France : Analyse du 1er tour de l’élection présidentielle

Dégageons les politiques d’austérité, celle de Sarko comme les autres !

C’est une sanction sans appel qu’a connue Sarkozy lors du premier tour de l’élection présidentielle. Une occasion dont on ne peut que se réjouir de rabaisser le caquet de cet arrogant président des super riches, de celui qui tout en parlant de  »la France qui se lève tôt » » a augmenté son salaire de 172% et son patrimoine personnel de 663000€ pendant son quinquennat ! Voilà la réponse de nombreux travailleurs et jeunes à cinq ans de politique au service des classes dirigeantes capitalistes.

Hollande profite du vote anti-Sarko

     Le candidat du PS, François Hollande, a le plus bénéficié de cette vague anti Sarko et a habilement su surfer dessus. Il a cherché pendant toute la campagne à se positionner comme le seul candidat crédible pour battre Sarkozy. En dehors de quelques annonces de mesures sociales (augmentation du SMIC, taxation des revenus les plus élevés à 75%…), il a évité de mettre en avant son programme économique qui est plus ou moins le même que Sarkozy avec un écart d’un an dans la mise en application des mesures d’austérité. Dans le même temps il a tout fait pour réconforter les capitalistes et les marchés boursiers sur le fait qu’il serait capable de gérer la crise, sous entendu gérer une crise sociale sans précédent en France et des luttes potentiellement explosives.

Les questions sociales et la crise se sont invitées dans la campagne

En effet, les questions sociales et la crise ont dominé la campagne électorale, même si très peu de candidats en avaient fait leur priorité. Mais impossible de cacher aux 46 millions d’électeurs qu’il y a plus de 8 millions de français qui vivent avec moins de 954 euros par mois ! Impossible aussi de masquer les licenciements en série depuis 3 ans et les fermetures d’usines (1 million d’emplois industriels ont été supprimés). Et pourtant, malgré des conditions défavorables (pas de riposte organisée à une échelle nationale par les syndicats et les partis de gauche), les luttes n’ont pas cessé et se sont maintenues à un niveau quantitativement élevé.
Les marchés boursiers, et les capitalistes dans leur ensemble, en sont bien conscients et inquiets. Ils savent bien que les préoccupations sur l’emploi et le pouvoir d’achat sont source de conflits et de luttes sociales massives dans un avenir proche d’où leurs propres hésitations et les chutes brutales sur les marchés financiers quelques jours avant le premier tour. Ils ont peur que la situation ne leur explose à la tête comme c’est le cas dans d’autres pays d’Europe.

La bonne campagne de Mélenchon traduit une colère grandissante des classes populaires

Le vote Mélenchon avec ses 11,7 % a traduit et transcrit en très grande partie cette colère montante.  Ce vote très important est dû à une campagne dynamique pendant laquelle Jean Luc Mélenchon s’est présenté comme le défenseur des travailleurs contre les capitalistes et les classes dirigeantes, contre le racisme et a même évoqué le socialisme. Jamais depuis 1981, un candidat à la gauche du PS n’avait atteint un tel score. En 2002, l’extrême gauche avait atteint près de 10% et sur 30 millions de votes exprimés 3,6 millions avaient voté à la gauche du PS (contre 4,5 millions cette année). Le succès du candidat du Front de gauche prolonge la colère accumulée parmi les travailleurs et les jeunes les plus radicalisés après des années de politiques néolibérales capitalistes, de casse des services publics, d’attaques sur les retraites.
L’affluence record lors des manifestations du Front de gauche à Paris, Toulouse et Marseille a marqué la campagne électorale. Elle souligne clairement l’envie de s’approprier à nouveau la rue. Une partie grandissante des travailleurs et des jeunes ressent la nécessité de lutter contre les politiques d’austérité. Ce sentiment s’est d’abord traduit par le refus du prétendu vote utile pour Hollande face à Sarkozy, le PS étant à juste titre perçu comme insuffisamment opposé aux politiques au service des capitalistes. Et avec le slogan « Prenez le pouvoir » il a soulevé, sans y répondre, la question de qui doit décider dans la société.
Cette colère s’est aussi exprimée, dans une moindre mesure, avec les votes pour Philippe Poutou  (NPA) et Nathalie Artaud (LO). Le NPA, avec la candidature de Philippe Poutou, a voulu présenter un travailleur de l’automobile, cependant le programme du parti n’a pas permis de s’adresser aux travailleurs et aux jeunes qui veulent résister et lutter car il n’est pas lisible, et ne permet pas de se confronter à la situation économique et sociale nouvelle. Le NPA s’est donc retrouvé dans l’incapacité à représenter un point d’appui pour les luttes et un porte voix des travailleurs et de la jeunesse lors des élections, alors qu’à sa création il représentait un réel espoir de construire un parti de lutte des travailleurs. Mais le refus de sa direction de discuter dans ses rangs et de proposer aux travailleurs une politique et un programme clair pour le socialisme, et de privilégier les débats sur les élections ont transformé le NPA en échec. Cet échec n’est pas une bonne chose pour les travailleurs, et le NPA aurait pu jouer un plus grand rôle dans cette campagne, les raisons de son échec doivent servir de leçon pour toute nouvelle formation de gauche.
Ainsi, que dire de leur déclaration du 22 avril au soir appelant à rassembler les anticapitalistes (en s’adressant aussi au Front de Gauche et à Lutte Ouvrière)? N’était-ce pas déjà l’objectif du NPA il y a quatre ans ? N’est-ce pas un peu tard après le succès de la campagne du Front de gauche ?

