Belgique

La raison principale donnée par la Banque Nationale est la croissance très limitée de la demande intérieure, qui est restée depuis 5 ans sous les 2%. Une situation que la Banque Nationale attribue à la “croissance modérée” des revenus disponibles en termes réels, qui, la Banque l’admet sans beaucoup d’enthousiasme, a même “diminué légèrement”.

59. Dans toute la zone Euro la rémunération par travailleur a augmenté en moyenne de 1.6 %, mais vu l’inflation de 2.2%, le travailleur moyen peut acheter -0.6% de moins avec ce salaire.(47) Le même travailleur “moyen” a justement augmenté sa productivité de 0.5% pendant la même période, par unité de production son salaire n’a donc augmenté que de 1,1%, son pouvoir d’achat par unité produite à diminué de –1,1%.(48)

Ces chiffres représentent des moyennes, en Allemagne le coût salarial nominal (49) par unité produite à même diminué, tant en 2004 (-0,5%) qu’en 2005 (-1%). C’est l’exemple le plus extrême, mais partout en Europe, les coûts salariaux par unité produite ont progressé plus lentement que l’inflation.

60. En Belgique, le salaire nominal par unité produite est resté stable en 2004  et a progressé de 2.1% en 2005 selon les estimations. (50) En tenant compte de l’inflation, le pouvoir d’achat de nos salaires par unité produite a chuté de pas moins que 2.8% en deux ans. Les prévisions de la Banque Nationale ne semblent pas mauvaises pour le patronat : en terme nominal, nos salaires horaires ne vont pas progresser plus vite que l’inflation ni en 2006 ni en 2007. Ils ne dépasseront même pas l’index de santé en 2007. La Banque Nationale prévoit une nouvelle chute du pouvoir d’achat par unité produite de 1.6% en 2006 et de 1.1% en 2007. (51)

61. Selon la Banque Nationale, la modération salariale n’est pas seulement importante du point de vue de la concurrence internationale, mais aussi parce qu’une « hausse exorbitante des salaires favorise également le remplacement du travail par le capital et imposera par la suite des efforts de modération salariale pour promouvoir la croissance de l’emploi. » On ne peut que difficilement s’imaginer une pire condamnation du capitalisme. C’était déjà le seul système de l’histoire humaine, dans lequel les crises ne sont pas causées par des déficits, mais par des surcapacités et de la surproduction. Maintenant, on franchit une étape supplémentaire: en plaidant pour la modération salariale, on cherche à freiner le développement des forces productives, de la science et de la technologie, car cela “exclut la main-d’oeuvre la moins productive”. (52) Chaque société humaine devrait se réjouir de l’augmentation de la productivité. Car cette augmentation libère du temps pour se consacrer à d’autres activités, dont on n’avait pas la possibilité au paravent. Sous le capitalisme, la productivité apporte plus de chômage, d’exclusion et de pauvreté.

62. La croissance du coût salarial nominal par heure est passée de 4.2 % par an en 2001-2002 à en moyenne 1.7% durant la période 2003-2004, pour augmenter à nouveau légèrement en 2005, à 2.2%. La Banque Nationale prévoit pour 2005-2006 une croissance de seulement 4.2% (pour les 2 ans). C’est moins que la norme salariale (4.5%) établie en 2004 dans le cadre de l’accord interprofessionnel, contre lequel 50.000 travailleurs avaient manifesté le 13 décembre de cette année.(53) Cet accord n’avait justement pas été signé par la FGTB. Il avait été enfoncé unilatéralement par le gouvernement, pressé par le patronat et le sommet de la CSC.

63. Selon la Banque Nationale, la croissance plus faible que prévu des salaires est due à la révision de la composition de l’index santé au début de cette année, grâce à laquelle l’indexation automatique des salaires a été freinée.(54) La FEB estime pourtant qu’il n’y a aucune raison d’être euphorique, car notre pays est encore victime d’un “lourd handicap concurrentiel”.(55) Depuis la loi de 1996 sur la capacité concurrentielle, les coûts salariaux ne sont pas autorisés à croître plus vite que la moyenne pesée (56) de ceux de nos trois voisins: la France, les Pays-Bas et l’Allemagne. Depuis 1996, les coûts salariaux horaires ont crû 20% plus vite aux Pays-Bas qu’en Belgique. Quelque 5% plus vite en France et 10% moins vite en Allemagne. Globalement, il en résulte que les coûts salariaux ont crû 1.8% plus vite que la moyenne de nos trois voisins. (57)

64. La Banque nationale a une explication pour cela. En Allemagne, la faible croissance de longue durée a conduit à un taux de chômage très élevé. Des accords sectoriels sont intervenus pour préserver l’emploi en échange d’une modération salariale. Les négociations salariales ont été dans une grande mesure décentralisées. Cela s’est réalisé de pair avec une réduction des coûts dans les entreprises et le déplacement d’activités vers l’Allemagne de l’Est, où le coût salarial est “resté compétitif”. Enfin, l’extension rapide des “petits boulots” mal payés, entre autres dans le cadre des réformes “Hartz”, à repoussé les coûts horaires des salaires en Allemagne. Autrement dit, le patronat allemand a réussi, avec le soutien du gouvernement, à élever le niveau d’exploitation bien plus rapidement que dans les pays voisins.

65.Mais le patronat belge apprend vite. Parmis les mesures qui ont permis à la Belgique de maintenir les salaires à leur niveau, la Banque Nationale cite notamment que de plus en plus les négociations salariales en comités paritaires prévoient des marges qui permettent de fixer des augmentations dans l’entreprise – donc la décentralisation, la sous-traitance, les restructurations qui diminuent le nombre de travailleurs âgés avec des salaires en moyenne plus élevés, la participation accrue des femmes au marché du travail et l’extension du travail  à temps partiel et des contrats précaires. De plus la BNB accentue que « Enfin, certaines mesures relatives à l’emploi – autres que les réductions des cotisations patronales à la sécurité sociale – ont également une incidence sur le glissement des salaires si elles permettent aux entreprises d’occuper des travailleurs à des salaires bruts moins élevés, comme dans le cas de l’activation des allocations de chômage.». (58)

Négociations salariales

66. Cela promet déjà pour les négociations salariales de la fin de l’année. Le patronat et le gouvernement ont déjà lancé quelques coups de sonde. Comme en témoigne le plaidoyer de Karel Van Eetvelt, Administrateur-Délégué de UNIZO, pour une indexation du salaire net. “Pourquoi pas une indexation sur base du net? Une indexation de 2% sur un salaire brut de 2000€ donne aujourd’hui 40€ de salaire brut, mais le travailleur n’en touche que 11€ net.C’est moins que 1%. Tout le reste va à l’État.” Qui va reboucher le “trou de la sécu”?  “S’il y a moins de rentrées pour la sécurité sociale, nous devons peut-être oser regarder où l’on peut faire des économies… La durée des allocations de chômage doit être corrélée avec le nombre d’années travaillées. Je crois que la limitation des allocations de chômage aura à terme un effet d’activation des demandeurs d’emploi.”

