Contre l’Europe du capital, pour une Europe socialiste!

Après des décennies de politique néolibérale, l’idée que cette Union Européenne est la nôtre est de plus en plus contestée. L’UE n’a rien à voir avec la paix et la collaboration entre les peuples européens, c’est une machine d’attaque contre nos salaires, nos conditions de travail et notre niveau de vie.

Pour les partis traditionnels, les élections européennes sont le moment de prédilection pour faire fleurir les promesses vagues et les grands principes abstraits. Mais pour les postiers ou les conducteurs de train, dont les conditions de travail sont régulièrement attaquées avec l’excuse des décisions de “l’Europe”, l’UE est quelque chose de très concret.

Libéraliser pour maximaliser les profits

L’UE est le symbole d’un agenda néolibéral et d’une politique de privatisation et de libéralisation : tous les secteurs publics doivent se plier à la logique du «Marché Libre» conquérant.

A La Poste, pour préparer la libéralisation, 8.000 emplois sur 40.000 ont déjà disparu, des centaines de bureaux sont maintenant fermés et seuls les grands clients qui représentent une belle «part de marché» sont servis comme il faut. Les victimes ? Le personnel, tant ceux qui ont été poussés vers la sortie que ceux qui sont restés et ont vu considérablement augmenter leur charge de travail. Et, bien entendu, les usagers ordinaires des services postaux qui souffrent aussi de cette situation en devant, par exemple, aller plus loin pour aller acheter des timbres ou un recommandé.

Plusieurs de nos pays voisins connaissent un “marché” de la Poste déjà libéralisé. C’est le cas de la Grande-Bretagne, des Pays-Bas, de l’Allemagne, de la Suède et de la Finlande. La “libre concurrence” créée par la libéralisation a surtout fait sentir ses effets au niveau des salaires et des conditions de travail: de nouvelles entreprises comme Selekt Mail et Sandd ne paient que 7 euros de l’heure, TNT-Post a appliqué une baisse de 5% à 15% des salaires ! Dans les petites entreprises commerciales, il y a même des “livreurs” qui travaillent à la pièce ! Les bureaux de poste ont été fermés pour être remplacés par l’équivalent de nos “points poste”. Le service à la clientèle est de plus en plus remis en question. Le directeur commercial de TNT-Poste, a ainsi déclaré : “On évolue vers une situation où la poste ne sera livrée que 3 ou 4 fois par semaine. Nos clients commerciaux ont fait comprendre qu’ils n’ont pas besoin d’une livraison six fois par semaine. Et là, on peut économiser sur 90% de notre volume.” C’est de là que proviennent des idées comme le remplacement de facteurs par des «livreurs» travaillant à temps partiel pour de petits salaires.

Après trois générations de Géoroute, les fermetures de bureaux, les réorganisations incessantes,…, nous savons que la libéralisation n’est pas un succès et que les conditions de travail sont devenues intenables. La libéralisation sert seulement à maximaliser les profits des actionnaires : La Poste danoise – entrée dans le capital de la Poste belge – est déjà repartie avec un beau profit, le fonds d’investissement CVC qui contrôle désormais la moitié du capital de La Poste recevra, cette année, un cadeau de 500 millions d’euros. Vu la crise financière, le fait que La Poste est maintenant aux mains d’un tel fonds devrait nous alarmer: la libéralisation de La Poste est tout aussi dangereuse que la libéralisation des banques !

D’autres secteurs encore sont en danger. Tandis que l’Etat garde à sa charge les secteurs impossibles à rentabiliser, réduits à un sous-financement systématique, les secteurs potentiellement profitables sont préparés à être libéralisés. Bref, les frais sont assumés par la collectivité et les profits privatisés. Ces dernières années, les chemins de fer ont ainsi énormément investi dans des trains internationaux rapides, mais le réseau national est fortement sous-financé. Pas besoin d’en expliquer les conséquences à ceux qui prennent le train quotidiennement…

Contre les privatisations, européennes comme nationales, nous revendiquons des services publics où le service à la population reste la priorité. La véritable discussion porte sur la quantité de moyens que la collectivité veut utiliser pour investir dans le droit à la mobilité, à l’énergie, à la communication,… de la population entière ! Dans une entreprise privée, en définitive, le personnel et les utilisateurs subventionnent les actionnaires.

