Faire grève, s’organiser et gagner : De Wever et sa politique doivent dégager!

Tous les jours, nous devons subir la rhétorique de la droite, qui influence aussi nos collègues et nos familles. Les chômeurs et les malades sont qualifiés de profiteurs, la militarisation est présentée comme la seule option. Pourtant, les choses peuvent se passer autrement. La manifestation massive du 14 octobre a montré à quel point la résistance contre la politique des gouvernements de droite est largement soutenue.
L’accord de Pâques n’était pas encore digéré que l’accord d’été était déjà là. Chaque saison, l’Arizona lance une nouvelle série d’attaques contre notre niveau de vie. Si nous n’inversons pas cette tendance, l’avalanche ne fera que s’amplifier, tout comme le chaos social qui l’accompagne. Beaucoup d’entre nous n’en peuvent plus, l’incertitude et la peur sont grandes. Une lutte massive est nécessaire pour mettre fin à cette politique antisociale, pour que la peur change de camp et pour enfin remporter de nouvelles victoires avec la classe ouvrière dans toute sa diversité.
Faut-il faire des économies ?
L’accord du gouvernement Arizona prévoyait déjà un effort budgétaire de 23 milliards d’euros, auxquels s’ajoutent maintenant 10 milliards à l’horizon 2029. Pour George-Louis Bouchez, cela n’est pas assez : ce sont 20 milliards qui devraient être trouvés en plus pour « redresser le budget ».
Selon ce gouvernement, nous devons tous faire un effort, et les attaques pleuvent de tous côtés : la pénalité sur les pensions, la suppression des primes pour le travail de nuit, l’extension des possibilités d’heures supplémentaires, la limitation du délai de préavis, l’accès plus difficile aux emplois de fin de carrière, les attaques contre les chômeurs, les économies dans les transports publics, les économies dans l’enseignement… ne sont que quelques-unes des mesures les plus récentes.
Pour trouver de l’argent, le gouvernement est prêt à sacrifier toute forme de protection sociale, et à abandonner les maigres efforts qui étaient faits pour contrer la chute de la biodiversité et le réchauffement climatique, mais aussi à sabrer dans l’aide au développement, les mesures contre les discriminations (par exemple UNIA) et les mesures en faveur des droits des femmes et des personnes LGBTQIA+. Selon eux, il n’y a pas d’alternative.
On trouve 4,8 milliards d’euros pour des avions de chasse, auxquels Francken voudrait ajouter encore 500 millions pour des drones, mais il n’y a pas d’argent pour aider la population à Gaza au au Soudan.
Dans un nouveau rapport, la Banque nationale de Belgique révèle qu’il n’y a jamais eu autant de subsides accordés aux entreprises : la Belgique consacre chaque année 25 milliards d’euros de subsides et d’aides à l’investissement, soit 4,1 % du PIB, presque le double du niveau de 2000. Et pendant que l’Arizona cherche à diminuer les dépenses, elle n’a pas peur de sabrer dans les recettes en diminuant les taxes pour les plus riches. Ainsi, en juillet, le gouvernement a voté en toute discrétion l’exonération de cotisation patronale pour les salaires trimestriels qui dépassent 85 000 euros brut. Cela signifie que si vous gagnez plus de 30 000 euros par mois, vous ne devrez pas payer d’impôt sur le surplus… cela concerne environ 1700 personnes super-riches en Belgique ! Pendant que les plus riches engrangent les cadeaux, la classe travailleuse doit se serrer la ceinture : pas de place en crèche, pas d’enseignant à l’école, pas de salaire décent pour ceux qui travaillent, pas de départ anticipé pour les professions pénibles, pas de maison de repos abordable…
L’alternative existe : prenons l’argent où il se trouve : dans les poches des actionnaires et des super-riches !
Nos actions servent-elles à quelque chose ?
Après la manifestation historique de plus de 150 000 personnes à Bruxelles, les politiciens de l’Arizona ont fait la sourde oreille et ont méprisé l’opposition flagrante à leur politique de destruction sociale.
Pourtant, le gouvernement a été mis sous pression, son unité interne a été ébranlée. Le vote sur le budget a été reporté et le ton des discussions dans les médias a changé suite à la manifestation. L’opposition s’est sentie pousser des ailes et a été plus confiante pour critiquer la politique du gouvernement. Les organisations syndicales ont également été poussées dans le dos et ont annoncé la suite de la mobilisation.
La manifestation a eu un effet important sur le rapport de force dans la société entre notre camp social et les politiciens au service des super-riches. Mais ce n’est pas encore suffisant : tant que ce gouvernement sera au pouvoir, il ne proposera rien d’autre qu’une politique de casse sociale et de cadeaux aux banques et aux grands patrons. Notre objectif doit être clair : nous ne voulons plus de l’Arizona, ce gouvernement doit tomber !
