Comment mobiliser toutes les forces productives de la société pour sauver la planète ?
1. Pour une politique de stimulation des solutions collectives et pas de sanctions individuelles !
La cause environnementale ne doit pas servir de prétexte aux gouvernements pour remplir leurs caisses ! Les « écotaxes » – ne jamais se fier au nom seul ! – font endosser au consommateur la responsabilité des méthodes de production et de distribution capitalistes, alors qu’il n’a rien à dire. Par contre, ceux qui ont les poches pleines peuvent continuer à polluer, en s’acquittant d’une amende très légère proportionnellement à leurs revenus.
Nous sommes contre les taxes sur le gaz carbonique car ce seront les couches les plus pauvres qui seront les plus affectées : tout le monde n’a pas les moyens de changer ce que la bourgeoisie qualifie d’habitudes et qui sont en fait des nécessités pour beaucoup. Par exemple, au-delà des critiques à faire sur l’efficacité environnementale de cette mesure, qui aurait les moyens de changer directement sa voiture pour une neuve qui pollue (un peu) moins ? Certainement pas les plus pauvres, qui utilisent la plupart du temps des voitures d’occasion. Pour d’autres, par exemple les travailleurs qui habitent en périphérie de Bruxelles (à cause des loyers trop élevés à Bruxelles ou parce qu’ils souhaitent voir leurs enfants grandir dans un environnement plus sain), une grosse voiture confortable est nécessaire pour effectuer quotidiennement des heures de trajets, parfois avec les enfants à l’arrière qui doivent s’occuper avant d’arriver à destination. Dans ces deux cas, comme dans bien d’autres, la solution réside dans le développement de transports en commun gratuits, de qualité et dans toutes les parties du pays (vivre sans voiture dans la province du Luxembourg est aujourd’hui quasiment impossible). Nous ne voulons pas supprimer ou interdire les voitures mais, si suffisamment de moyens sont affectés pour cette mesure, l’automobile occupera une place beaucoup plus réduite dans les déplacements quotidiens au fur et à mesure du développement des lignes de bus et de chemin de fer. D’autre part, le nombre d’accidents de la route diminuera aussi fatalement. En 2006, il y a eu 1.069 décès sur les routes en Belgique, en plus des 7.027 blessés graves et des 58.270 blessés légers.
Ceci étant dit, nous ne sommes pas contre toutes les taxes mais nous proposons de les réserver pour les produits de luxe polluants comme, par exemple, le jet privé de Sarkozy.
Il faut inciter à voir autrement. Suivant cette même logique qui pousse à consommer collectivement, et pas individuellement, nous pensons que les systèmes de subventions, notamment pour isoler énergétiquement les immeubles, sont insuffisants. Sur base du même exemple, nous sommes favorables à un plan national appliqué commune par commune pour isoler les bâtiments rue par rue selon un standard démocratiquement élaboré. A côté de cela, un plan de construction de logements sociaux abordables, de qualité et bien isolés et de rénovation de bâtiments anciens afin d’augmenter le nombre de logements. Avec assez de logements sociaux, une pression suffisante serait mise sur les propriétaires privés qui abusent de la pénurie de logements pour réclamer des loyers exorbitants. Cela serait d’ailleurs aussi une solution pour ceux qui déménagent loin de leur ville de travail simplement à cause du prix des maisons et du loyer et qui sont donc forcés d’opérer un déplacement coûteux en temps et en énergie chaque jour. De même, les populations pauvres n’auraient plus à habiter à côté de sites polluants à cause des loyers moins élevés.
2. Plus de moyens pour une recherche scientifique indépendante !
EXXON MOBIL : « Dont Worry, Be Happy »
Que font les multinationales pétrolières de leur profits ? Elles protègent leurs intérêts pardi ! Comme nous l’avons déjà dit, Exxon Mobil avait déjà en 2002 exercé des pressions sur le GIEC par le biais complaisant des USA pour écarter le président de celui-ci, jugé trop militant.
Il est vrai que chez EXXON, l’objectivité est de rigueur. Ainsi, entre 1994 et 2004, cette chaleureuse entreprise a dépensé 13 millions de dollars pour sponsoriser des études contestant le réchauffement climatique. Rien qu’entre 2000 et 2003, la somme a été de quelques 8.793.450 dollars.
