Le changement climatique menace l’avenir de l’humanité. Les deux-tiers de l’ensemble des écosystèmes sont actuellement menacés. L’extrême sécheresse, les inondations, les orages et les incendies vont pousser des millions de personnes à devenir des réfugiés. Avec les discussions de l’ONU à Copenhague consacrées au climat, le réchauffement climatique est revenu sur le devant de la scène.
Mattias Bernhardsson, conseiller communal de notre parti-frère en Suède (Rättvisepartiet Socialisterna), a écrit un dossier à ce sujet.
En 2007, le rapport du GIEC (Groupe Intergouvernemental d’Experts sur le climat) a affirmé qu’avec une température supérieure de deux degrés au niveau de l’ère pré-industrielle, un désastre incalculable aurait lieu. Il s’agissait d’un puissant rappel de la nature de ce problème. Mais aujourd’hui, pas moins de neuf scientifiques sur dix pensent que les températures augmenteront bien au-delà de l’objectif du protocole de Kyoto, censé maintenir cette augmentation à moins de deux degrés. Il est bien plus probable que nous assistions à une augmentation de trois à six degrés avant la fin de ce siècle.
La raison principale est qu’avec l’augmentation de leur température, les océans perdent leur capacité d’absorber du gaz carbonique. Un autre fait terrifiant est qu’il y a plus de carbone sous le permafrost des régions polaires que dans l’atmosphère toute entière. Pour les experts, si les émissions de gaz carbonique, de sulfate et de dioxyde d’azote continuent à croître au rythme actuel, cette bombe éclatera dans les 100 années à venir. On en est arrivé à discuter d’un point de non retour, un point qui – s’il est atteint – ne permettra en aucun cas de stopper le réchauffement, quelles que soient les mesures prises.
En attendant, les gouvernements se réunissent lors de sommets pour discuter de ce thème, comme à Copenhague, pour parler de nouveaux objectifs de réduction d’émissions des gaz à effet de serre. Les premières discussions sur ce thème datent de 1992, à Rio, et les choses n’ont depuis lors fait qu’empirer. Pourquoi donc les stratégies mises en place pour lutter contre le réchauffement climatique ne fonctionnent-elles pas?
Les politiques soi-disant «vertes» instaurées par les gouvernements et les institutions capitalistes comme l’Union Européenne, la Banque Mondiale et le Fond Monétaire International ne font en pratique que refléter les intérêts du monde des affaires. Dans cette logique, le réchauffement climatique est réduit à un problème isolé de la crise globale du système. Les moyens pour l’aborder sont toujours adaptés à des coûts financiers plutôt qu’à l’objectif à long terme de l’environnement. Lutter contre le réchauffement climatique en se basant sur le maintien des profits réalisés par la petite élite au sommet de la société ne conduit qu’à un cul-de-sac. Et pendant que nous sommes engagés sur cette voie sans issue, les perspectives d’avenir deviennent insoutenables et ne font qu’empirer.
Les forces du marché
Le système de marché de carbone basé sur les crédits d’émissions est un cul-de-sac. Ce principe permet à un pays ou à une entreprise qui réduit ses émissions de gaz carbonique sous un certain objectif de revendre la différence avec ce niveau comme crédit d’émission à une autre entreprise ou à un autre pays, qui lui n’a pas atteint son propre objectif. La Banque Mondiale a déclaré que la valeur des échanges d’émission de carbone a plus que doublé l’an dernier et ce malgré la crise financière. Cela signifie-t-il pour autant que les émissions sont en train de chuter? Pas du tout. Que signifie alors ce commerce, dans la pratique? Laissons la parole à un spécialiste d’Oxford qui a étudié ce système, Adam Bumpus, et qui en a conclu que «cette régulation existe en définitive pour les marchés – cela n’a rien à voir avec des réductions bon marché, mais tout à voir avec le fait de gagner beaucoup d’argent».
L’idée est que les gouvernements distribuent un nombre limité de permis pour produire une quantité donnée de gaz carbonique, l’offre et la demande devant faire augmenter le coût de l’émission de gaz carbonique. En retour, cela conduirait à une baisse des émissions tout en incitant économiquement à investir dans les technologies vertes. Par conséquent, selon cette théorie, l’acheteur paye pour émettre des gaz à effet de serre tandis que le vendeur est récompensé d’avoir réduit ses propres émissions en dépassant son quota initial. Il reste juste un problème… ça ne fonctionne pas.
Le marché choisit toujours les moyens les plus faciles pour épargner une quantité donnée de carbone à court terme, indépendamment des actes nécessaires pour une réduction à plus long terme. En conséquence, le système renforce le blocage technologique. De petites réductions peuvent souvent être réalisées à bon marché, en améliorant un peu une technologie, tandis que de plus grandes réductions exigent des investissements massifs en nouvelles technologies.