67. Cela permettra à Van Eetvelt d’augmenter encore plus la pression sur les salaires et les conditions de travail de ceux qui en ont encore.(59) Au congrès de lancement du SP.a à Bredene Johan Vande Lanotte, dans un « discours enflammé » sur la honte du chômage jeune, à ouvert la porte vers une limitation du droit à une allocation de chômage, du moins pour les jeunes sortants de l’école. Si ceu-ci n’ont après 6 mois pas encore un emploi, on doit les offrir où bien un job, où bien une formation payée. En échange le SP.a se dit prèt à limiter dans le temps le droit à une allocation.(60) L’OECD de son côté à constaté que la décentralisation de la formation des salaires peut faire en sorte que le niveau des salaires soit mieux aligné sur la productivité régionale et plaide donc pour transférer les négociations salariales vers les Régions, par coïncidence un thème central aussi du SP.a..(61)

68. Une proposition plus réaliste de Van Eetvelt est l’instauration d’un “couplage automatique de la compétitivité”, un mécanisme par lequel tout dépassement de la norme salariale sera corrigé automatiquement, et plus seulement lors des négociations sociales. C’est ce qui est en train d’être tenté avec les clauses « All-In » et « solde » (62) Il apparaît qu’en 2005, 20% de tous les travailleurs du secteur privé sous convention collective, sont soumis à une clause All-In. Verhofstadt et le patronat vont certainement vouloir l’étendre durant les négociations sur l’accord interprofessionnel à tous les secteurs, il semble que les directions syndicales vont les suivre. Du reste le patronat et le gouvernement vont essayer de diminuer les salaires bruts sans trop attaquer le salaire net. Les syndicats ont déjà annoncé désirer une augmentation du salaire brut. Ils peuvent difficilement faire autrement. Depuis la lutte contre le pacte des générations, fin de l’année dernière, leur marge de manoeuvre est fortement réduite. En plus, les publications sur les salaires mirobolants des managers ne vont pas faciliter les négociations salariales.

Les salaires mirobulants, les dividendes et les profits des entreprises

69. Luc Coene de Picanol a écrit l’histoire. Non seulement, il ne fait plus aucun doute que l’affaire a joué un rôle certain dans la lutte contre le Pacte des Génération, mais en plus, il a placé les salaires des topmanagers et le fossé entre les pauvres et les riches aux premières place de l’agenda politique. Ses collègues peuvent lui être reconnaissants. D’ “enfants prodiges” ils sont passés d’un coup au rang de loups avides d’argent, aux yeux de l’opinion publique. C’est à présent un secret de Polichinelle que le CEO d’une entreprise du BEL20 gagne en moyenne 1,5 million d’euros et a reçu en moyenne une augmentation de 12% en 2005.(63) Pour certains, comme Michel Tilmant (ING), c’est encore mieux: 4 millions €.

70. Tentant de tirer profit dans un débat déjà largement étalé dans la presse, le SP.a s’est magistralement pris les pieds dans le tapis. Avec la publication des salaires de manager des entreprises publiques par le secrétaire d’état Bruno Tuybens et l’attaque de Vande Lanotte le 1er mai sur les salaires des managers et leurs indemnités de licenciement royales, le SP.a a voulu démogagiquement faire des points. C’était un bon essai, mais toute de suite miné par le fait que VandeLanotte en tant que ministre des entreprises publiques était au moins informé et avait probablement négocié ces salaires. Quant à l’ancien ministre SP.a Luc Van den Bossche, maintenant président de BIAC, il a refusé tout simplement de communiquer sur son salaire. (64) Et le précédent président du parlement flamand de Batselier a voulu combiner son indemnité royale de membre du parlement au salaire tout aussi confortable de directeur de la Banque nationale. (65)

71. Les patrons nous ont indiqué que l’impact économique des revenus des managers était absolument marginal. D’une manière générale, c’est peut-être vrai, mais dans de nombreux cas, l’entreprise est littéralement pillée. Chez Picanol, Coene a empoché 20 millions d’euros sur 3 ans, alors que les bénéfices après impôts ne dépassaient pas 46.5 millions sur cette même période. Mais ce sont aussi les multinationales qui deviennent de véritables vaches à lait : selon le rapport annuel de InBev, 31 millions d’euros ont été versés comme indemnités de rupture à trois managers, dont le CEO John Brock. Brock avait retrouvé du travail 6 mois plus tard. (66) La somme n’est pas énorme comparée au 1,024 milliard € de bénéfices réalisés par InBev en 2005, mais elle aurait suffi à maintenir au travail pendant 3 années les 360 travailleurs qu’InBev veut licencier en 2006 dans cinq pays européens. (67)

72. Même si l’on compare à ce que InBev distribue comme dividendes aux actionnaires, cela reste une somme importante. Au total, les familles Belges, avec quand même 280 membres, bon pour 45% d’Imbev recevront en 2006 124,9 millions d’euros (68) en dividendes. Ils sont ainsi à une exception de près, les actionnaires les plus rénumerés des entreprises cotés à la Bourse de Bruxelles. Les familles Brésiliens d’Ambev reçoivent 68,2 millions d’euros. (69) Les 11 membres du comité de direction d’Inbev “gagnaient” en moyenne 2 millions € en 2005, sans compter les plans de pensions, les bonus nets et les bonus “long terme”. Ensuite, les membres du conseil de direction passent à la caisse. Notre ancien premier ministre Dehaene en fait partie: il a touché 79.000 € d’indemnités pour 15 réunions, sans compter les stocks options pour une valeur de 100.000€.(70)