Le podium pour cette dernière période est composé de 712.000 dollars pour l’Américan Legislative Exchange Council (qui a déclaré que « le réchauffement climatique pourrait même sauver des vies »), de 960.000 dollars pour l’American Entreprise Institute (qui a publié un article sur le réchauffement intitulé « Don’t Worry, Be Happy ») et enfin de 1.380.000 dollars à la Competitive Entreprise Institute qui a comparé les risques de réchauffement climatique à ceux d’une invasion extraterrestre…
Actuellement, la population n’a pas les capacités de savoir quelles sont les meilleures mesures à mettre en oeuvre pour sauvegarder l’environnement. Les bio-carburants (ou agro-carburants, comme on devrait plus honnêtement les appeler) sont autant décriés qu’encensés. Plutôt qu’un débat d’idées, on assiste ici surtout à une lutte entre les industries exploitant les matériaux fossiles et les industries agro-alimentaires.
Toutefois, il existe déjà des recherches scientifiques intéressantes, comme celles financées par Greenpeace. On ne part pas de zéro, quantité d’informations et d’analyses sérieuses existent déjà et il serait ridicule de ne pas les utiliser. Des analyses intéressantes peuvent aussi venir de la part des universités d’Etat et de leurs laboratoires (le contrôle sur ces recherches est une des nombreuses raisons qui font que le patronat tente de prendre le contrôle des universités en privatisant l’enseignement supérieur).
Mais même ces recherches s’effectuent souvent sans véritable coordination et aboutissent parfois à des découvertes qui sont achetées par les entreprises dans le seul but d’assurer que ces découvertes ne soient pas appliquées. Le secteur pétrolier s’est taillé une réputation impressionnante dans ce domaine.
Toute ingérence de l’industrie ou du privé doit être retirée de la recherche scientifique, qui doit être réellement indépendante et non subordonnée aux intérêts des actionnaires et patrons. Les brevets doivent être abolis et la recherche d’alternatives énergétiques doit être prioritaire, ce qui prend des significations très concrètes en ce qui concerne les moyens financiers. Il est très révélateur de constater que les études du GIEC ont été faites à titre individuel, après le travail « officiel » effectué normalement par ces quelques 2.500 chercheurs. A côté de cela, les dépenses du secteur automobile aux USA pour la publicité ont augmenté de 16% durant le premier semestre de 2007 pour atteindre la somme de 17,8 millions de dollars.
Devant une problématique telle que celle-ci, d’une telle ampleur, il faut se donner les moyens de trouver des solutions, il faut mobiliser toutes les forces productives et scientifiques de la société.
Maintenant, il est très difficile d’aller plus loin en terme de revendication. L’énergie solaire est une solution : chaque seconde, la Terre reçoit de l’énergie solaire en quantité telle qu’elle représente 4.000 fois la consommation de l’humanité. Mais le coût de l’énergie solaire est encore élevé, de même que ses performances restent encore limitées. Il y a encore l’énergie des marées, ou celle rayonnée par le noyau terrestre. Il est aussi possible de développer les recherches sur le stockage d’énergie,…
Ce n’est qu’au cours de recherches approfondies qu’il n’est possible de mener qu’en affectant le maximum de moyens possibles en terme de finances et de chercheurs dans le cadre d’un plan sous contrôle public, que nous pourrons savoir ce qui doit être fait et que nous pourrons par la suite améliorer ces solutions. Ce n’est qu’à ce moment que nous pourrons être certains qu’aucun moyen n’existe pour traiter les déchets nucléaires ou que nous saurons si des méthodes possibles sont actuellement mises de côté pour raisons financières ou si de nouvelles méthodes pourraient être envisagées. Sous le capitalisme, il n’y a pas de solutions pour sortir du nucléaire. Fermer les centrales belges, par exemple, entraînerait l’importation d’énergie nucléaire française. Le problème ne serait finalement que reporté, ce qui renforce d’autant l’urgente nécessité de sortir de ce système.
De même, il nous faut aussi réfléchir de toute urgence aux moyens à mettre en œuvre pour en quelque sorte « réparer » les dégâts que le capitalisme a causés. La géo-ingénierie part de ce postulat : ce que des produits chimiques ont pu faire, notamment dans le cadre du climat, la science peut le défaire. Nous devons toutefois être très prudents par rapport à ce genre de propositions à la « Jurassik Park ». Mais la seule certitude que nous pouvons avoir à ce sujet, c’est que tant que la société sera aux mains d’une minorité qui ne défend que ses intérêts, notamment en s’entre-déchirant, ce genre de solutions repousseront certains problèmes pour mieux en amener d’autres.