Comme le principal objectif des réductions d’émissions est d’obtenir plus de crédits à vendre – selon la logique même du marché – pour que l’acheteur puisse continuer à produire le montant d’émissions sauvé par le vendeur, le commerce de droits d’émissions n’est pas efficace pour réduire ces émissions de gaz à effet de serre. En fait, c’est même meilleur marché pour un capitaliste d’acheter plus de permis sans réduire ses émissions et de transférer le surcoût sur le dos des consommateurs, comme les entreprises énergétiques savent si bien le faire.
La politique préconisée par les partis «Verts» est essentiellement constituée de ce système de commerce de carbone et de fiscalité verte. Mais rendre l’émission des gaz à effet de serre plus chère n’aidera en rien tant que la facture est livrée dans la boîte aux lettres des travailleurs à la place des producteurs. En attendant, les producteurs ont le temps de rire sur le chemin de leur banque, leur conscience verte toute neuve, bien tranquille, et les poches toujours aussi pleines.
Le problème de la plupart des organisations écologistes établies, c’est que même si leurs propositions sont parfois bonnes, la question demeure de savoir qui pourra les imposer. Les vrais pollueurs ou les gens? Le système de commerce de carbone est mauvais en soi. Mais le fait même que les gouvernements ou d’autres institutions contrôlées par les capitalistes aient fixé les quotas d’émissions en premier lieu a eu pour incidence que, en accord avec la logique de marché, trop de permis ont été distribués par crainte que cela ne représente un trop gros handicap dans la compétition entre puissances capitalistes. Ainsi, aujourd’hui, il y a plus de droits d’émissions qu’il n’y a de capacités de produire des gaz à effet de serre!
Même les industries du pétrole, du gaz et du charbon parlent de «révolution verte» dans l’espoir d’améliorer leur réputation. Les lobbyistes industriels américains, réputés pour leur résistance face à chaque changement qui pourrait être nuisible à leurs intérêts financiers, sont à la limite de littéralement déverser leur argent aux pieds de Barack Obama pour son plan d’énergie propre. C’est qu’ils savent ce plan si plein de trous que l’industrie américaine peut éviter toute véritable réduction au moins jusqu’à 2026. Le Clean Energy and Security Act se base principalement sur le commerce de carbone, permettant à des compagnies d’échanger des promesses de réduction au pays contre des pseudo projets verts bon marché à l’étranger. De la même façon, en Europe, les milliards que le géant suédois de l’énergie Vattenfall a reçus de crédits pour des systèmes d’énergie hydraulique ont été investis dans des centrales à charbon aux Pays Bas et en Belgique. 50 nouvelles centrales à charbon doivent être construites en Europe.
Un nouvel impérialisme vert
C’est là qu’interviennent les Mécanismes de Développement Propre (MDP) qui servent à rassembler des projets dans des pays en voie de développement qui «sinon ne se seraient pas produits». C’est un système très rentable. Axel Michaelowa, spécialiste des MDP, parle d’une «nouvelle fièvre de l’or» et que les MDP ont créés des «millionnaires du gaz carbonique», à l’instar des millionnaires du charbon ou de l’acier de jadis.
La banque mondiale est le plus grand prêteur multilatéral pour des projets de combustible fossile. Elle utilise les fonds pour le climat afin de soutenir des géants du charbon, comme avec le récent projet de Tata Mundra au Goudjerate, en Inde. Naturellement, les projets doivent être `verts’, comme le projet de pipeline de gaz d’Afrique occidentale, qui utilise l’argent des MDP pour réduire le gaz passant par le Delta du Niger. Mais le résultat réel de la manœuvre est que les géants pétroliers comme Chevron peuvent recevoir des crédits de carbone tout en continuant à profiter de leurs activités criminelles. Souvent même, l’objectif du projet est en soi dévastateur. Les sociétés émettrices de gaz carbonique de l’hémisphère nord ont ainsi planté de l’eucalyptus et d’autres arbres exotiques en Afrique. Mais ces plantations utilisent l’eau initialement destinée aux surfaces agricoles, laissant ainsi les agriculteurs se débrouiller avec la sécheresse.
Des compagnies comme l’entreprise chinoise Hu Chemicals ou la brésilienne Petrobras ont créé leurs propres subdivisions MDP, ce qui montre comment les multinationales prennent le contrôle de cet instrument lucratif. Dans ce contexte, il reste peu de chances pour les villages et les collectivités qui veulent développer de l’énergie solaire ou toute autre énergie durable.