73. Malgré le “handicap salarial”, nos entreprises ne marchent pas mal. Ce sont surtout les banques qui continuent de collectionner les bénéfices records. Celui de Dexia a progressé de 12% en 2005 par rapport à 2004, avec 2,03 milliards €. (plus que 80 milliard de fb !). La KBC a fait encore mieux avec 2,25 milliards €, soit 39% de mieux qu’en 2004. Chacun des 20.000 travailleurs a rapporté en moyenne un bénéfice net de 112.500 € où 4,5 million de fb.(71) La KBC a augmenté en 2006 son dividende de 36,4%. Globalement, les entreprises belges cotées en bourse auraient distribué 7,7 milliards en dividendes en 2005. Pour 2006, les mêmes entreprises devraient distribuer 41% de leurs bénéfices nets en dividendes ou en rachat d’actions.(72) En 2005, quelque 18 milliards de bénéfices nets ont été générés par 97 entreprises, soit une augmentation de 31% par rapport à 2004.(73)

La croissance des profits ne s’est pas réalisé graçe auxentrepreneurs

74. Ces profits ne sont pas le résultat de la croissance de la productivité. En 2005, elle est restée quasiment stable (+0,1%) après une progression plus forte en 2004 (+1,9%).(74) Selon Guy Quaden, gouverneur de la Banque nationale, si l’économie belge a atteint un sommet cette année (on prévoit une croissance de 2,8%) (75), ce n’est pas grâce aux entrepreneurs. « Ils distribuent trop d’argent à leurs actionnaires, investissent trop peu et ne sont pas assez innovants. En résumé, leurs prestations sont médiocres. Et l’argument derrière lequel ils se cachent, à savoir que les coûts salariaux sont ici trop élevés, est faux. (76) 75. Les patrons et leurs plumitifs ne sont pas habitués à un discours aussi clair et Quaden a reçu sa réplique : « Avec son discours, Guy Quaden prend clairement position dans le débat sur la compétitivité… C’est le point de vue des syndicats et du camp socialiste. Quaden a clairement une étiquette PS ». En bref, quand Quaden « établit » que les coûts salariaux sont trop élevés, que notre position concurrentielle est minée, et que les travailleurs et leurs familles doivent se serrer la ceinture, c’est objectif. S’il « prétend » que les patrons ne remplissent pas leur devoir social, il s’agit alors d’un « discours politique ».

76. Dans son zèle pour répondre aux accusations scandaleuses du gouverneur, Stefaan Michielsen, plumitif de De Tijd, se lance dans la surenchère : « Comprenez: c’est de leur faute si l’économie ne croit pas plus fort et s’il y a autant de chômeurs… Sur quoi se base-t-il pour faire porter le chapeau aux entrepreneurs ? La Belgique est toujours un des plus grands exportateurs au monde, avec une part de marché de 3,3% dans le commerce international. Pas mal pour un si petit pays. Les États-Unis n’atteignent que 8,9% et l’Allemagne 10%. Comment Quaden ose-t-il affirmer que les entrepreneurs belges ne sont pas assez innovants ? Ils sont parfois loin devant. Souvenez-vous des technologies vocales de Lernhout et Hauspie. (77) Donc : l’économie belge n’est pas du tout faible en compétitivité, elle est aussi innovante, mais hélas, à cause de quelques parasites et autres aigrefins avides, notre inventivité est galvaudée. C’est étrange que Michielsen dans son zèle de plaire aux patrons cite justement cet exemple, est-ce que ce ne serait pas aussi a-typique que l‘on prétendait après leur condamnation?

Un transfert des pauvres vers les riches

77. Si l’économie belge progressait un peu plus vite que la moyenne de l’eurozone ces dernières années (78), ce n’était nullement grâce une « politique budgétaire expansionniste » comme Le Soir cite Peter Vanden Houte, chef économie de ING, où du moins comme Le Soir interprète ces mots en y ajoutant dans une note de la rédaction : « alors que dans d’autres pays européens, l’heure est plutôt à l’austérité» (79), comme si en Belgique on ne mènerait pas une politique d’assainissement. La consommation privée a même progressé moins vite en Belgique que dans la zone euro, mais les achats immobiliers ont progressé beaucoup plus vite, grâce à la baisse des taux hypothécaires et à la forte augmentation des prix de l’immobilier sur le marché secondaire, ce qui explique que les constructions nouvelles et la rénovation ont eu le plus de succès. (80)

78. La seule explication plausible pour cela est la forte diminution du taux d’épargne et la forte augmentation de l’endettement des ménages. L’augmentation des revenus immobiliers (location) est des indépendants (+4,2% en 2005) sont également à mentionner (81). Le taux d’épargne a chuté de 17,2% à 12,8% des revenus nets des ménages, entre 1999 et 2004. En 1993 il était encore à 22%! (82) Le niveau d’endettement, a pour sa part atteint un sommet avec 43,1% du PIB. Il était de 28,1% 20 ans plus tôt. Ce sont surtout les prêts hypothécaires qui ont grimpé fortement (+16%), autant que les prix de l’immobilier dont la progression est la plus forte de l’eurozone. (83)

79. La situation de l’économie belge est presque pareil à celle du budget. Les dernières années elle pouvait être tenu en équilibre par plusieurs revenus uniques, qui, une fois partis, sont partis pour toujours. Dans le cas du budget, il s’agissait des bâtiments publics, les caisses de retraite etc. Bref, tout ces acquis du mouvement ouvrier sur lesquelles Verhofstadt avait déjà des desseins, étant ministre des finances dans les années ’80, mais qu’il n’a jamais pu saisir. Dans un certain sens, le « social-liberal » Verhofstadt peut allumer une bougie aujourd’hui pour le fait que la classe ouvrière a empêché « Baby-Tatcher » de « dégraisser l’état » dans les années ’80. Sinon Verhofstadt l’aurait pu oublier de « mettre des gants » avec sa politique d’assainissement aujourd’hui. C’est pareil dans le reste de l’économie. Rogner tellement rigoureusement sur le pouvoir d’achat aurait mené inévitablement à la récession, s’il n’y avait pas été construit une couche de gras dans les décennies précédentes, qui est maintenant coupé avec compétence par nos patrons.