3. Stop au gaspillage, pour une planification de la production !
Actuellement, on ne peut collectivement savoir ce qui est produit dans la société qu’à partir du moment où la production a déjà eu lieu. Chaque entreprise dans son coin tente de dominer et d’inonder le marché. On se retrouve ainsi avec une profusion de marques de lessives là ou ce n’est pas nécessaire. Ce n’est qu’un exemple, on pourrait aussi parler des médicaments, avec le fait supplémentaire que même s’il y a trop de médicaments produits pour ce que le « marché » est capable d’absorber, les exclus du marché peuvent quand même mourir comme de vulgaires chiens galeux.
Chaque entreprise produit non en fonction de ce dont le « marché » a besoin, mais en fonction de ce qu’elle pourra vendre (quitte à imposer la nécessité du produit à grand renfort de pollution publicitaire) et de préférence pouvoir continuer à vendre par la suite. Alors que les nombreuses matières qui composent un GSM (plus de 500, loin d’être toutes recyclables) viennent de partout dans le monde et polluent donc à travers leur production et leur transport, chacun sait que la durée de vie d’un GSM est très courte. « C’est normal, les commerçants doivent vivre » entend-on dire. Ce sont plutôt les patrons des entreprises de production de GSM qui doivent vivre tandis que les magasins des gros opérateurs de téléphonie étouffent les commerçants « normaux ». Nokia, le célèbre leader mondial de la communication mobile, a obtenu pour le troisième trimestre de 2007 un bénéfice de 1,56 milliards d’euros, soit 85% de plus que pour le troisième trimestre de 2006 ! De son côté, Mobistar a réalisé 299,5 millions d’euros de profit en 2006, soit une croissance de bénéfice de 10,8% par rapport à l’année précédente.
Dans le secteur de l’énergie (qui produit 24% des émissions mondiales de GES), les problèmes sont encore plus visibles. Nous avons déjà parlé de la société LUMINUS dont les licenciements ont pour effet d’augmenter de 250.000 tonnes les émissions de gaz carbonique en Belgique. Ce sont les profits à court terme qui priment et l’environnement ne sort pas gagnant quand les entreprises réalisent de meilleurs profits.
Electrabel a réalisé un bénéfice net de 2 milliards d’euros en 2005, mais des mesures environnementales peuvent restreindre ses bénéfices. La réponse donnée par la gauche officielle du SP.a, le parti « socialiste » flamand, est que l’Etat doit nationaliser (en indemnisant les actionnaires) le secteur de l’énergie, destiné à être moins rentables à cause des mesures environnementales. Comme les capitalistes ne veulent pas investir dans un secteur en décroissance, ce serait donc à la collectivité de payer pour réparer les dégâts commis par les patrons et leurs actionnaires !