Pour y arriver, nous devons nous organiser avec un plan d’action sérieusement préparé. Ce plan d’action pourrait démarrer par une campagne d’information et des assemblées du personnel sur les lieux de travail pour convaincre nos collègues de participer aux prochaines actions et être de plus en plus nombreux.ses. Il faut aussi s’orienter vers un public plus large pour construire leur sympathie et les convaincre de manifester avec nous.
Luttons pour de meilleures conditions de vie
Nous avons aussi besoin d’un programme mobilisateur, qui donne envie de se battre. Nous savons déjà ce que nous ne voulons pas : les mesures du gouvernement Arizona. Mais nous devons mettre en avant ce que nous voulons à la place :
- Plutôt que de faire payer les plus pauvres, prenons l’argent où il se trouve, par exemple chez les multinationales ou en instaurant un impôt sur la fortune. Si le capital proteste, mettons-le entre les mains du secteur public. Ce sont les travailleurs qui créent la prospérité, et cette prospérité leur appartient, à eux et à leurs familles, tout comme le contrôle démocratique qui va avec.
- Ramenons l’âge de la retraite à 65 ans dans un premier temps, pour ensuite le diminuer davantage. Retraite anticipée à partir de 60 ans, mesures de fin de carrière à partir de 55 ans. La pension minimale doit être viable, 1 500 euros par mois ne suffisent pas, elle doit être portée à au moins 2 300 euros, soit le coût moyen d’une maison de retraite.
- Réduisons la semaine de travail à 30 heures sans perte de salaire et embauchons du personnel supplémentaire pour réduire la pression au travail. Pour des négociations libres afin d’augmenter les salaires. Quand la productivité augmente, ce ne sont pas les actionnaires, mais les travailleur.se.s et leur camp social qui doivent en profiter.
- Le système des services publics doit partir des besoins, et non des contraintes budgétaires issues des dogmes néolibéraux. Au lieu d’une érosion et d’un démantèlement systématiques, nous avons justement besoin d’une extension des services publics — soins de santé, enseignement, transports publics, etc. — avec de meilleures conditions de travail: effectifs suffisants, salaires plus élevés, charge de travail raisonnable.
- Elaborons un plan public national pour répondre à l’urgence climatique, avec zéro émission d’ici 2035, qui maintienne la production industrielle et les emplois.
Si ces revendications entrent en conflit avec les intérêts financiers, ce ne sont pas nos revendications qui posent problème. Le capitalisme doit disparaître pour laisser place à quelque chose de beaucoup plus démocratique : une société socialiste dans laquelle l’économie est planifiée démocratiquement dans l’intérêt des personnes et de la planète !
| Les femmes, premières victimes des politiques antisociales Les mesures du gouvernement Arizona minent davantage l’indépendance financière des groupes plus vulnérables. Les femmes sont plus nombreuses dans les emplois essentiels mais sous-payés, dans les métiers du soin, du nettoyage, de l’accueil, de l’éducation. Elles sont majoritaires parmi les temps partiels involontaires et les bas salaires. Elles sont donc les premières à subir les réformes antisociales du gouvernement. En Belgique, selon l’IWEPS, près d’une femme sur trois a déjà été victime de violences psychologiques, physiques ou sexuelles de la part d’un partenaire intime, au moins une fois dans sa vie. Une femme sur cinq aurait été victime de viol selon Amnesty. Ces chiffres hallucinants montrent que le problème est structurel et nécessite une réponse sociétale. Dans ce contexte, les CPVS offrent une prise en charge multidisciplinaire et sécurisée des victimes, mais leur nombre n’est pas suffisant. Le gouvernement Arizona ne prévoit pas une augmentation des ces centres à la hauteur des besoins existants. Le manque de moyens est encore plus grave pour l’accompagnement physique, psychologique, social et juridique à plus long terme. En outre, pour pouvoir faire le choix de quitter une situation familiale violente, les femmes et les minorités de genre ont besoin des places suffisantes dans des refuges, mais surtout l’accès à un logement digne et abordable.. Pourtant, ces mesures sont absentes du programme de l’Arizona. Les revendications féministes – égalité salariale, protection contre les violences, services publics forts, droit à la santé, revalorisation du travail du care — sont aussi celles de toute la classe travailleuse. De nombreuses femmes se sont mobilisées et organisées pour la manifestation du 14 octobre. Continuons à porter les revendications féministes dans la suite du mouvement pour faire tomber le gouvernement ! |