80. En fait, le patronat et ses laquais ont réussi à organiser un transfert énorme de la part des ouvriers et leurs familles vers le patronat. Les exécutants de ce transfert, les top managers, y sont rémunéré généreusement. Il y a eu un transfert de la part des pauvres vers les riches. Aujourd’hui, il y a 63 800 belges qui possèdent au moins un million $, sans leur habitation! C’est une augmentation de 3,4% depuis fin 2004. Ces millionnaires possèdent ensemble 180 à 200 milliards de $, en moyenne 3 millions $ où 2,4 millions € (84). Il y a vingt ans, le Centre pour la Gestion Sociale a calculé que le taux de pauvreté en Belgique était de 6% (85), selon le professeur anversois Jan Vranken c’est aujourd’hui 15% (86). En outre, 40 pourcent des belges n’arrive pas à épargner, ce qui les rend vulnérable en cas de contretemps (87).

La sécurité sociale pillé

81. Si on peut décrire la politique du gouvernement quelque part “expansionniste”, ça ne serait que dans sa politique fiscale et parafiscale (88). Les récoltes des impôts personnels (89) progressistes diminuaient ainsi de -1,9 milliard €, résultant de la politique gouvernementale en trois ans – de 2003 à 2005 – , les récoltes du TVA et des accises, par contre, qui sont égaux pour chacun, quel que soit le revenu, augmentaient de presque 1,5 milliard €. Les cotisations patronales (90) à la sécurité sociale diminuait également, de -1,45 milliard € en totale, celles des salariés augmentaient de 0,14 milliard € (91). Malgré les attaques systématiques sur la parti brute de nos salaires, nommé faussement « les cotisations patronales », la sécurité sociale n’a connu qu’une fois un déficit depuis le début du siècle, notamment en 2003. Puisque nous compensons la perte de revenues à la sécurité sociale nous-mêmes par le TVA et les accises, le soi-disant « financement alternative ».

82. Selon le gouvernement et le patronat, les dépenses de la sécurité sociale deviennent impayable sans des interventions rigoureuses. Nous l’avons calculé. Selon la BNB, les revenus totaux du gouvernement ont augmentés de 12,03% entre début 2003 et fin 2005, celles des cotisations sociales de 7,37%. Si le gouvernement n’avait pas diminué les cotisations patronales ces 3 années, l’augmentation aurait été de 11,07%. Les dépenses gouvernementales, sans les charges d’intérêts, sont augmentées dans cette même période de 15,26%. Fin 2002, les allocations sociales comptaient pour 50.69% des dépenses, fin 2005 cette chiffre avait augmenté jusqu’à 50.92%. Les dépenses a la sécurité sociale montent à 70 milliard € dont plus de 25 milliard € sont dépensés aux retraites, à peu près 19 milliard € à l’organisation hygiène sociale, plus de 6 milliard € aux allocations de chômage, presque 5 milliard € aux allocations familiales et 3.7 milliard € à l’invalidité (92) et aux maladies. Fin 2002, 19% des dépenses gouvernementales, sans les charges d’intérêts, aillaient aux retraites, 13.04% aux soins de santé, 4.54% aux allocations de chômage et 3.87% aux allocations familiales. En 2005 18.5% étais dépensé pour les retraites, 13.89% aux soins de santé, 4.57% aux allocations de chômage et 3.62% aux allocations familiales (93).

83. Ces chiffres sont mâchées et remâchées par le gouvernement, le patronat et les plumitifs pour faire semblant que tous ceux qui n’ont pas de boulot, qui sont malade, vieux, chômeur, … etc. mangent la cagnotte. Malgré cela notre pays est « pa mis les pire sur le plan de pauvreté à longue duré, de pauvreté parmis les retraités et pa mis les allocataires en générale. Notre minimex est au niveau des plus bas en Europe. Nos allocations sont basses et le ratio de substitution (la relation entre la pension et le dernier salaire) est parmi les plus bas en Europe. » On tire l’attention sur le fait que la génération du baby-boom part massivement en retraite et que le nombre de cotisants à la sécu diminue vis-à-vis le nombre de ceux qui ont une allocation. En même temps on « oubli » de mentionner dans quelles poches tous ces cotisations de la génération baby-boom sont disparu. Est-il possible que les diminutions dans les charges patronales et les profits énormes des entreprises ont quelque chose à voir la-dedans?

84. Cette génération baby-boom ne vieillisse pas seulement, mais est aussi plus souvent malade. Si on prend cela en compte, les dépenses de la sécurité sociale ne sont pas exagéré. En fait, ce ne sont pas tous ces vieillard en mauvaise santé, ni le personnel, qui s’envolent avec la partie lion du budget de l’INAMI. En 2004 un montant de 5 milliard €, ou 30.8% du budget, servait à payer les honoraires des docteurs et 17.7% disparaissait dans les poches de l’industrie pharmacienne. Les infirmiers et infirmières dans leur totalité devaient se contenter de 4.2% (95). Le gouvernement essaye de se mettre à dos les jeunes et les moins jeunes travailleurs: regardez le nombre d’inactives que le « Flamand qui travaille durement » doit prendre en charge, est-ce que tous ces prépensionnés ne feraient pas mieux encore des petits boulots pendant quelques années? Le teau de participation est trop bas dans notre économie.Seulement 32.1% des gens entre 55 et 64 ans travaillent en Belgique contre 43.9% dans le zone Euro, en Suède c’est même 68.9%, au Danemark 59.8% et 56.8% en Angleterre. (96)

Trop de retraités pour le nombre d’actifs ?

85. Est-ce que ceux âgés entre 25-54 ans aurais bénéfice ou vont ils finir avec plus d’argent? Ne le crois pas. Le discours autour du caractère soi-disant impayable des pensions et des allocations cadre dans l’optique d’encore faire augmenté la concurrence sur le marché d’emploi. Le raisonnement est assez simple: le plus de gens cherchent l’emploi, le moins qu’on doit les payer où tenir compte des conditions de travaille. Comme un entreprise est seulement intéressé par son profit et un manager exclusivement par le rendement, tout dans notre société a comme fonction de baisser la valeur ajouté qui va aux salaires en faveur du profit. En termes marxistes : maximaliser la plus-value où le travail non payé du travailleur.