En pratique, aucune différence n’existe entre les projets de Mécanisme de Développement Propre et l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) (les programmes d’ajustement structurels) qui, par exemple, a permis à Coca-Cola de piller 300 milliards de litres d’eau dans le tiers monde alors qu’au même moment, les gens n’avaient même plus le droit de collecter l’eau de pluie à cause de la privatisation.
Barrages et droits d’accès à l’eau
Beaucoup de projets MDP concernent des barrages. Cette ruée vers la construction de gigantesques barrages a été justifiée par les banques de développement et les multinationales comme une nécessité pour le développement de l’Afrique ainsi que pour combattre les émissions de carbone. Tandis que les gouvernements comme ceux des USA, de Grande-Bretagne et de Chine annoncent des plans d’ampleur pour électrifier l’Afrique, entre autres aides, les entreprises vidangent les fleuves d’Afrique pour alimenter les besoins énergétiques croissants d’Europe, etc. C’est un marché très lucratif, car il leur est aussi possible de gagner plus de crédits d’émission de carbone au cours du processus.
Les grands barrages fournissent de l’électricité pour les multinationales, de l’eau pour les mines, et l’irrigation nécessaire aux grandes exploitations agricoles étrangères. Les petits exploitants et les collectivités rurales sont loin de pouvoir en bénéficier, et sont en queue de liste. Sur les rives du fleuve Zambèze, un des plus grands fleuves d’Afrique, au moins 40 millions de personnes issus de 30 groupes ethniques différents dépendent de la pêche et de l’agriculture. Mais maintenant, avec quelques 30 barrages, le nombre de crevettes roses a diminué de 60% selon Kadija Sharife, de Pambazuka News. Mais ces crevettes sont à la base de l’alimentation de la population de la région. Dans une étude consacrée à 50 barrages africains, le professeur Thayer Scudder (autrefois un important consultant de la Banque Mondiale) a démontré que 86% des personnes déplacées pour la construction des barrages se sont retrouvées sans terres ni habitations, et 80% au chômage. De plus, 79% des personnes déplacées n’ont pas de sécurité alimentaire et sont donc en permanence menacées de faim.
Les négociations sur le climat destinées à élargir le marché de carbone aux forêts tropicales importeraient également ce «déplacement vert» en Amérique latine, où les indigènes ont déjà peu de droits sur leurs terres. Cet été, les indigènes du Pérou ont fait grève pour protéger leurs droits concernant leurs terres et l’approvisionnement en eau. En même temps, la Chine se contruit à grand soin une image respectueuse de l’environnement en Afrique – souvent avec le soutien des principaux moyens de communication capitalistes – en déclarant s’opposer à la politique occidentale et au système de dettes des pays du tiers monde avec une politique de développement durable. Mais les barrages chinois sont principalement construits pour obtenir des contrats d’exploitation et d’alimentation ainsi que des terres. Terri Hathaway, de l’ONG International Rivers, qualifie le boom des barrages chinois de `colonialisme’ nouvelle génération.
Des politiques vouées à l’échec
Non seulement l’Union Européenne a-t-elle admis l’échec du système de projets MDP, mais même le gouvernement américain a été obligé de reconnaître qu’une proportion significative des MDP ne représente pas de véritables réductions d’émissions. Cela n’a pas empêché l’Union Européenne de récemment proposer un nouveau système basé sur les projets MDP. Dans les faits, ce système ne permet que d’éviter la condition actuelle des MDP d’évaluer individuellement chaque projet. Cela diminuera donc l’efficacité des contrôles, déjà bien maigre aujourd’hui, concernant la durabilité environnementale et la justice sociale.
Le commerce de carbone et d’autres solutions tout aussi fausse – telles que des bio-carburants, les puits de carbone, le stokage de carbone dans les océans,… – sont des concepts qui libèrent le monde industriel de toute sorte de responsabilité en fournissant à la fois d’énormes bénéfices. En avril, le secrétaire britannique au changement climatique, Ed Miliband, a annoncé qu’aucune nouvelle centrale à charbon ne serait construite en Grande-Bretagne sans technologie de capture et de stockage du CO2 (CCS), technologie qui collecte une certaine proportion de l’émission de carbone pour l’enfuir ensuite dans le sol. Cette CCS est une approche théorique pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre basée sur la capture de dioxide de carbone des centrales énergétiques par combustible fossile. Bien que cette technique ne soit pas encore une réussite, cela pourrait devenir faisable, et cette méthode est vue comme un nouvel échappatoire pour les «capitalistes verts».