Nous revendiquons l’arrêt total des privatisations et la nationalisation des secteurs-clés de l’économie, et en particulier du secteur de l’énergie, sous le contrôle des travailleurs, sans rachat ni indemnités, sauf sur base de besoins prouvés (les petites épargnants, comme des personnes âgées ou des travailleurs, qui ont placé leurs maigres économies en Bourse, par exemple). De plus, les services publics doivent être largement étendus et gratuits: les soins de santé (notamment pour faire face aux maladies des pays chauds qui commencent à arriver en Europe, pour faire face à l’augmentation du nombre de personnes touchées par l’asthme ou d’autres maladies respiratoires dues à la pollution de l’air, etc.), les services d’urgence comme les services d’incendie (qui manquent déjà cruellement de moyens alors que les sinistres naturels augmentent), les transports publics (comme déjà expliqué) y compris celui des marchandises (pour enrayer l’explosion du trafic routier et la prolifération des camions sur les routes), l’enseignement (entre autres pour avoir suffisamment de moyens pour mieux responsabiliser la jeunesse face aux enjeux environnementaux, mais aussi pour rénover les bâtiments scolaires, pour développer la recherche scientifique, etc.), …
La production doit être orientée en fonction des besoins de la population selon un plan démocratiquement élaboré, c’est-à-dire avec la participation de chacun. N’importe qui peut se rendre compte que le meilleur moyen de gérer ses finances, c’est d’y faire attention et de prévoir ce dont on aura besoin, en quelle quantité,… Il en va de même pour la société dans son ensemble. Toutefois, face à l’idée répandue que le marché et la concurrence sont nécessaires pour assurer le développement, il faut préciser qu’une planification n’est en rien une stagnation. La raison pour laquelle la société soviétique a stagné ne se trouve pas dans la planification, mais dans la dictature bureaucratique qui pesait sur cette société. Les masses n’avaient aucun moyen de participer aux décisions mais elle devait les subir de façon brutale. Une telle situation ne peut, dans le meilleur des cas, que rendre passif et indifférent vis-à-vis de la construction de la société. En étant impliqué dans la planification, c’est-à-dire en soumettant ses propres idées à la collectivité, en discutant de celles des autres, en concrétisant un projet, chacun peut s’épanouir et faire preuve de beaucoup plus d’initiative et de créativité que dans cette société où l’argent règne en seul maître. Le terme de « marché libre » est bien trompeur : ce n’est pas un marché où des villageois achètent librement ce qu’ils veulent.
Il s’agit en fait de la liberté qu’a chaque patron d’utiliser des moyens matériels et financiers pour faire fonctionner son entreprise – qui assure pourtant une partie de la production de la société – dans son seul intérêt. Cette production anarchique et à courte vue est source d’un gaspillage énorme. Des mesures sérieuses de protection de l’environnement affaibliraient sans doute la position concurrentielle des entreprises. Une bonne partie de celles-ci veulent bien être propres, mais à condition que toutes les autres le soient aussi. Mais – en admettant que les masses imposent cela à l’échelle de la planète et n’utilisent pas leur force pour aller plus loin – tous ces efforts seraient rapidement gâchés. Le capitalisme étant basé sur la concurrence, dès qu’un patron en difficulté déciderait de passer outre aux mesures environnementales, il entraînerait à sa suite les autres qui utiliseraient le précédent ainsi créé pour justifier le fait qu’ils tentent par tous les moyens de « rester concurrentiel ».
Pour éviter qu’un tel processus se mette en branle, les masses doivent avoir le contrôle des entreprises.
4. Les décisions sur l’orientation de la société nous concernent tous, pour une véritable démocratie : le pouvoir aux travailleurs !
La « démocratie » telle qu’elle est appliquée aujourd’hui reste largement un leurre. Lénine avait affirmé en 1917 (dans son livre « L’Etat et la Révolution », écrit quelques semaines avant la Révolution d’Octobre) que « décider périodiquement, pour un certain nombre d’années, quel membre de la classe dirigeante foulera aux pieds, écrasera le peuple au Parlement, telle est l’essence véritable du parlementarisme bourgeois, non seulement dans les monarchies constitutionnelles parlementaires, mais encore dans les républiques les plus démocratiques ».
Quelques 90 années après que ces lignes aient été écrites, force est de constater que rien n’a fondamentalement changé. Les élus sont irrévocables entre les élections et font ce qu’ils veulent une fois passées les élections. L’argent domine toujours les campagnes électorales. En Belgique, le seuil pour être élu (et donc pour recevoir des subsides de l’Etat) a été fixé à 5% : en 2005, les partis traditionnels ont reçu 56 millions d’euros de l’Etat. Tant légalement que financièrement, cela élimine les partis qui n’ont pas le soutien financier de riches individus ou d’entreprises. Tous les partis établis sont favorables à des diminutions de charges pour les entreprises sur le dos des travailleurs et des ménages « afin de sauvegarder l’emploi ». En guise de sauvegarde d’emploi, le bilan est pourtant sans contestation possible éminemment négatif, les diminutions du taux de chômage sont surtout dues à des manipulations de statistiques.
Lénine a encore déclaré « l’Etat est l’organisation spéciale d’un pouvoir ; c’est l’organisation de la violence destinée à mâter une certaine classe ». Et effectivement, c’est toujours aux masses de trinquer, de manière plus ou moins violente en fonction du contexte. Les exemples où la gendarmerie et l’armée ont tiré sur la foule lors de protestations d’ampleur ne manquent pas dans l’histoire de la Belgique (et aujourd’hui encore, la police n’hésite pas à recourir à la violence pour disperser une manifestation). Contrairement à ce qui est communément admis, l’Etat n’est pas l’émanation des intérêts collectifs d’une société, mais bien l’émanation des intérêts des des patrons d’entreprises et des banquiers.