Spirale vers le bas

Selon «l’Europe», les services publics nationaux doivent être libéralisés pour faire de la place à des entreprises issues de l’UE entière. La conséquence de cette mise en concurrence ne sera pas une baisse des tarifs et un meilleur service mais une spirale vers le bas pour les conditions de travail et de salaire. La Cour de Justice Européenne a en plus explicitement décidé que des entreprises ont le droit de faire travailler à des salaires plus bas que les salaires sectoriels. L’entreprise lettonne Laval a eu ainsi l’avantage de pouvoir faire travailler ses ouvriers en Suède à 9 euros de l’heure (salaire minimal suédois) au lieu du standard du secteur: 16 euros de l’heure. Selon la Cour, le salaire minimal est le seul à devoir être respecté.

La «libre circulation» des personnes et des services au sein de l’UE ne concerne, par contre, pas les demandeurs d’asile qui doivent rester à l’extérieur de «l’Europe Forteresse». Le seul but est d’offrir aux patrons et aux entreprises, de nouvelles possibilités pour faire plus de profit, plus facilement. C’est dans ce cadre qu’ont été utilisés les travailleurs du sud ou de l’est de l’Europe.

Le secteur de la construction s’est fait le spécialiste de cette pratique, surtout en période de croissance économique. Mais maintenant que le marché de l’immobilier connaît des problèmes, ces ouvriers «importés» sont les premiers à perdre leur emploi et ils doivent parfois retourner dans leur pays. Un certain nombre d’entreprises utilisent de préférence ces ouvriers étrangers car cette situation précaire les rendent plus malléables et prêts à accepter de moindres salaires.

La raffinerie Linsey en Grande-Bretagne en a récemment donné un bon exemple. La direction de Total (qui possède cette raffinerie) avait engagé une entreprise italienne de construction pour y faire travailler des ouvriers portugais et italiens, payés aux salaires de ces pays. Au terme d’une grève combative, le personnel (britannique) de la raffinerie a obtenu que ces travailleurs italiens et portugais bénéficient des mêmes conditions de travail, de salaire et de droit syndicaux que les autres. L’establishment a de suite présenté cette résistance contre le recours à des collègues étrangers moins chers comme une réaction «nationaliste». L’absence de réponse syndicale combative contre cette politique de «diviser pour mieux régner» a contribué à renforcer ce point.

Quand l’Union Européenne parle «d’harmonisation», ce n’est que pour imposer aux travailleurs plus de flexibilité et moins de protection sociale, ce que l’agenda de Lisbonne appelle avec cynisme la «flexicurité». En guise de sécurité, seule celle d’avoir plus de flexibilité est assurée…

Organiser une manifestation européenne de temps en temps est plus qu’insuffisant pour s’opposer à la machine de casse sociale européenne. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une véritable organisation des travailleurs autour d’une plateforme de revendication offensive pour une protection sociale accrue ainsi que pour l’amélioration des conditions de travail et l’augmentation des salaires. Des actions européennes et des grèves contre la politique de démantèlement, contre la baisse des salaires et contre la dégradation des conditions de travail pourraient illustrer la force incroyable de la classe des travailleurs tout en permettant d’obtenir d’importantes victoires contre les attaques actuelles.

Nous disons :

  • Non à l’Europe néolibérale, symbole des attaques contre nos salaires, nos conditions de travail et nos allocations sociales !
  • Non à l’agenda de privatisation de l’UE ! Pour des services publics démocratiques et efficaces où les droits du personnel sont reconnus !
  • Pour un service national de santé, contrôlé et géré par la collectivité !
  • Non à la militarisation de l’Europe et à l’extension de l’industrie de l’armement !
  • Pour les droits des travailleurs et contre les attaques de l’UE contre les salaires et les conditions de travail obtenus par les syndicats !
  • Pour une Europe socialiste, sous le contrôle de la population, au lieu d’une Europe dominée par les intérêts des grandes entreprises !

 

 

Dossier par GEERT COOL

Laisser un commentaire