Toutefois, capturer et compresser le gaz carbonique demande de l’énergie additionnelle. Les besoins en carburant d’une centrale à charbon avec CCS sont augmentés de 25 à 40%, selon le GIEC. Généralement, on estime que cela augmente le coût de l’énergie d’une centrale avec CCS d’au moins 2%, un coût qui sera supporté par les familles de la classe des travailleurs au nom de «l’énergie verte». Selon Oscar Reyes, chercheur à l’institut transnational, le projet pilote de la société suédoise Vattenfall consomme 10 à 40% de charbon en plus que les centrales thermiques au charbon actuelles.
Pire, de nombreux projets parmi ces pseudo-solutions face au changement climatique sont même protégés contre toute critique par certains pans du mouvement environnemental lui-même. Harald Schuman et Christiane Grefe, journalistes allemands de Tagesspiegel et Die Zeit, ont expliqué dans le livre Der Globale Countdown comment les ONG ont de plus en plus été financées par le monde des affaires et les gouvernements. En conséquence, ces ONG omettent des faits et des conclusions importants dans leurs rapports et leurs publications. Difficile de mordre la main qui nourrit…
Une crise salvatrice?
La crise économique capitaliste a fait vaciller la précédente croyance populaire selon laquelle la croissance économique basée sur un marché en continuel expansion pourrait résoudre les problèmes climatiques – alors que cela n’a jamais été le cas. Cette crise soulève également d’autres questions, comme les nécessités d’une démocratisation de l’économie, de prendre publiquement les décisions et de planifier la production et le commerce mondial. Néanmoins, quelques capitalistes et dirigeants politiques tentent toujours d’afficher un sourire béat quant aux capacités du marché tout en mettant en exergue les «opportunités» qui pourraient découler de la récession.
L’Africa Progress Panel (Panel pour le progrès en Afrique – APP) présidé par Kofi Annan, par exemple, a invité les dirigeants africains à transformer la crise économique globale en une opportunité sur base «responsabilité partagées». Kofi Annan pense que le développement des énergies renouvelables, d’une production agricole propre et de transports ‘verts’ pourrait renforcer les économies africaines grâce à l’investissement étranger. Il salue également l’arrivée de nouveaux partenaires tels que la Chine, le Brésil et l’Inde comme autant de moyens pour atteindre les objectifs de développement du millénaire en Afrique. Mais si cette crise économique est une si grande opportunité pour agir contre le changement climatique, pourquoi donc l’ONU avertit-elle que les investissements en énergie renouvelable se sont effondré de 44% en un an? La réponse est simple: les capitalistes investissent là où leurs bénéfices sont le plus garantis.
La crise capitaliste a rendu le marché mondial fort peu sûr. Les prix ont augmenté et sont devenus instables, raison pour laquelle les spéculateurs préfèrent acheter des terres plutôt que les récoltes et la nourriture. Une course pour s’accaparer les terres est en train de se dérouler actuellement en Afrique. Les grosses entreprises chinoises, indiennes, sud-coréennes ou d’Arabie Saoudite installent de gigantesques exploitations agricoles pour externaliser leur production alimentaire et utiliser une main d’œuvre à très bas prix. Ce vol de terres augmente la déforestation et la destruction de marécage, avec d’énormes impacts sur le changement climatique et la pauvreté. Au Rwanda, où 60% des forêts ont été détruites et où les marais sont asséchés, un rationnement de l’eau douce a été instauré par le gouvernement, excepté naturellement pour les entreprises responsables du problème – et parmi eux tout particulièrement les projets MDP.
Selon le département sud-africain des affaires environnementales, d’ici 2020, au moins 200 millions de personnes seront menacées de pénurie d’eau en Afrique. Les rendements agricoles pourraient s’effondrer de 50% et les écosystèmes sévèrement endommagés aggraveront encore plus le manque de nourriture. Des recherches menées par le Groupe Intergouvernemental sur l’Evolution suggèrent que la productivité agricole de l’Afrique Subsaharienne pourrait ainsi être divisée par deux. En janvier 2008, la faim affectait 923 millions de personnes. Aujourd’hui, il s’agit selon l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture de l’ONU de 1,02 milliard de personnes.
Comme la tragédie du Darfour l’illustre, le changement climatique est également une menace pour la sécurité. Souvent, la saison des pluies n’arrive tout simplement pas, les sables du désert détruisent les terres agricoles et, si la pluie finalement arrive, elle peut être torrentielle, nettoyant ainsi totalement le sol des alluvions. Avec l’aggravation de la pénurie de terres, des accords conclus entre fermiers concernant la division des terres et l’utilisation des puits sont mis sous pression et peuvent voler en éclat et conduire à des conflits violents.