Le FN s’enracine : il faut démasquer Marine Le Pen !

Le vote pour Marine Le Pen a été important, la candidate du FN arrivant en 3ème position. La politique sécuritaire et raciste de Sarkozy depuis près de 10 ans n’a eu de cesse de renforcer la division au sein des classes populaires et chez les travailleurs et les jeunes.
Comme la politique antisociale de Sarkozy a pesé sur ces mêmes couches populaires influencées par les idées racistes et que Marine Le Pen, au début de sa campagne, a fait des questions sociales sa priorité, beaucoup d’électeurs qui avaient voté Sarkozy en 2007 ont très logiquement voté cette fois-ci à l’extrême-droite pour le sanctionner.
L’augmentation significative du nombre de voix qui se sont portées sur la candidate du FN est   d’autant plus inquiétante que la virulente campagne de Jean Luc Mélenchon contre elle a certainement limité l’ampleur du phénomène en particulier dans la classe ouvrière. Ils sont ainsi en position pour remporter des sièges de députés aux élections législatives de juin prochain.
La montée du FN n’est pas arrivée d’un coup à cette élection, mais deux éléments importants peuvent expliquer ce vote, qui n’est pas un simple « vote de protestation ». La crise et la politique de Sarkozy ont grandement dégradé les conditions de vie de beaucoup de travailleurs et jeunes. Un chômage de masse s’installe en France et partout en Europe.
Mais surtout, les classes dirigeantes apparaissent à l’occasion de cette crise sous leur vrai jour : une bande de corrompus et de voleurs.
L’UMP, la droite « décomplexée » de Sarkozy, affiche un mépris sans nom pour les travailleurs et a donné du crédit aux thèses racistes défendues par le FN ces cinq dernières années. Le PS ne promet qu’une austérité « light » et a accepté d’une certaine façon les termes du débat sur l’immigration et la sécurité tels qu’ils ont été posés par l’extrême droite.
A ne pas donner de réponses à la crise, à dépenser toute leur énergie à sauver un système capitaliste qui ne produit que misère, la classe politique permet que les réponses du FN recueillent un tel soutien. C’est bien la collusion des partis traditionnels qui est rejetée par les électeurs du FN. Une collusion pour gérer le capitalisme dans les intérêts de leur classe sociale. C’est cela qui permet principalement au FN de se présenter comme la seule opposition au monde de la finance et aux élites politico-médiatiques.
Le seul moyen de faire reculer le FN est d’offrir aux travailleurs, aux chômeurs et à tous ceux qui sont victimes des politiques capitalistes (sous étiquette UMP ou PS) un programme alternatif. Un programme d’unité des travailleurs dans la lutte pour une société débarrassée de la misère et de tous ces parasites politiques et financiers.

Que Sarkozy dégage et les politiques d’austérité avec lui!