86. En Belgique le tau d’emploi au deuxième trimestre de 2005 étais de 61%, le même niveau qu’en 2000, dans la zone Euro c’était 65%, venant de 63.2% en 2000. Selon la directive-Lissabon le tau d’activité devrait augmenter à 70% pour tout l’Europe avant 2010. Sous le tau d’activité est compris le nombre de gens âgés entre 15-64 ans qui ont travaillé comme salarié au minimum une heure pendent une période de référence, en générale c’est une semaine. L’objectif finale de tout le débat sur la fin de carrière de fin 2005, avec le soi-disant Pacte de solidarité entre les Générations, contre lequel étaient dirigés deux grèves générales, étais l’augmentation du tau d’activité en déconseillant et en faite déconstruisant le système de prépension.

87. L’âge de la prépension conventionnelle, jadis 58 ans après une carrière de 25 ans, deviendra 60 ans après une carrière de 30 ans en 2008, en 2012 il faudra une carrière de 35 ans. Une pension complète deviendra alors un rareté et par conséquent aussi une allocation complète. Pour les femmes la condition de carrière augmente plus lentement, 26 ans en 2008 suivi par un augmentation de 2 années tous les 4 ans jusqu’où le niveau des hommes est atteint (97). On espère ainsi élever encore plus l’offre de main d’oeuvre dans le but de mettre encore plus de pression sur les salaires. Le refus complet par le patronat et le gouvernement d’abandonner le Pacte en illustre l’importance. Pour modérer la résistance ils ont quand même laissez d’espace pour négocier quelques changements.

88. Mais ce n’est pas seulement chez des travailleurs plus âgé que le tau d’activité est plus bas en Belgique que dans la zone Euro. Le tau d’activité des jeunes entre 15-24 ans est au moyen à 39.4% dans le zone Européen. En Belgique c’est 26.6%. Les chiffres par rapport aux immigrés donnent plus où moins la même image, tant pour des immigrés d’origine Européen (avec un tau d’activité de 59.8% en Belgique contre 67.2% ailleurs) que les immigrés venant de l’extérieur de la zone Européen (seulement 37% à la Belgique, 55.6% ailleurs). Pour les jeunes, le Pacte prévoyait des stimulants financiers pour des stages ou pour s’installer comme indépendant, pour les immigrés des stimulants spécifiques sont prévus.

10 heures par jour, 48 heures par semaine

89. Nous avons décris comment le patronat et le gouvernement essaient d’augmenter la plus-value, notamment en assurant que les salaires augmentent plus lentement que l’inflation, en augmentant l’offre sur le marché du travail, ou en rognant sur notre salaire remise en temps, c’est-à-dire la parti brute qui est réservée à la protection contre les maladies, le chômage et/ou la vieillesse. Agoria, la fédération patronale de l’industrie technologique, entre autres le métal, a signé en mai un accord protocolaire avec les syndicats pour l’industrie automobile. Cet accord prévoit entre autres la possibilité d’étaler le temps de travail sur 6 ans, au lieu d’un an, d’allonger la semaine du travail légal de 45 à 48 heures, et d’allonger la journée de travail de 9 vers 10 heures (98).

90. Cela serait accompagné d’un système d’épargne de temps ce qui évite de payer des heures supplémentaires. Dans de Standaard (99) l’administrateur délégué Paul Soete se plaigne de la résistance des dirigeants syndicaux nationaux à cette augmentation de la plus value absolue. « C’est caractéristique pour leur position de fond : s’il n’y pas assez de radeaux de sauftage pour tous au Titanic, pour eux personne ne peut monter au radeau. » Apparemment Soete est plutôt gagné à l’approche « chacun pour soi ». Que le radeau risque ainsi de chavirer, ne sont pas ses ognons, tant que lui-même n’est que sauvé. Bref : Soete est tout à fait un « entrepreneur ».

91. En Belgique la plus value relative est très élevée. Les travailleurs belges sont parmi les plus productives du monde. Nous produisons en moyenne 10% de plus par heure que les travailleurs américaines. Dans le OECD, il n’y a que les norvégiens et les luxembourgeois qui font mieux. Les travailleurs allemands produisent 9% de moins par heure que les américains, les Japonais 30%, et les Coréens même 60% (100). Vu que nous réalisons cependant moins d’heures que les américains, nous produisons 22% en moins qu’eux, ce qui est encore bien pour une 10ième place, mieux que l’Allemagne et la France, et égale aux Pays-Bas. Pourtant, selon la BNB, on peut faire mieux encore. Notre pays aurait un retard comparé aux autres pays d’UE, concernant les « formes alternatives d’organisation de travail ». Nous réalisons plus d’heures supplémentaires non payés (8,8% de tous les travailleurs), plus de travail à domicile (4,4%) , plus de travail du soir (13,7%) et plus de travail partiel (21,2%) que la moyenne de le zone euro, mais concernant le travail temporaire, travail de nuit, travail de week-end, travail d’équipe et les horaires souples, nous avons un retard sur la moyenne. (101)

Malgré la réduction des charges, le chômage a augmenté de 25% depuis 2001.

92. Dans le même article du Standaard, Soete prône que la réduction des charges prévue pour le travail en équipe était une question de vie ou de mort dans le secteur de l’automobile et ajouta immédiatement qu’il faudrait ensuite « travailler sur une réduction des charges linéaire, sur plusieurs années ». Nous l’avons déjà illustré, sur le plan de la réduction des charges, beaucoup a déjà été donné aux patrons. Le ministre des Affaires sociales, Rudy Demotte, a fait les comptes. Résultat : officiellement 45,36% du salaire brut part à la Sécurité Sociale, mais en réalité, ce n’est que 24,9%. Le patronat compare toujours les chiffres officiels en Belgique avec les chiffres réels des autres pays, qui sont plus élevés en Allemagne (26.9%), en France (31,5%), et un peu plus bas aux Pays-Bas (24%), comparés aux chiffres réels en Belgique. Officiellement, la contribution à la Sécurité Sociale est de 41,9% en Allemagne, 48,6% en France, et même 54,9% aux Pays-Bas. (102)

93. Ces réductions de charges ne nous ont pas apporté des emplois. Après deux ans de diminution, l’emploi a augmenté de 24.000 unités en 2004 et de 40.000 selon les estimations, en 2005. Avec l’augmentation de la population active – malgré le vieillissement – le chômage a continué à grimper, depuis 2001 de 450.000 à 577.000 unités, soit 28,2% de progression ! Dans l’industrie, 63.000 emplois plein temps, de qualité en conditions de travail et en rémunération, ont été perdus. Dans le public, l’emploi a progressé de seulement 34.000 unités depuis fin 2001, avant de diminuer en 2005. Ces recrutements sont souvent des contrats temporaires, des intérims et, comme à la SNCB, des remplacements de départs à la retraite, consécutifs au gel du recrutement dans les années ’80. Pour peu que des emplois aient été créés, c’était principalement dans le secteur des activités financières, des biens immobiliers, et de la prestation de service aux entreprises.