Le socialisme arriverait-il trop tard?
Les principaux militants contre le changement climatique soulignent à juste titre la nécessité d’agir dès maintenant. Mais bien souvent leur conclusion est qu’il est «trop tard pour parler du socialisme» et qu’il ne reste plus de temps pour ‘attendre’ une solution socialiste face au changement climatique. Bien des gens pourraient être d’accord en remarquant que même les pires scénarios du GIEC sont des sous-estimations de la rapidité du changement climatique à l’œuvre. Nous sommes pressés, c’est vrai. Mais la confusion politique de bien des militants de la cause environnementale crée l’idée que «tout est bon pour agir ou il sera trop tard», ce qui a pour conséquence d’effrayer bien plus que de mobiliser, et qui conduit tout droit dans les bras de politiques insignifiantes en détournant l’attention des mesures qui devraient être prises. Il n’existe aucun raccourci.
Si quelque chose est urgent, c’est bien la nécessité de supprimer le capitalisme, un système qui est à la base de désastres, de guerres, de la famine généralisée et de la destruction de l’environnement. Le problème du réchauffement global ne peut pas être résolu avec des idées basées sur le marché libre ou de simples adaptations techniques. Répondre au changement climatique signifie d’apporter une solution non pas technique, mais politique. Nous possédons aujourd’hui les moyens techniques et financiers pour stopper le changement climatique, la pauvreté et l’injustice, tout cela à la fois. Mais le contrôle de la société doit alors être retiré des mains de l’infime minorité au pouvoir actuellement pour être placé dans celles de la majorité.
La production et le commerce doivent être placé sous contrôle démocratique. Avec un système socialiste qui remplacerait la logique de profit par celle des besoins de la population, des assemblées démocratiquement élues (à de divers niveaux: local, industriel, national et international) décideraient de la manière de diviser la richesse, des priorités à prendre, des objectifs à fixer pour la productivité, de ce qui doit être dépensé pour l’investissement et la consommation publique ou privée,… Ces plans prendraient la forme d’hypothèses de fonctionnement constamment discutées et réévaluée par des organismes démocratiquement élus. L’industrie automobile, par exemple, devrait être nationalisée et sa production réorganisée selon des plans élaborés par les travailleurs, des experts et les consommateurs, en liaison avec le développement du développement massif d’un service de transports en commun gratuit.
Une économie planifiée signifierait également d’éliminer le gaspillage du capitalisme. D’énormes ressources pourraient être économisées de secteurs comme la spéculation ou encore la publicité pour être investies dans la production, dans la recherche scientifique et dans des projets d’infrastructure pour les pays en voie de développement. Aujourd’hui, tout ce qui ne peut pas engranger du profit doit disparaître.
La technologie devrait être utilisée de façon planifiée pour économiser l’énergie: avec un plan d’isolation des maisons, des méthodes plus efficaces de construction de bâtiments, un programme d’économie d’énergies dans les entreprises et dans les maisons,… Il devrait y avoir beaucoup plus de recherche scientifique pour développer les énergies renouvelables comme les énergies éolienne et solaire, la puissance hydraulique et d’autres sources encore possibles, mais aussi pour développer les technologies de stockage et de transmission. Nous avons également besoin d’un investissement massif et planifié en infrastructure de transport en commun, tant au niveau local qu’international.
La réorganisation de l’agriculture aux niveaux national et global sera vitale pour développer une production alimentaire favorable à l’environnement. Pendant des décennies, l’agriculture intensive des capitalistes a dégradé la terre. A travers le monde, beaucoup de pays sont devenus dépendants de l’exportation d’une ou deux denrées, et sont donc devenus extrêmement vulnérables aux fluctuations des marchés boursiers. Les problèmes des entreprises agricoles géantes et internationales d’une part et l’exploitation des petits paysans avec ou sans terre d’autre part exigent des solutions socialistes. Nous devons prendre des mesures pour reconstituer des écosystèmes endommagés tels que les forêts, les lacs, les océans et les terres cultivables dégradées.
Beaucoup plus de recherches sont nécessaires pour atteindre ces orientations générales, et les nouvelles technologies doivent être évaluées en pratique. Mais il est certain que les sociétés capitalistes n’aborderont jamais sérieusement les problèmes de la destruction environnementale, quelles que soient leurs déclarations. Ces objectifs exigent une planification socialiste démocratiquement élaborée à l’échelle globale. Les industries les plus profitables sont aujourd’hui basées sur l’abus de ressources humaines et naturelles. Mettre fin au changement climatique signifie de construire une société basée sur une production raisonnable basée sur les besoins de tous et non la soif de profit d’une minorité.