Une société planifiée, nous l’avons vu dans le point précédent, a besoin de démocratie comme un corps a besoin d’oxygène. L’Etat tel qu’il existe actuellement ne peut remplir un rôle de démocratisation des prises de décisions. C’est pourquoi un nouvel organe de gestion de la société doit être créé, sur base d’assemblées régulières et d’élections démocratiques de délégués et de comités au sein des entreprises, des quartiers, des écoles,… Toutes les personnes concernées par les activités de ces comités doivent être intégrées aux discussions et décisions (dans le cas d’une école, cela pourrait signifier que ce comité rassemblerait des représentants des étudiants, des parents et des professeurs.
Du temps doit être dégagé pour que chacun puisse avoir l’opportunité de s’investir dans la prise des décisions pour gérer la société. Il est parfaitement ridicule de voir que, dans la société capitaliste actuelle, chaque progrès technologique a pour effet de faire grossir les rangs des chômeurs et des travailleurs intérimaires tandis que d’autres travailleurs subissent des pressions pour travailler plus longtemps. Dans ces conditions, chacun a devant lui ses problèmes personnels (stress lié au travail, stress pour boucler ses fins de mois ou trouver un travail,…), ce qui rend plus difficile l’investissement politique. Pour cette raison, et aussi comme solution face au chômage, le temps de travail disponible doit être réparti en fonction des travailleurs disponibles de manière à créer des emplois correctement payés et non précaires. Parallèlement à cela, le développement des services publics – et de l’emploi dans ce secteur – permettra aussi d’économiser du temps. Le temps ainsi dégagé pourra servir à s’occuper de soi, de ses hobbies,… mais aussi à s’investir dans la gestion de la société.
Nous revendiquons la semaine de travail de 32 heures, avec embauches compensatoires et sans pertes de salaire.
5. Le bien-être des travailleurs et le bien-être de la planète vont de pair !
La question de l’emploi face à l’environnement est un sujet particulièrement sensible. Pour beaucoup de monde, et particulièrement au sein des syndicats, l’imposition de mesures destinées à protéger l’environnement est synonyme de perte d’emploi (à juste titre d’ailleurs tant que l’on pose cette question à l’intérieur du cadre du capitalisme). En Angleterre, par exemple, tous les syndicats sont contre la sortie du nucléaire par crainte de pousser dans la pauvreté les milliers de travailleurs qui vivent de cette industrie. Les jeunes radicalisés ou les militants écologistes peuvent ainsi se décrédibiliser aux yeux du mouvement ouvrier s’ils ne tiennent pas compte de cette réalité.
Or, face à la crise environnementale, nous devons mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour mobiliser le plus de forces possible dans la lutte. Se couper de couches de travailleurs ne peut qu’affaiblir le rapport de forces à construire face au patronat. Les travailleurs au sein des entreprises polluantes ne sont pas là par plaisir mais par nécessité économique : tout le monde n’a pas les moyens de refuser un emploi ! De plus, ce sont souvent les premières victimes de la pollution de l’entreprise en question. Les riverains et les travailleurs des entreprises doivent être liés dans la lutte. Pollution, conditions de travail déplorables, exploitation du terrain et des travailleurs : les responsables sont les mêmes !
Le meilleur moyen pour que la majorité de la population soit active dans la lutte pour la préservation de notre milieu n’est pas de s’attaquer à ceux qui sont déjà victimes et non responsables de la situation. Ce sont ceux qui dirigent l’économie et la production de ce que nous sommes en définitive forcés de consommer qui sont à pointer du doigt et à attaquer de la façon la plus ferme possible.
La revendication de fermeture des entreprises polluantes doit être liée à celle de la reconversion des entreprises et des travailleurs par le développement des services publics et de la recherche d’énergies alternatives, domaine dans lequel une masse d’emplois peuvent être créés. Là aussi, la revendication des 32 heures est importante.
