CHANGEMENT CLIMATIQUE: Beaucoup de discussions, pas de solution

Du 7 au 18 décembre se tiendra à Copenhague la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, «la dernière opportunité pour le monde de faire cesser le changement climatique avant qu’il ne dépasse un point de non retour», selon le Commissaire européen à l’environnement. On discute pourtant déjà depuis la conférence de Rio en 1992 mais les choses n’ont toutefois fait qu’empirer…

Ce sommet réunira des dirigeants d’environ 190 pays pour mettre au point le successeur du Protocole de Kyoto, qui arrivera à échéance en 2012. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce protocole avait un objectif particulièrement limité… qui n’a pourtant même pas été rempli! Pour maintenir le réchauffement climatique à une augmentation inférieure au seuil critique de 2% (par rapport à la période pré-industrielle), il faudrait que les émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2050 soient inférieures de moitié à celles de 1990. Kyoto n’avait cependant ‘l’ambition’ que de diminuer de 5,2% les émissions de dioxyde de carbone d’ici 2012 par rapport aux émissions de 1990. Mais les émissions de gaz à effet de serre augmentent malgré tout plus vite que prévu…

Kyoto suinte l’idéologie néolibérale. Ainsi, les facultés soi-disant naturellement auto-régulatrices du marché sont à la base des mécanismes d’échange de droits d’émission. Ce principe autorise une entreprise ou un pays qui n’a pas réussi à atteindre l’objectif de réduction à acheter ce qu’il lui manque à un autre pays ou une autre entreprise qui lui, a réussi à atteindre l’objectif et même à descendre en dessous. Dans les faits, cela signifie que les grands pays industrialisés achètent le droit de continuer à polluer à des pays moins développés qui ont plus de facilités à atteindre l’objectif fixé. Selon la Banque Mondiale, la valeur des droits d’émission de gaz carbonique a plus que doublé l’an dernier. Le système marcherait-il? Un spécialiste de l’université d’Oxford a conclu de ses études que «cette régulation sert avant tout à favoriser le marché. Il ne s’agit pas de réduire les frais pour limiter les émissions, il s’agit de se faire un paquet d’argent». Une bonne réponse à l’Ecolo Olivier Deleuze qui, en son temps, avait déclaré au sujet de Kyoto qu’il préférait «un accord imparfait mais vivant à un accord parfait qui n’existe pas»

Une des premières expériences de recours à ce genre de procédé basé sur la vente de «droits de polluer» avait pour objectif l’élimination du plomb dans l’essence. Effectivement, les voitures roulent maintenant à l’essence sans plomb. Victoire ? Oui, mais pour un objectif extrêmement limité atteint en… vingt-trois ans ! A pareil rythme, l’homme possèdera des branchies avant de voir le moindre effet significatif sur le changement climatique.

En marge des discussions officielles du sommet de Copenhague se tiendront diverses manifestations et protestations auxquelles participera une délégation internationale du Comité pour une Internationale Ouvrière (dont le PSL est la section belge). D’autre part, une manifestation se déroulera à Bruxelles le 5 décembre.

Nous n’avons aucune illusion sur ces négociations entre des gens qui représentent le monde des affaires et pour qui le capitalisme et une économie aussi gaspilleuse que l’économie de marché sont des dogmes à ne surtout pas remettre en question. Mais au cours de ces mobilisations, nous voulons entrer en discussion avec les manifestants qui cherchent comme nous de réelles solutions face au péril environnemental.

Nous pensons qu’une gestion raisonnable des ressources naturelles et de l’environnement n’est possible que dans une économie basée sur la ges-tion des secteurs clés de l’économie par les travailleurs couplée avec une planification démocratique de la production. Tant les intérêts des travailleurs que ceux de l’environnement seraient ainsi pris en compte, et non pas exclusivement les profits de parasites-actionnaires.

C’est pourquoi nous voulons mettre en avant le lien crucial à tisser entre les défenseurs de l’environnement et le mouvement des travailleurs. Les méthodes de lutte de masse telles que la grève, l’occupation des entreprises, la solidarité active,… nous semblent être des moyens bien plus efficaces que les actions symboliques de « citoyens-consommateurs » pour imposer la reconversion écologique des entreprises et des secteurs polluants et pour préparer le passage à une société conciliant les besoins de la population et le respect de l’environnement.

 

 

Article par NICOLAS CROES

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