94. À 4,35 € l’heure (après réduction d’impôts de 30%) et une participation de l’état de 16€ l’heure, il n’est pas étonnant que les chèques services soient un succès. Selon Freya Van de Bossche, ils ont mis 10.886 chômeurs au travail à la fin de 2004, dont 4.911 en Flandre, 4.702 à Bruxelles et 1.273 en Wallonie, avec une moyenne de 24 heures par semaine. (103) En 2005, les chèques services devraient avoir mis au boulot 29.000 personnes, soit les deux tiers de la création d’emplois. Dont 8.700 en Wallonie, soit 4.169 équivalents temps pleins. Malgré un ralentissement, la progression atteindra entre janvier et juin 2006 toujours 18% en Wallonie et 10% en Flandre. (104) Ainsi le public paye ce qui se faisait avant en “noir”.

95. Les chiffres sur la fraude fiscale sont bien entendu difficiles à estimer. Au milieu des années ‘90, un certain professeur Franck les estimait à 600 milliards de Francs belges (15 milliards €), un chiffre à peine remis en cause même dans les milieux politiques et patronaux. À une époque où personne ne respecte encore des règles et où la fraude fiscale est décrit par des politiciens comme une « erreur de gens qui contribuent à l’économie contrairement aux parasites qui se complaisent dans le hamac de la sécurité sociale » (rappelez-vous de Rik Daems posant devant sa villa). Il ne faut donc pas s’étonner que les chiffres aient explosé avec les salaires des managers et les profits des entreprises. Nous ne savons pas combien ils atteignent aujourd’hui, mais Koen de Leus, un « spécialiste des marchés » considère que la Belgique a la 3éme plus grosse économie sous-terraine des Quinze, après la Grèce et l’Italie, soit 22% de son PIB. Encore selon ce « spécialiste », l’État y perd 30 milliards € de recettes fiscales (soit 6 fois le montant du Plan Global). (105)

Travailler sous la menace de la faim

96. Nous devons à vrai dire nous demander comment il se fait qu’avec tous les stimulants fiscaux et parastataux, et malgré les bénéfices records, les patrons ne créent pas plus d’emplois. Selon eux-mêmes, il n’y a qu’une explication : « la chute dans le chômage » ou le phénomène par lequel quelqu’un préfère continuer à « profiter » de la sécurité sociale plutôt que de se mettre au travail. Jan Denys, porte-parole de Randstad, certainement pas un gauchiste, pointe le doigt sur un phénomène que les jeunes travailleurs connaissent bien: « Certains employeurs créent leur propre pénurie de main d’œuvre. Est-il si difficile pour un employeur de se soumettre au principe aussi élémentaire que celui de l’offre et de la demande ? Pourquoi les employeurs ne payent-ils pas un peu plus, alors que les bénéfices des entreprises atteignent des records historiques? » (106)

97. Pour obliger les chômeurs à accepter des jobs flexibles et sous-payés, on les reprend leur allocation. Depuis l’introduction de la «politique d’activation» par Vandenbroucke en juillet 2004, 13.480 chômeurs ont été suspendus. En 2005, ils étaient 6.675 dont 4.806 en Flandre (72%), 1335 à Bruxelles (20%) et 534 en Wallonie (8%). Dans la 1ère moitié de 2006, ils étaient déjà 4.927 dont 3203 en Flandre (65%), 492 à Bruxelles (10%) et 1232 en Wallonie (25%). (107)

98. Dans un numéro spécial de « De Nieuwe Werker » (108) , la FGTB a donné quelques chiffres intéressants. Ils citent le bureau de plan, celui-ci prétend qu’en 1997, 15.5% de la population se situait sous le seuil de pauvreté, dont 4% de salariés. Les prétendus « parasites » qui se complaisent dans le chômage, doivent se débrouiller avec un minimum de 751,66 € brut pour les isolés et 894,92 € bruts pour les chefs de famille.

99. En 1980, l’allocation de chômage moyenne atteignait 45,7% du salaire moyen, en 2005 ce n’était plus que 27%. Résultat : 29% des chômeurs « se complaisent » sous le seuil de pauvreté. Les allocations de pension et d’invalidité atteignent 31,7 % du salaire moyen, 18% des pensionnés et 24% des invalides, minimexés e.a. inactifs vivent également sous le seuil de pauvreté. Si cela ne suffit pas à pourvoir les « emplois de rêve » que les patrons nous ont préparés, on pourra toujours faire appel à la main d’œuvre bon marché venant des Pays de l’Est dans le cadre des métiers en pénurie. Aux Pays-Bas, on se plaint déjà du manque d’ouvriers polonais. (109)

100. Comment peut-on mener une telle politique ? D’abord et surtout parce qu’elle est présentée comme le déroulement naturel des choses. “Nous ne pouvons pas faire autrement parce que la mondialisation nous y oblige”. Tous les partis traditionnels, y compris le Vlaams Blok évidemment, ont assimilé la logique néo-libérale de restrictions. Même les syndicats les ont rejoints et expliquent ainsi leur impuissance devant les assainissements et les rationalisations. L’idée qu’une réponse collective est possible s’en retrouve affaiblie. Le matraquage des médias, de l’establishment et de tous les partis politiques avec ces prétendues “données objectives” n’y est pas pour rien. L’absence de solution collective conduit à la recherche de remèdes individuels. L’augmentation de la criminalité, la violence, les comportements amoraux… On a l’impression que la société toute entière est tirée dans cette direction. Ce sentiment est renforcé par l’establishment, qui prétend cependant lutter contre et qui discrédite ainsi ceux qui s’y opposent véritablement. Ceci mérite quelques explications.