6. La lutte pour la sauvegarde de l’environnement n’est pas distincte des autres luttes dans la société !
Avant même de s’occuper de résoudre les dégâts causés à l’environnement, il faudra procéder à un partage des moyens (c’est-à-dire des richesses) indispensables pour se prémunir des effets des dégâts déjà causés à notre milieu. Nous revendiquons, entre autres, le développement d’un service national de soins de santé afin d’étendre et de permettre la gratuité des soins. La lutte contre les effets de la pollution sur notre corps doit pouvoir se faire indépendamment des moyens financiers de chacun.
Les moyens existent pour financer cette mesure comme les autres que nous proposons. Si les poches des travailleurs et de leurs familles sont de plus en plus vides, ce n’est pas le cas de celles des patrons, des actionnaires et de leurs amis politiciens. La richesse cumulée des 946 milliardaires à travers le monde qui vivent de l’exploitation est de … 3.500 milliards de dollars (!). En Belgique, Didier Bellens, le patron de Belgacom, touche 2,2 millions d’euros par an, le patron de Dexia touche 1,450 million d’euros, comme le patron de Delhaize (1,4 million). Johnny Thijs, le patron de la Poste, touche lui 800.000 euros… Tout ça sans parler des divers avantages de leurs fonctions, des actions en Bourse,… Chaque année, la fraude fiscale des grandes sociétés en Belgique est estimée à plus de 15 milliards d’euros. La CGSP-Finance l’a même estimée à hauteur de 30 milliards en 2006 ! Ce sont les responsables qui doivent payer, c’est aux riches de débourser !
Ce constat n’est pas uniquement valable face à la problématique de l’environnement. Il est le même quelque soit le secteur que l’on considère. Dans tous les domaines de notre vie, dès que les capitalistes se sentent assez forts pour reprendre d’une main ce qu’ils ont dû, sous la pression, céder de l’autre, ils le font.
Le mal est le même, le remède doit l’être aussi. Nous devons en fait lutter contre ceux-là même qui sont responsables de l’exploitation des travailleurs, des attaques contre les acquis durement gagnés par les générations précédentes d’exploités,… L’unité des travailleurs doit être réalisée pour qu’ils puissent s’en prendre là au capitalisme là où il est le plus vulnérable : dans la production elle-même. Ce sont les travailleurs qui créent les richesses, c’est à eux d’en profiter. Nous voulons en finir avec la mainmise du privé sur les secteurs fondamentaux de la production.
7. Opposer l’internationalisme à l’impérialisme !
Un rapport récent estime que 1% du PIB mondial durant 50 années suffirait à résoudre le problème du réchauffement climatique. Ce sont des cacahuètes pour la bourgeoisie, mais c’est pourtant déjà de trop. Les capitalistes ne sont pas disposés à laisser de côté leurs bénéfices, même pour une somme aussi infime face aux enjeux en présence. Si la bourgeoisie n’arrive à trouver aucune solution viable, c’est qu’aucun accord n’existe entre des puissances impérialistes qui tentent chacune de protéger leurs multinationales. Les règles du capitalisme étant fondées sur la concurrence internationale et la recherche du profit maximal, les gouvernements sont incapables de contrôler l’économie mondiale et ne peuvent donc agir que de façon restreinte.
L’impérialisme laisse aussi des traces sur l’environnement, au-delà du fait que les budgets consacrés à l’armement font cruellement défaut ailleurs. Le Vietnam subit ainsi encore aujourd’hui les effets des produits chimiques déversés par l’armée américaine il y a déjà plus de trente années !
La mondialisation du commerce a engendré la mondialisation du trafic de déchets. L’exportation de produits dangereux est passée de 2 millions de tonnes en 1993 à 8,5 tonnes en 2001, en majorité vers des pays d’Afrique ou d’ex-Union Soviétique où les règles de protection sont inversement proportionnelles à la corruption.
D’autre part, une véritable politique environnementale ne peut être menée qu’internationalement. Il est évident que la pollution de l’air dans un pays n’a pas des effets que dans ce pays. Un plan énergétique mondial intégré dans un plan général de nationalisation et de planification des secteurs-clés de l’économie doit être élaboré. Tant que les multinationales dirigeront la société, aucune solution à long terme ne pourra être appliquée. Pire, cela pourrait être un prétexte pour stopper le développement d’un pays du monde néo-colonial sous prétexte de préservation de l’environnement. Les travailleurs du monde néo-colonial et ceux des pays capitalistes développés ont les mêmes intérêts et doivent être solidaires, leur lutte est la même et doit se diriger contre tous les capitalistes, quel que soit leur pays.
