De la conférence de Bali à celle de Poznan. Faire du vent ne changera rien…

Quand le Groupe Intergouvernemental d’Experts sur le Climat (GIEC) a publié son quatrième rapport en 2007, un certain vent de panique a soufflé sur le monde. Mais si les prévisions s’avéraient véritablement affolantes, elles étaient également encore trop optimistes. Depuis lors, les connaissances sur les changements climatiques se sont approfondies et selon le WWF, hélas, il faut admettre que le réchauffement climatique se développe bien plus rapidement que prévu.

Selon le rapport du WWF (“Climate change: faster, stronger, sooner”), la disparition totale des glaces du Pôle Nord en été devrait survenir entre 2013 et 2040. Ce phénomène, inconnu en plus d’un million d’années, se produirait donc 30 années plus tôt que ce que le GIEC avait mis en avant. Le niveau de la mer monterait ainsi de 1,2 mètre d’ici la fin du siècle, ce qui représente plus du double de la prévision du GIEC. Aux îles Maldives, dont une grande partie de l’archipel menace d’être engloutie par la montée des eaux, on se prépare à devoir évacuer la population entière du pays…

En Europe aussi les conséquences seront dramatiques. La région qui borde la Méditerranée subira des sécheresses plus nombreuses et de plus longue durée tandis que la Commission européenne estime de son côté que 369.000 personnes décèdent déjà chaque année prématurément en conséquence de la pollution atmosphérique. Ces morts prématurées, les problèmes de santé liés à la pollution de l’air et les médicaments qui y sont liés coûtent entre 3 et 9% du PIB de l’Union européenne.

Ici, on ne parle pas encore de l’impact de l’augmentation des températures sur les récoltes, qui ont d’ores et déjà diminué, ou de celui de la rapidité des changements, qui empêche bien des espèces vivantes de s’adapter. L’Union mondiale pour la Nature (UICN) a récemment présenté son rapport 2008, duquel il ressort que sur les 44.838 espèces vivantes mises sous surveillance, 16.928 sont menacées de disparition, contre 16.306 “seulement” en 2007. Le changement climatique n’est bien entendu pas le seul élément qui conduit à cette situation, mais sa contribution est d’importance. Ainsi, bien plus que la chasse, c’est aujourd’hui la disparition de leur nourriture de base à cause de l’élévation des températures de l’océan qui menace les baleines.

 

Cessons de subir

Comme le dit le spécialiste du climat de WWF-Belgique, Sam Van den Plas, “Les discussions actuelles autour du changement climatique se concentrent sur les coûts pour l’industrie et l’économie”. Les priorités telles qu’elles sont mises dans cette société nous conduisent droit à la catastrophe. Cela fait des années que l’on discute des émissions de gaz à effet de serre, cela fait des années que les Etats – sous l’égide des Nations-Unies, de l’Union Européenne ou de quoi que ce soit d’autre qui puisse attirer les médias en masse – multiplient les déclarations d’intentions. Et le résultat n’est pas maigre. Il est inexistant.

En septembre, le Global Carbon Project (GCP) a publié son analyse des données mondiales des émissions de gaz carbonique pour 2007. “Depuis 2000, les émissions ont crû en moyenne de 3,5% par an, soit quatre fois plus vite qu’entre 1990 et 2000, où cette augmentation annuelle n’avait été que de 0,9% environ” déclare l’un des membres du GCP. Le pire scénario du GIEC ne parlait que d’une hausse de 2,7% par an.

De la Conférence Internationale sur le Climat qui se tiendra à Poznan, comme d’autres réunions internationales, rien de concret ne sortira. En période de crise économique les entreprises chercheront à diminuer leurs coûts, pas leurs émissions. Et elles auront du soutien. Alors que l’on assiste depuis des années à une destruction consciente de la planète et au pillage de ses ressources dans le seul but d’accroître la richesse écœurante d’une minorité de parasites, les Etats n’ont jamais pris de décision à la hauteur de la gravité de la situation. Mais des centaines de milliards d’euros ont été trouvés en quelques semaines pour sauver les banques en difficulté partout dans le monde…

 

 

Article par NICOLAS CROES

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