101. Le patronat joue un rôle honteux. Officiellement, il s’exprime contre la criminalité, la pauvreté, le racisme, le sexisme, etc. Certains vont jusqu’à consacrer une partie de leur patrimoine à des oeuvres charitables. Les milliardaires Soros et même Bill Gates ont appris de la période victorienne que les riches devaient de temps en temps donner l’aumône aux pauvres pour les calmer, pour se lier avec eux, et surtout pour les empêcher de s’organiser politiquement. En même temps, tous les patrons sont unanimes pour dire que le système de solidarité organisé par l’État devrait être supprimé, ou tout au moins vidé de sa substance.

102. Pendant que la pauvreté a par conséquent progressé de 6% à 15% de la population en moins de 10 ans, les patrons, suivi avec enthousiasme par les plus aisés des groupes moyens, ne font pas le moindre effort pour que leur richesse personnelle soit entourée de discrétion. Pour autant qu’ils n’ont pas honte de piétiner les réglementations fiscales, sociales et autres, ils conduisent les plus faibles vers la criminalité avec leur politique d’exclusion. Celui qui ne peut pas s’accrocher est un “loser”. S’il est poussé dans un coin, cela se traduit de plus en plus en « violence gratuite ».

Au plus la crise du capitalisme s’est approfondie, au plus la société devient dure pour celui qui se trouve au bas de l’échelle sociale. La société crée chez beaucoup de gens un sentiment de dette individuelle envers ce genre de problème. Nous voyons que dans des cas extrêmes, l’absence d’une solution collective mène à des actions de détresse comme le suicide ou les ( nombreux ) drames de famille, tandis que d’autres se vengent par une colère aveugle et violente contre cette société dont ils sont éloignés. Les émeutes à Paris, et aussi à Anvers, « les actes de violence gratuites», l’insolence des petits criminels, le vandalisme, les violences dans les écoles…

Le sentiment d’insécurité n’est pas un faux sentiment, comme les commentateurs bourgeois le prétendent. Au contraire, dans les villes, cela fait bien partie de la réalité.

La seule réponse de la politique bourgeoise est plus de répression, alors que cette méthode a échoué. Mettre fin à la pauvreté, un enseignement gratuit et du travail de qualité… sont les seules solutions structurelles mais, au sein du capitalisme, cette solution ne peut être qu’un acquis temporaire. Le renforcement d’un réseau social, avec plus de personnel dans les services publics, dans le travail et les loisirs pour la jeunesse, le travail de quartier est nécessaire.

Les organisations de la classe ouvrière doivent leur offrir plus que ce n’est le cas aujourd’hui ; des solutions collectives sur les problèmes de la société en les engageant activement dans la lutte.

Néanmoins, une petite minorité des jeunes, les plus aliénés, aura besoin, en première instance au moins, malgré l’offre de solutions collectives et la construction d’une société socialiste, d’accompagnement sur mesure afin qu’ils participent réellement et sur base volontaire à la société.

103. Le patronat prêche l’antisexisme et l’antiracisme. Une foule de femmes carriéristes et une petite élite d’immigrés enfoncent le clou. En même temps, les femmes sont souvent celles qui sont obligées d’accepter les salaires les plus bas et les conditions de travail les plus flexibles, à cause de la politique de suspension des allocations de chômage. Les femmes et les immigrés sont utilisés pour faire pression sur les hommes afin qu’ils acceptent des salaires plus bas et des conditions de travail moins favorables. Les travailleurs âgés sont obligés de travailler plus longtemps. pendant que leurs collègues plus jeunes courent d’un intérim à l’autre. En opposant une catégorie de travailleurs contre l’autre, le patronat organise une compétition dont l’objectif est de faire baisser les salaires et les conditions de travail.

104. Si des travailleurs reproduisent le sexisme où le racisme qu’il ont ainsi appris, ils sont immédiatement pointés d’un doigt moralisateur par ces mêmes patrons ou leurs politiciens et médias obligés. Si les femmes se retrouvent à court terme obligées d’aller travailler dans des bars de prostitution pour conserver leur allocation, cela se fera sous le prétexte de la “protection” des prostituées. Celui qui s’y oppose sera accusé de bégueulerie. Celui qui se prostitue à cause de la pauvreté sera accusé d’immoralité.

105. Un éditorial du Tijd nous illustre la manière dont les cercles patronaux et leurs plumitifs considèrent la société. “Le fait est qu’une décennie de reconstruction permanente de la “SA Belgique”, une société solide n’a pas encore été construite. Pour sauver l’entreprise du déclin, il faut un changement structurel : il s’agit de donner plus d’autonomie aux États fédérés, de façon à ce que la Belgique s’évapore pour devenir une structure sans contenu, une sorte de holding sans argent et donc sans pouvoir.”(110)

106. Nous osons parier que le scribouillard de service ne s’est pas rendu compte un seul moment de l’ineptie qu’il avait couchée sur papier. La Belgique n’est donc pas une société composée d’êtres de chair et de sang, mais une “société anonyme” qui ne doit pas s’occuper de ses ressortissants anonymes, mais devenir une entreprise solide. Pour cela, seule une réforme structurelle est possible, mais elle peut réduire la Belgique à un holding désargenté, et donc – jusque là la capacité démocratique de notre scribouillard – sans pouvoir. Pas étonnant que l’on fraude, vole, intimide, que l’on commet des crimes et que l’on prostitue sans limite. Le seul traitement structurel qui pourrait vraiment soulager la société est selon notre jugement, d’arrêter de produire pour les intérêts d’une poignée de parasites qui pillent notre société et la modèlent comme une Société Anonyme. Il faudrait au contraire commencer à produire en fonction des besoins de la majorité, de telle manière que nous puissions choisir véritablement librement. En résumé: gérer la société comme une collectivité et non comme un casino.