Si Sarkozy est battu au deuxième tour, tant mieux ! Et ce sont toutes les politiques au service du système qu’il faut battre et cela ne se fera pas le 6 mai, ni aux législatives.
Dans le contexte de crise aggravée du capitalisme, la France est sur la sellette. Nous savons tous que les conséquences seront payées au niveau social, comme dans les autres pays d’Europe, en particulier par les classes populaires, dégradant davantage les conditions de vie, de travail et d’études des travailleurs et des jeunes. Un second mandat de Sarkozy serait dévastateur. Alors tant mieux si Sarkozy, qui incarne cette politique de casse par tous les aspects de sa personne, dégage.
Dans ce contexte le vote Hollande va être massif pour en finir avec Sarkozy et avec les politiques racistes et sécuritaires. Mais ce vote a une portée très limitée, il  ne traduit pas un vrai soutien au programme porté par Hollande. En effet, du point de vue des politiques d’austérité, rien n’est réglé. Hollande l’a dit, il est prêt à mener les coupes qui seront nécessaires… tout en promettant d’essayer d’être juste. Il prétend pouvoir concilier les intérêts des capitalistes et les intérêts des travailleurs et de la majorité de la population.
Il nous ment, les exemples en Europe sont nombreux de PS capables de mener les coupes pour sauver les intérêts des banques. Et Hollande n’est pas né de la dernière pluie. Éduqué en politique sous Mitterrand, il sait déjà qu’un gouvernement de gauche, pourtant porté à l’époque par un espoir et un soutien gigantesques de la population, a mené à partir de 1983 des politiques d’austérité. Les années Jospin ont confirmé aussi combien l’appareil du PS a été capable, avec la Gauche plurielle, de s’en prendre aux travailleurs et aux jeunes en défendant les intérêts des classes dominantes et en privatisant plus que la droite, avec Balladur et Juppé, ne l’avait fait dans les cinq années précédentes.
Les législatives donneront peut être une majorité de « gauche » mais quelle gauche ? Car Hollande propose de « réduire les dépenses publiques », tout en promettant de créer 60000 emplois dans l’Education nationale… Ne nous y trompons pas, avec la  crise qui va continuer, il appliquera les plans de rigueur exigés par les capitalistes comme ses collègues des autres PS en Europe.
Ce sera donc certainement dès la rentrée qu’il faudra que nous nous rassemblions (syndicats, partis de gauche, travailleurs en lutte) pour une première grande journée de lutte, pour avertir le nouveau gouvernement que nous refusons l’austérité. La dynamique qui a entouré le Front de Gauche peut être un point d’appui, si dès maintenant cela est discuté dans ses rangs et en direction des travailleurs, de la jeunesse et des autres couches de la population qui subissent la crise et les attaques gouvernementales. Il pourrait prendre des initiatives à l’image de la campagne présidentielle, mais en les tournant cette fois ci vers les luttes et vers la discussion autour de la nécessité d’un parti qui défende réellement nos intérêts, qui discute de la construction des luttes, et des moyens de renverser le capitalisme et de construire le socialisme.

Manifestons pour le dernier 1er mai de Sarko et de toutes les politiques au service du système !

Toute la droite (UMP et FN) veut récupérer la journée de solidarité des travailleurs à son compte pour ses petits calculs politiciens. Nous devons être des millions dans la rue à rejeter leurs politiques. Nous devons faire une démonstration de force qui montre qu’on ne se laissera pas faire et qu’on se prépare à résister à toutes les politiques d’austérité. Cette opposition devra se concrétiser dans les luttes mais aussi devrait permettre d’avancer vers un outil politique, un parti qui rassemble tous ceux qui veulent en finir avec l’austérité à perpétuité à laquelle nous condamnent le PS et l’UMP. Ne laissons pas le FN se prétendre l’opposition pour les classes populaires ! Organisons- nous même la riposte en commençant par un 1er mai massif et combatif !
La droite est très agressive et Sarkozy a fait le choix de reprendre les thèmes qui l’ont fait gagner en 2007 : le travail, l’immigration et l’insécurité. Il existe un risque que suffisamment d’électeurs du FN votent pour lui et qu’il puisse remporter cette élection.
Dans tous les cas nous ne devons pas baisser les bras et nous préparer à résister contre toutes les politiques au service des capitalistes et les politiques racistes autour d’un programme de luttes et d’actions :
– Ce n’est pas à nous de payer la crise des capitalistes ! Pour la nationalisation sans indemnité ni rachat des banques et du secteur financier, sous contrôle démocratique des travailleurs et de la population.
– Face au FN : unité des travailleurs et des jeunes contre le racisme ! Travailleurs français et immigrés : égalité des droits !
– Un emploi stable pour tous et toutes avec un salaire décent !
– Diminution du temps de travail sans perte de salaire jusqu’à disparition du chômage !
– Un logement décent pour tous et toutes !
– Des services publics gratuits et de qualité !
– Nationalisation sous le contrôle et la gestion des travailleurs, en lien avec la population, des principaux moyens de production, de distribution et d’échange !
– Non au capitalisme ! Pour une société socialiste basée sur la satisfaction des besoins de tous !
Ce que montre cette élection, c’est bien qu’il y a besoin d’un véritable parti de masse et de lutte des travailleurs et de la jeunesse, contre l’austérité, contre le capitalisme et les gouvernements à son service et pour une société réellement démocratique et socialiste.
Le capitalisme est responsable des guerres, de la misère, de la destruction de l’environnement. Il est aujourd’hui incapable de faire face aux conséquences de la crise et nous fait payer la facture, quel que soit le gouvernement en place.
La Gauche révolutionnaire lutte pour en finir avec tous les plans d’austérité, pour rassembler les travailleurs et les jeunes contre le capitalisme et le racisme, quel que soit le gouvernement. C’est en discutant d’un programme socialiste révolutionnaire, d’un parti capable de le défendre, de le discuter avec des millions de personnes, que nous pourrons construire une véritable alternative au capitalisme. C’est cela que défend et veut construire la Gauche révolutionnaire et qu’elle propose aux débats et dans les luttes qui suivront contre les politiques d’austérité.

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