède, a expliqué quel genre de revendications nous mettons en avant pour répondre à l’enjeu de la crise environnementale, tels que la mise en place d’un système de transports publics massifs et gratuits, et l’utilisation des ressources de l’ensemble de la société pour investir dans les énergies renouvelables. Rob Jones, de Russie, a décrit comment les membres du CIO ont mis en avant une alternative socialiste en opposition à la guerre russo-géorgienne de l’an passé.

En guise de conclusion, Alec Thraves, du Royaume-Uni, a affirmé que le Programme de Transition de 1938 était une excellente brochure que tous les socialistes devraient étudier, et qui constitue un guide général pour l’action. La tâche cruciale du CIO est d’utiliser la méthode transitoire lors des discussions avec les travailleurs. Ceci implique la mise en avant d’une analyse, d’idées et de revendications qui puissent constituer un pont entre la conscience de la classe ouvrière et la nécessité d’une société socialiste. Les gauchistes et sectaires qui parlent du socialisme en mettant en avant des revendications et des ultimatums abstraits ne font que faire sauter ce pont ! Au contraire, comme l’a souligné l’excellente discussion au cours de cette commission, le CIO cherche à gagner l’attention des travailleurs de manière concrète, afin de faire passer les idées socialistes et les propositions d’action à autant de gens que possible.

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