46. Chiffres: Dexia – Perspectives économiques juin 2006; Banque Nationale de Belgique – indicateurs économiques n° 29 – 20 juillet ’06 et rapport annuel 2005 – part I
47. le pouvoir d’achat à donc diminué de –0,6%
48. 1,1% d’augmentation salarial – 2,2% d’inflation
49. nominal: en chiffres absolus sans prendre en compte de la perte de pouvoir d’achat par l’inflation
50. Rapport annuel de 2005 de la Banque Nationale I tablaux 7 et 8
51. Indicateurs économiques pour la Belgique n°29 – 20 juillet 2006
52. Rapport annuel 2005 de la Banque Nationale I page 84
53. www.socialisme.be “Hoge opkomst vakbondsbetoging: een uitdrukking van de actiebereidheid”
54. De Tijd 13/06/2006 “Belgische loonkosten stijgen veel minder dan verwacht”
55. De Tijd 13/06/2006 “Correctiemechanisme voor loonontsporingen gevraagd”
56. la moyenne pesée tient compte du poid relatif de l’économie des pays concernés
57. Rapport annuel de 2005 de la banque Nationale I grafique 39 page 91
58. Rapport annuel BNB 2005 I page 85
59. De Morgen 24/09/2006 “Unizo pleit voor indexering op nettoloon”
60. De Morgen 4/09/2006 “Sp.a wil ‘schande van de jeugdwerkloosheid’ aanpakken”
61. De Tijd 14/06/2006 “loonvorming moet naar de regio’s”
62. Des accords all-in existent dans les secteurs construction, bois et ameublement et une partie des firmes de netoyage. Cela signifie que la norme salarial est un maximum absolu à ne pas dépasser, même pas au cas où par une inflation en croissance forte l’indice pivot serait dépassé trop fréquemment et que par conséquent les salaires monteraient en principe au dela de la norme. Dans les accords de solde qui s’appliquent au métal, la norme salarial peut toujours être dépassée, mais dans ce cas une partie de l’augmentation salarial peut être annulée sans pour autant toucher à l’indexation. Ces accords prévoyent par contre que ce qui à dépassé la norme peut être récuperé dans un accord suivant.
63. Trends 25.05.’06 “Loonanalyse van ceo’s en directieleden van bel20-bedrijven”
64. Gazet Van Antwerpen 5.05.’06 “Hoe ernstig is SPa over lonen topmanagers”
65. De Standaard 07.07.’06 “De Batselier laat deel uittredingsvergoeding vallen”
66. Trends 15.05.’06 “Twee jaar salaris is het minimum”
67. HLN 24.02.’06 “InBev: winst van 1,024 miljard euro, toch 360 banen weg”
68. pour clarifier: 124,9 miljoen €, c’est environs 5 millard d’anciens francs Belges!
69. De Tijd 05.07.06 “CMB, Inbev en Solvay zijn het gulst voor hun families” et De Tijd 06.07.’06 “Brouwers laten bijna 200 miljoen naar families vloeien”.
70. De Financiële Morgen 31.03.’06 “Toplui Inbev en ING strijken miljoenen op”. Pour le lecteur: en 2005 Dehaene a reçu d’ Imbev seule déjà environs 7 million de fb.
71. De Financiële Morgen 03.03.’06 “Belgische banken boeken miljardenwinst”
72. De Tijd 05.07.’06 “Families domineren toptien dividenden”
73. De Standaard 07.04.’06 “Bedrijven keren aandeelhouders 7,4 miljard euro uit”
74. Rapport annuel de la BNB 2005 I Tableau 22, page 90
75. Le Soir 27.07.’06 “L’économie Belge est en verve”
76. De Tijd 17.06.’06 “Ondernemers krijgen een standje”
77. De Tijd 17.06.’06 “Ondernemers krijgen een standje
78. 2003: +0,9% ; 2004: +2,4% ; 2005: +1,5%
79. Le Soir 27.07.’06 “L’économie Belge est en verve” – “alors que dans d’autres pays européens, l’heure est plustôt à l’austérité, NDLR »
80. Rapport Annuel 2005 I BNB Tableau I, page 172
81. Rapport Annuel 2005 I BNB Tableau 16, page 64
82. De Tijd 01.06.’06 “Belg is geen grote spaaarder meer”
83. BNB – Financial Stability Review 2006
84. De Tijd 21.06.’06 “63.800 Belgen hebben minstens 1 miljoen $”
85. De Standaard 05.09.’05 “België niet langer sociale topper”
86. De Standaard 03.12.’05 “Anderhalf miljoen Belgen zijn arm, ze hebben als alleenstaande minder dan 772 euro per maand”
87. De Standaard 11.03.’06 “België, kredietland?”
88. Parafiscale: collecte des contributions pour la Sécurité Sociale.
89. Progressive: augmente avec le revenue.
90. Contributions patronales: en fait cette parti de notre salaire que le patron verse à la Sécurité Sociale.
91. Rapport annuel 2005 I BNB tableau 27, page 109
92. Rapport annuel 2005 I BNB tableau XI, page 182
93. En ce qui concerne la Sécurité Sociale le rapport nr 66 du 12 juillet 2005 “met betrekking tot de financiering van de sociale zekerheid “ du Conseil National de l’Emploi est très intéressant. Selon ce document les patrons ont déja reçu 23.3 miljard € depuis 2000 en dimunition de charges.
94. De Standaard 05.09.’05 “Volgens prof. Bea Cantillon zullen de sociale uitkeringen verder zakken”
95. Alternative Socialiste janvier 2005 “Les soins de santé suffoquent”.
96. Rapport annuel 2005 I BNB cadre 10 page 78
97. Rapport annuel 2005 I BNB pages 83 et 84
98. Industrie de l’automobil 31 mars 2006 – Accord protocolaire sur l’autonomie du temps entre Agoria, CSC-Métal, FGTB-Métal et CGSLB
99. De Standaard 12.09.2006 “Agoria pleit voor “grotere ambitie” bij onderhandelaars.”
100. OECD – septembre 2005 “Breakdown of GDP per capita in its components”
101 Rapport Annuel 2005 I BNB page 74 cadre 9
102 Le Soir 13.09.2006 “Demotte ressort l’idée du bonus lié à l’embauche”. Les chiffres datent de 2003. Depuis 2 milliards de réductions des charges ont encore été octroyées
103. Het Nieuwsblad 06/03/2005 “Dienstencheques fenomenaal succes”
104. Le Soir 13/09/2006 “Les titres-services ont créé 8.700 emplois en Wallonie”
105. De Tijd 26/08/2006 “Le contrôle de l’Etat sur l’économie doit être réduit”.
106. De Tijd 6/06/2006 “Certains employeurs créent leur propre pénurie de main d’oeuvre appropriée”
107. De Tijd 14/09/2006 “Plus de chômeurs wallons suspendus”
108. De Nieuwe Werker 1/09/2006
109. Algemeen Dagblad 11/09/2006 “La pénurie de travailleurs polonais menace”
110. De Tijd 16/09/2006 “Pijnstillers” Stefaan Huysentruyt

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