8. Pour une société socialiste démocratique basée sur l’épanouissement de chacun
Aucun des points de ce programme ne peut être réalisé indépendamment des autres, de la même manière que ce programme ne saurait être réalisé dans un seul pays. Mais mettre en oeuvre ce programme signifie impérativement aller vers une société socialiste démocratique qui rompe avec les chaînes du capitalisme.
Quelques revendications concernant le pétrole :
Notre programme est plus une méthode qu’une longue succession de points en fonction de cas particuliers. De plus, beaucoup d’entre elle répondent à des problèmes très différents.
Les revendications qui découlent d’un tel programme sont nombreuses et il s’agit pour nous de les choisir avec soin. En fonction de leur utilité immédiate, bien entendu, mais également en fonction de leur capacité à attirer – explicitement ou implicitement – l’attention sur le fait que toute solution à l’intérieur du capitalisme est à la fois partielle et éphémère. Et, en dernier point, et ce n’est pas le moindre, en fonction de leur capacité à unir dans la lutte l’ensemble des travailleurs face à leurs problèmes.
L’exemple ci-dessous permet de rendre cela un peu plus concret.
Le MAS/LSP exige:
- la ré-affectation des recettes pétrolières par l’Etat dans les secteurs prioritaires tel que l’enseignement, les soins de santé, le logement.
- l’abolition de la TVA sur le mazout et sur les autres sources de chauffage
- le gel immédiat des prix
- le retour du carburant dans l’index
- la nationalisation des multinationales pétrolières sous contrôle des travailleurs, ce qui permettrait aussi de mettre la main sur tous les brevets d’énergies alternatives accaparés par les multinationales.
Si toute activité humaine produit des déchets, toutes les façons d’organiser cette activité ne sont pas égales en termes de pollution. Le capitalisme, à cause de la recherche immédiate de profit maximum pour une minorité au détriment des besoins de tous, est un système dont la production est véritablement chaotique avec un rendement très faible. Une économie planifiée de façon démocratique aurait pour but de satisfaire les besoins de la population et intégrerait donc une politique de préservation de l’environnement, puisqu’il s’agit d’une question vitale pour l’humanité.
Pour la première fois dans l’histoire, un développement des forces productives peut aujourd’hui être planifié en tenant compte des capacités de la planète et des ressources en matières premières. Ce développement harmonieux entre l’homme et la nature est indispensable pour éradiquer la pauvreté et maintenir la paix mondiale.
Puisque le socialisme ne peut émerger qu’à partir du capitalisme, comme le résultat d’une lutte victorieuse des travailleurs contre celui-ci, les mesures spécifiques qui seront prises par le gouvernement socialiste dépendront des conditions économiques, sociales et politiques de ce moment-là. De la même manière que nous ne pouvons prévoir la date de la révolution, nous ne pouvons pas prévoir de manière précise et détaillée quelles en seront les conditions. Le socialisme n’est pas un modèle de société « clé sur porte » à appliquer dès que le capitalisme sera détruit mais un processus historique qui ne fait que commencer avec la destruction de l’ancien système.
La libération des forces créatrices du monde du travail, aujourd’hui complètement aliénées, opprimées ou soumises à la logique de profit conduira à un développement sans précédent de la société humaine. Chaque période révolutionnaire de l’histoire qui a vu une classe se libérer du joug d’une autre classe s’est aussi manifestée par une révolution sur le plan de la créativité et de l’inventivité dans les mœurs, les arts, la culture et la science. L’exemple de la Russie soviétique, avant la prise du pouvoir par la bureaucratie à la fin des années ’20, est très révélateur de ce processus, alors même que le pays sortait épuisé de la première guerre mondiale et d’une guerre civile. Le nouveau pouvoir des Soviets a ouvert le droit à l’avortement et à la contraception, facilité le divorce, créé des centaines de crèches. L’enseignement gratuit a été instauré. Une effervescence artistique sans précédent s’est développée (pensons au futurisme russe et en particulier à Vladimir Maïakovsky, tandis qu’en France les surréalistes embrasseront les idéaux socialistes avant de se détourner, avec raison, du stalinisme).
