1919: fondation de l’Internationale Communiste

C’est en Mars 1919 que fut fondée à Moscou la 3ème internationale. De 1919 à 1923, l’histoire des débuts de l’internationale est étroitement liée à celle de la Révolution russe d’Octobre 1917 qui défend alors l’internationalisme prolétarien.

Les premiers pas

La question de la guerre impérialiste est essentielle : la deuxième internationale a failli. Le 4 août 1914, ses dirigeants allemands (sauf Liebknecht) et français votent les crédits de guerre à leur propre bourgeoisie capitaliste au nom de l’union sacrée. Ils envoient ainsi à la boucherie des millions de travailleurs. La 2ème internationale est morte. Les militants socialistes, les organisations ouvrières, fidèles au principe de la lutte des classes, se réunissent en 1915 en Suisse à Zimmerwald. Un manifeste contre la guerre sort, un peu confus, mais le groupe de la gauche de Zimmerwald lui, est plus clair. Il affirme le refus des crédits de guerre, la sortie des ministres des gouvernements bourgeois, l’organisation de manifestations pour démasquer le caractère impérialiste de la guerre ou encore mener et protéger des grèves économiques, mener la guerre civile et non la paix sociale.

     En 1916 a lieu la 2ème conférence à Rhiental et la lutte révolutionnaire internationale contre la guerre est une évidence, comme l’est la nécessité de créer une nouvelle internationale.

     Des luttes ouvrières se développent : 50000 ouvriers métallurgistes font grève pour défendre Libknetch arrêté. En France, il y a des grèves dans le textile et dans les banques, ou encore dans une usine d’armement près de Paris. Puis en octobre 1917, c’est la victoire de la révolution prolétarienne en Russie. Elle va ouvrir une période de vague révolutionnaire en Allemagne, en Hongrie, en Italie ou en Grande Bretagne, créant pour certains des comités de grève, des conseils ouvriers, mais aucune n’a réussi. Dès janvier 1918, Lénine et les bolcheviks acquièrent la certitude que la révolution russe est un premier pas et qu’ils ont une double tâche à remplir : étendre la révolution, et unifier et créer un outil international qui défende les intérêts des travailleurs tout en analysant à chaque fois la situation objective et les rapports de force entre les classes.

Les 4 premiers congrès de l’Internationale communiste

     Malgré les obstacles posés par les bourgeoisies, 35 délégations participent au congrès de Moscou en mars 1919, congrès de fondation de l’Internationale. Le capitalisme y est analysé. La guerre inter-impérialiste a provoqué le chaos et détruit des millions de vies. Mais elle a aussi provoqué des grèves ouvrières. Seul le prolétariat est capable de renverser le capitalisme. Les travailleurs allemands, malgré l’assassinat de Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht ne sont pas encore battus. Le pays vacille entre révolution et contre révolution. Alors l’internationale communiste affirme la dictature du prolétariat pour créer partout un Etat ouvrier. La démocratie bourgeoise n’est en fait qu’une dictature déguisée de la bourgeoisie. Les conseils ouvriers, les soviets qui seront mis en place n’ont rien à voir avec les parlements bourgeois.

     Il faudra si nécessaire passer par la lutte armée pour exproprier les terres et les moyens de production aux mains de la bourgeoisie.

     Après le congrès suivirent de nombreuses adhésions à l’internationale : parti socialiste italien, bulgare, suédois.

     En juillet 1920 eu lieu le deuxième congrès avec 217 délégués pour 37 pays. Les nouveaux partis n’étaient pas très formés. Les statuts de l’internationale sont votés. Le travail des communistes dans les syndicats est de créer des formations de combat contre le capitalisme et une école du communisme.

     Pour ne pas se couper des masses qui affluent  dans la nouvelle internationale, certains chefs de la 2ème internationale veulent y adhérer pour ne pas perdre leur influence. La 3ème se construisait alors et il fallait écarter les éléments non communistes donc 21 conditions pour entrer dans la 3ème Internationale furent votées. La propagande et l’agitation devaient avoir un caractère communiste. Ceci amena des scissions dans les partis et dans de nombreuses organisations. Partout les communistes se séparaient des réformistes comme par exemple en 1920 au Congrès de Tours en France.

     En 1920, une crise économique éclate au Japon et en Amérique et touche tous les pays. Des millions de travailleurs sont jetés en dehors des entreprises. Les luttes défensives des travailleurs sont nombreuses mais sans succès. Cela renforce la bourgeoisie.

     En 1921, 50 sections participèrent au 3ème congrès en 1921 et examine la nouvelle situation mondiale. La question des tactiques à adopter pour chaque section était à l’ordre du jour, notamment celle du front unique, c’est-à-dire l’union de tous les ouvriers contre le capitalisme et ce dans chaque action, tout en défendant le programme communiste.

     Fin novembre 1922 se tient le 4ème congrès, en l’absence de Lénine, malade ; le dernier de la période révolutionnaire de la révolution russe et de la 3ème internationale. Les délégués discutent du programme de l’Internationale et de ses sections, notamment celle de l’Allemagne où la lutte des classes est très forte.

     L’année 1923 va être une année importante. Fin 1922, une période d’inflation a commencé qui durera en 1923 : 1 œuf coûte 300 marks le 3 février, le 8 août c’est 3000 marks. C’est la ruine des rentiers, des retraités, les classes moyennes se prolétarisent. La bourgeoisie comme partout ne peut résoudre cette crise et demande l’annulation du paiement des indemnités pour fait de guerre, ce qu’elle n’obtient pas. Il y a des grèves ouvrières qui n’en peuvent plus des privations. Les travailleurs et les membres de l’Internationale pensent qu’enfin la révolution allemande va triompher mais hélas cela ne fut pas le cas.

     La Russie soviétique ne fut pas écrasée mais resta la seule révolution prolétarienne. Après la mort de Lénine en 1924, la théorie de Staline du socialisme dans un seul pays fut imposée. L’Internationale communiste suivit ce cours et rompit avec l’internationalisme du jeune état ouvrier. Elle tournait ainsi le dos au socialisme à la possibilité que les travailleurs prennent le pouvoir dans tous les pays en renversant le capitalisme.

     Aujourd’hui, certes la situation politique n’est plus la même que dans les années 1920, mais étudier l’histoire de la  3ème Internationale communiste nous permet de voir à quel point il est nécessaire pour les travailleurs, les jeunes, les femmes et les chômeurs de s’organiser dans des partis révolutionnaires de masse, de les construire comme sections d’une Internationale, qui débattent et votent des résolutions qui permettent de réellement combattre quotidiennement le capitalisme et remettre le socialisme à l’ordre du jour, comme l’ont fait les membres de la jeune troisième Internationale.

Article par Marie-José Doue

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