L’histoire de la Révolution russe, entre autres, permet d’ailleurs de donner des éléments de réponse à la question : une fois au pouvoir, le mouvement ouvrier ne va-t-il pas lui aussi développer une couche de fonctionnaires et de bureaucrates désireuse avant tout se remplir les poches ?
Dans la Russie de 1917, ouvriers, soldats et paysans ont constitué des milliers et des milliers de comités élus démocratiquement dans les entreprises, les quartiers, les casernes ou encore les villages. Ces élus étaient à tout moment révocables et ne pouvaient pas gagner un traitement plus élevé que le salaire moyen d’un travailleur (il s’agit d’un principe que notre organisation internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière, met en pratique pour chacun de ses membres élu à quelque niveau que ce soit). Les premiers à avoir été privilégiés ont été les spécialistes (scientifiques, ingénieurs, …) pour éviter la « fuite des cerveaux » face à la pénurie imposée par la guerre civile et les interventions des puissances impérialistes au cours des années qui ont suivi la Révolution. Mais ces spécialistes étaient placés sous le contrôle politique des travailleurs et les délégués élus par la population exerçaient eux-mêmes les fonctions législatives et exécutives dans les conseils (les soviets). Hélas, l’isolement de la Révolution dans le pays arriéré qu’était la Russie suite aux échecs des révolutions en Allemagne et en Hongrie, la guerre civile, les pénuries que celle-ci imposa aux masses, l’épuisement des ouvriers et des paysans après 4 années de guerre mondiale et 3 années de guerre civile, la disparition de milliers de militants ouvriers politiquement conscients partis défendre les armes à la main les acquis de la Révolution d’Octobre,… tout cela a ouvert la voie à une caste de fonctionnaires qui a dans les faits définitivement pris le pouvoir des mains des travailleurs à la fin des années ‘20. Les privilèges de cette caste ont été préservés par la répression, l’envoi en exil, la déportation ou l’exécution pure et simple des vieux militants bolcheviks ainsi que par la falsification historique (les photos retravaillées par les hommes de main de Staline pour effacer les « traîtres » sont célèbres).
Aujourd’hui, les risques d’une évolution similaire sont plus réduits. Tout d’abord, l’exemple de ce qui s’est passé en URSS reste vivace. Le meilleur hommage que nous puissions rendre à tous ceux qui ont eu à vivre sous la botte de Staline et de ses successeurs – qui, s’ils ont renié Staline, n’ont en rien renié le système bureaucratique qu’il a incarné – c’est de tirer des leçons correctes et de ne pas jeter l’enfant (le socialisme) avec l’eau du bain (le stalinisme).
Ensuite, aujourd’hui, les économies nationales sont tellement liées entre elles au sein d’une véritable économie mondiale et les moyens de communication si développés qu’un pays qui briserait les chaînes qui le lient au capitalisme aurait un impact très rapidement jusqu’à l’autre bout de la terre. Rompre l’isolement d’un pays en révolution – ce qui est crucial pour la survie et le développement d’une expérience socialiste – sera certainement beaucoup plus aisé au 21e siècle qu’en 1917. Aujourd’hui, tous les pays comprennent une proportion bien plus grande de personnes sachant lire, écrire, calculer… qu’en Russie en 1917. La population urbaine est majoritaire à l’échelle mondiale, le nombre de salariés est sans commune mesure avec la faible minorité que représentaient les ouvriers en Russie. Tout cela augmente d’autant les capacités des masses à réellement participer et à contrôler la construction de la nouvelle société.
Toutefois, le risque d’une bureaucratisation est toujours bien présent. La meilleure manière d’éviter que l’histoire ne se répète, c’est de préparer dès aujourd’hui les remèdes. Cela passe par le développement d’une culture de démocratie, de débat et de libre critique dans les luttes et au sein des mouvements sociaux et des organisations politiques où chacun peut être intégré et participer activement aux prises de décisions. D’autre part, cela signifie également de construire, tant sur les plans national qu’international, un parti révolutionnaire assez fort pour que la construction de la société à venir puisse s’effectuer dans les meilleurs conditions. Cependant, l’efficacité du parti révolutionnaire est indissolublement liée à l’auto-organisation des masses et à une culture généralisée de libre débat.